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Liv. I. avoient auprès des Empereurs Tartares leur donna encore lieu de s'étenCH. VII. dre davantage en ces pays-là.

Nefto

Indes.

Pour ce qui concerne les Indes il n'y a pas beaucoup de difficulté, riens aux puifque nos Auteurs anciens témoignent à-peu-près la même chose de ces Chrétiens Indiens que de ceux de Tartarie ; c'eft-à-dire qu'ils étoient Nestoriens. Les Portugais l'ont marqué dans les Hiftoires de leurs navigations, & celle d'Alexis de Menefès entre fur cela dans un très-grand détail. Il y a tout fujet de croire que les Evêques & autres Eccléfiaftiques, qui y établirent la forme d'Eglife qu'on y trouva, lorfque les Portugais se rendirent maîtres de Cochin & de la plus grande partie du Malabar, y furent envoyés par mer. Il y avoit alors un commerce ouvert entre la Perfe & les Grandes Indes jufqu'à la Chine, & on trouve la route de la naviAbuzeid gation décrite par un Auteur Arabe de l'autorité duquel on ne peut douSirafi MS. ter. Les vaisseaux partoient de Siraf ville de Perfe d'un grand négoce, & ils alloient toucher les Maldives, puis ils fuivoient prefque toujours Tradition la côte, de forte que le voyage étoit fort long. Cet Auteur marque qu'une de la pré- ville où on abordoit fur la côte des Indes s'appelloit Batouma, ce qui de S. Tho- fignifie qu'il y avoit une Eglife de S. Thomas: car ce mot signifie la même chofe que Beit Thoma. Or elle fe trouve dans la même fituation que Meliapour ou San Thomé; & non feulement les Neftoriens,. mais les autres Chrétiens, & même quelques Géographes Mahométans rappor tent comme une opinion conftante dans ces pays-là, que l'Apôtre S. Thomas y avoit porté les premieres lumieres de l'Evangile.

dication

mas aux

Indes.

d'Alex. de

D'autres, & particuliérement les modernes, croient plutôt que cette Gov. Hift. tradition eft fondée fur ce qu'un Chrétien Neftorien nommé Mar-ThoMenefès. mas, étant venu de Syrie, s'y établit, que fes defcendants faifant profeffion de la Religion Chrétienne y attirerent un affez grand nombre de gens du pays, & que la reffemblance des noms, fit attribuer ce premier établiffement du Chriftianifme dans les Indes à l'Apôtre S. Thomas. Il peut néanmoins être vrai qu'il ait par lui ou par fes premiers difciples converti ces peuples; car cette opinion eft fort ancienne; & que dans la fuite les Neftoriens s'étant établis dans le pays l'aient infecté de leur héréfie. Ce qu'il y a de plus certain eft, qu'on n'a trouvé depuis près de mille ans dans le Malabar d'autres Chrétiens que des Neftoriens.

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Liv. I.

CH. VIII.

LA

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macia I.p..

A fecte des Jacobités a été & eft encore fort étendue. Ce nom Quels font convient particuliérement à ceux qu'on appelle autrement Monophyfites; les Jacobi tes. Origic'eft-à-dire, ceux qui croient qu'il n'y a qu'une nature en Jefus Chrift. ne de ce Plufieurs Auteurs, & principalement des modernes, les appellent mal-à- nom. propos Eutychiens. Ils s'appellent ordinairement Jacobites, nom qui, fuivant les Historiens Grecs, leur a été donné à caufe qu'un de ceux qui avoit le plus contribué à maintenir cette héréfie & à la répandre dans l'Orient, étoit un Jacques, furnommé Zanzale, ou Bardai felon les Arabes: mot que les Grecs expriment par celui de Baradat. 11 fignifie un Sever. Elhomme habillé de haillons, ou de pieces de ces groffes étoffes dont on MS. &c.. couvre les chameaux. Ce Jacques, dont la mémoire eft en vénération parmi eux, & qui eft dans leur Calendrier, fut ordonné fecrétement Archevêque, par les Evêques de fa fecte qui étoient en prifon, en exécution des Edits des Empereurs contre les hérétiques; & après avoir reçu d'eux une entiere autorité, il alla dans toute la Syrie, la Mésopotamie & d'autres Provinces; & par-tout où il ne fe trouvoit point d'Evêques, il en ordonnoit, ainfi que des Prêtres & des Diacres, & il en ordonna un fi grand nombre, que le nom de Jacobites demeura à ceux de faCommunion.

