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que eft égal à toutes les parties. Ces trois verités forment la bafe des Mathematiques.

VERITE'S CONSEQUENTES. Si le tout eft égal à toutes fes parties, toutes les parties font égales ensemble à leur totalité. Comme cette conféquence eft certaine, il s'enfuit qu'un boiffeau de bled eft doublement divifible.

1o. Par le nombre de tous les grains qu'il contient.

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2o. Par tous les corps primitifs dont chaque grain eft compofe. 'Donc il eft faux qu'un grain de bled foit divifible à l'infini ; car fi cette divifion abfurde étoit vraie, la troifiéme verité feroit une fauffeté.

PREUVE.

En fuppofant un grain de bled divifible à l'infini, le boiffeau le feroit auffis or par cette fuppofi

tion on feroit forcé de convenir qu'un grain de bled feroit égal au boiffeau. Donc il s'enfuivroit que le tout ne feroit pas égal à toutes fes parties, puifque l'on ne pourroit admettre une fuperiorité de nombre de parties dans le tout; or il eft inconteftable qu'il y a un plus grand nombre de parties dans le tout que dans une ou plufieurs de fes parties. Donc la divifibilité à l'infini eft une propofition abfurde & infoutenable.

Car je puis mettre d'un côté un grain de bled & de l'autre le boiffeau, même une montagne, ou l'univers, cela eft égal; enfuite tirer la cent milliême partie de la montagne & la même partie du grain. Il fera inutile d'opposer la difparité des parties qui compofent le grain, d'avec celles de la montagne. Le partifan de l'infini foutiendra toujours que cette opération eft failable. Donc poffible,

donc certaine & évidente. Mais l'homme raisonnable dira: je fuppofe tous les grains du boiffeau égaux entr'eux; donc un grain eft à toutes fes parties, comme le boiffeau eft à tous fes grains, ainfi que deux vafes qui contiennent cha

cun un certain amas.

Or je dis que, puisqu'il eft vrai que le boiffeau ne contient qu'une certaine fomme de grains, il eft vrai auffi que le grain n'eft compofé que d'un certain nombre de parties de la nature qui a pris le foin de les arranger fous fon écorce, comme les grains dans le boiffeau. Donc il eft ftupide de dire que - l'on peut divifer une de ces parties de la matiere en autant de parties qu'une montagne; parce qu'alors c'eft multiplier cette partie créée au plus près de rien au point de la rendre égale à la chofe qu'on lui compare.

La difproportion est un obstacle

invincible à la divifion; car la divifion ne peut fubfifter égale de part & d'autre qu'entre deux corps égaux. Il eft donc évident que la divifion ceffera d'être poffible dans le plus petit, pendant qu'elle pourra être pouffée dans le plus gros à proportion de fon excès fur l'autre.

D'ailleurs c'eft enlever à la nature fes unités, c'eft compofer tous les corps d'infinités, au lieu d'unités, ou métamorphofer les unités en infinités, & changer abufivement le nom d'unité en celui d'infinité. Cette fubftitution eft fi en ufage, que l'on dit & que l'on écrit, il y avoit un monde infini à telle fête; pendant que l'on