Vie de

Autres

D'autres ont rapporté l'origine de cette dénomination à S. Jacques Sever. Evêque de Jerufalem, mais fans aucun fondement.. L'Auteur qui rapporte dans la cette conjecture dit auffi qu'autrefois on les avoit appellés Théodofiens, Chail, 46. parce qu'ils fuivoient la foi du Concile d'Ephefe, maintenue par l'Em- Patr. d'Al. pereur Théodose, & celle de Théodofe un de leurs Patriarches fuccef- opinions feurs de Diofcore. Cependant depuis le commencement de l'Empire Ma- touchant hometan, on ne remarque pas qu'ils aient été appellés autrement que de ce l'origine Jacobites.

nom.

être ap

On trouve fouvent que les Grecs les appellent Eutychiens: mais ce Ils ne doi nom ne leur convient pas, puifqu'ils difent anathême à Eutychès & à vent pas Apollinaire, duquel il avoit, felon eux, renouvellé les erreurs. On les a pellés Euauffi souvent appellés Acephales ou fans chef, ce qui eft vrai dans le fens tychiens. auquel ce mot a fouvent été pris par les Anciens, pour fignifier tous les hérétiques qui rejetoient le Concile de Calcédoine, & ne reconnoiffoient qu'une nature en Jefus Chrift. Mais les Jacobites appellent Acephales ceux.

Ebnaffal.

Ifa f. de

Zaraa. &

Sirm. Not.

En quoi confifte

l'erreur

des Jaco

bites.

LIV. I. qui fe féparerent de Pierre Mongus, après qu'il eut accepté l'Hénotique CH. VIII. de l'Empereur Zenon, comme Léontius les a de même appellés: & ils inFacund, marquent dans leur Hiftoire, qu'après un long fchifme, fe trouvant fans ad p. 97. Evêques & fans Prêtres, ils fe réunirent à l'Eglife d'Alexandrie fous le Calife Meruan. D'autres font appellés Barfanufiens, du nom d'un des dix chefs de cette fecte dont parle Anaftafe d'Antioche: mais les vrais JacoOff. Syr. bites les regardoient comme hérétiques, ainsi que les difciples de Julien Jac. MS. d'Halicarnaffe, qui difoit que le corps dans lequel Jefus Chrift avoit pris chair étoit incorruptible, & dans leurs prieres ils louent Severe d'Antioche d'avoir détruit les imaginations de Julien. Enfin depuis plufieurs fiecles, il n'y a plus qu'une feule Eglife de Jacobites, qui font profeffion de fuivre la doctrine de Diofcore Patriarche d'Alexandrie, de Severe d'Antioche & de Jacques dont nous venons de parler: qui difent anathème à S. Léon & au Concile de Calcédoine, & qui ne reconnoillent en Jefus Chrift qu'une feule nature, comme une feule perfonne & une feule volonté. C'est en quoi confifte l'erreur des Jacobites, & ils la marquent comme un des plus effentiels points de leur créance dans la Confeffion de foi qui fe fait dans l'Eglife d'Alexandrie immédiatement avant la ComLit. S. Ba- munion. Car le Prêtre ayant dit que ce qu'il préfente au peuple eft le fil. Ed. véritable corps & le fang de Jefus Chrift, il ajoute, qu'il a pris de la Aug.Vind. & in Bibl. très-Sainte Vierge Marie, & qu'il a fait un avec fa divinité, fans confuPP. & MS. fion, fans mêlange & fans altération. Ils s'expliquent ainfi dans une oraiCopt. fon à la Vierge. Vous êtes l'arche de propitiation converte d'or, & faite d'un bois incorruptible, qui nous figuroit le Verbe Dieu, qui s'eft fait homme fans fouffrir de divifion, & un de deux; confubftantiel au Pere felon fa divinité pure & incorruptible: & confubftantiel à nous felon fon bumanité pure & non-divifée, dans l'incarnation par laquelle il a pris chair de Off. Copt, vous, ô Vierge immaculée, & qu'il a uni en fa perfonne. Dans un autre hymne à Jefus Chrift. Celui qui eft, qui ne fe change point, qui eft venu, & qui viendra encore, Jefus Chrift, Verbe incarné fans aucun changement ; qui a été fait homme parfait fans fouffrir de diminution: qui après l'union n'eft ni mêlé ni divifé: mais qui eft une nature, une perfonne, & un feul individu du Verbe de Dieu.

Theotok.
Copt.

MS.

leur

Témoi- Sévere rapporte dans l'Hiftoire de Senuda ou Sanutius, cinquante cinquiegnages des Jacome Patriarche d'Alexandrie, qui fut ordonné l'an de Jefus Chrift 859, une bites fur Epitre Pafchale dans laquelle ce Patriarche expliquoit fa foi en ces termes. Dans la fin des fiecles, Dieu voulant fauver le genre humain de la dure servitude, envoya fon Fils unique en ce monde: qui s'incarna & fut fait égal & Semblable à nous en toutes chofes, à l'exception du péché, ayant pris un corps parfait & animé de la Vierge Marie, par l'opération du Saint Efprit, d'une

créance.

maniere incompréhensible. Il s'eft uni ce corps fans altération, fans mêlange Liv. I. & fans divifion, en une feule nature, une feule perfonne & un feul fuppôt. CH. VIL Et enfuite: Nous prononçons anathême contre ceux qui reconnoiffent que le Verbe Dieu a deux natures après l'union incompréhenfible. Quiconque le divife & affure avec blafphême que le Verbe Dieu ne fouffre pas & ne meurt pas, mais que c'eft l'homme qui a fouffert & qui eft mort, le divifant ainfi en deux pour établir deux perfonnes & deux natures, dont chacune opere ce qui lui convient, ces hommes ont deffein d'introduire la foi corrompue de Neftorius, & du malheureux criminel Concile de Calcédoine, pour renverser la foi Orthodoxe. La même doctrine fe trouve enfeignée dans une Confeffion de foi qui eft à la tête de la Collection de plufieurs Traités de piété pour l'ufage des Religieux: dans une que Cyrille foixante: & quinzieme Patriarche donna pour se juftifier fur diverfes accufations: dans une formule de celle que les Prêtres nouvellement ordonnés dans le Patriarchat d'Antioche devoient foufcrire, & en plufieurs autres endroits.

des Théo

Les Théologiens parlent de la même maniere; & comme dans un Temot abrégé on ne peut pas rapporter de longs paffages, on fe contentera de gnages les indiquer après en avoir rapporté un feul qui eft tiré de l'Hiftoire d'A- logiens. bulfarage, imprimée en arabe & en latin, & qui eft entre les mains de tout le monde. Il dit que Sévere d'Antioche, que les Jacobites refpectent comme un de leurs principaux Docteurs, fit plufieurs Traités pour prouver, qu'en Jefus Chrift il n'y a qu'une nature, composée de deux natures, Hift. Dyn. la divine & l'humaine, fans confufion, fans mélange & fans corruption, P. 93. &qui demeurent ce qu'elles étoient: de même que la nature de l'homme eft de deux natures, de l'ame & du corps; & que le corps eft auffi compofé de deux natures, la matiere & la forme; fans que l'ame foit changée au corps, & la matiere à la forme. Cet Auteur dit en peu de mots ce que les autres expliquent fort au long; & fon témoignage eft d'une grande autorité, parce qu'il n'étoit pas un fimple Hiftorien, mais qu'il tenoit une place confidérable dans l'Eglife Jacobite, étant Catholique; c'est-àdire, la feconde perfonne du Patriarchat d'Antioche, Chef de plufieurs Métropolitains; & en cette qualité on l'appelle Mifrian d'Orient; ce qui n'eft pas un fimple titre d'honneur, comme l'a cru M. Pocock fon Tra- Præfat. ad ducteur, mais le nom de fa dignité qui eft la même que celle de Catholique. 11 a expliqué cette doctrine plus amplement dans divers Traités Théologiques. On peut s'en inftruire affez exactement par la difpute contre les Jacobites, qu'Eutychius Patriarche Orthodoxe d'Alexandrie a infé- Eutych.. rée dans fon hiftoire.

Ifa fils de Zaraa, Sévere Evêque d'Afchmonin, Denys Barfalibi Métropolitain d'Amid, Ebnassal, Abulbircat, Abu-Raita de Takrit, Michel.

Hift. Abul

Alex. T.z. initio..

LIV. I. Patriarche d'Antioche, & plufieurs autres Théologiens, outre les Traités CH. VIII. anonymes, expliquent ce dogme des Jacobites fort au long, répondant aux objections des Orthodoxes & des Neftoriens. On ne rapportera pas tous ces passages, qui feront inférés dans les Differtations Latines faites fur ce fujet, où on trouvera pareillement les endroits les plus remarquables des SS. Peres, dont les Jacobites fe fervent pour défendre leur opinion, & par lefquels on reconnoît, qu'à l'exemple des anciens Monophyfites, ils citent des lettres fuppofées du Pape Jules, & les mêmes passages dont ceux-ci fe fervoient contre les Catholiques.

de Pierre

Ils difent Suivant leurs principes, comme ils foutenoient que le Verbe avoit foufle Trifafert gium avec pour le falut du genre humain, quoiqu'ils expliquent leur pensée l'addition d'une maniere affez conforme à cette propofition, Unus de Trinitate Le Foulon eft paffus, fur laquelle il y eut tant de difputes, ils difent le Trifagium avec l'addition qui crucifixus es pro nobis. Mais on ne peut pas douter Phot. Cod. qu'ils ne rapportent cet hymne à Jefus Chrift, comme Ephrem, Patriarche 228. d'Antioche, l'a remarqué dans l'Ouvrage dont nous n'avons que les exJahia f traits confervés par Photius, & qu'ainfi il pouvoit être entendu dans un fens orthodoxe, comme leurs Théologiens s'efforcent de le prouver. Cependant les Melchites ou Orthodoxes les reprennent fur ce fujet : & les Neftoriens encore avec plus de véhémence, prétendant qu'en cette matiere ils rendent la Divinité paffible.

Adi. MS.

Ar.

Ils n'ont

pas d'autres orreurs.

Etendue

de.

Sur les autres points de la Religion ils n'ont aucune erreur particu liere, comme il fera prouvé dans la fuite lorfque nous examinerons cha que article, & alors on en rapportera des preuves tirées de leurs Livres & de leurs Théologiens.

Les Jacobites compofent une Eglife fort étendue, & diftinguée par de l'Eglife différentes langues. La principale eft celle des Cophtes ou Egyptiens, Jacobite fort gran foumis aux Patriarches d'Alexandrie, fucceffeurs de Diofcore qui fut dépofé au Concile de Calcédoine. Ils ont une hiftoire de ce qui s'y paffa, par laquelle ils ont fait croire aux peuples qu'ils engagerent autrefois dans leur héréfie, que ce Patriarche avoit été condamné parce qu'il n'avoit pas voulu contre fa confcience recevoir la doctrine qui étoit expofée dans la Lettre de S. Léon à Flavien, & qu'ils appellent le Tome, prétendant que c'étoit un renouvellement de l'héréfie de Neftorius. Ils difent les Evêques Egyptiens ne voulurent pas abandonner la défenfe de leur SuLiberat. périeur; & en effet on trouve dans les Auteurs Eccléfiaftiques, qu'après qu'il eut été relégué ils refuferent de fe foumettre à celui qui fut établi à fa place; que quand il fut mort ils élurent Timothée, & enfuite les autres dont ils tirent leur fucceffion jufqu'à Benjamin fous lequel les Arabes fe rendirent maîtres d'Alexandrie. Ils regardent les fucceffeurs de

Brev.

que

Proterius

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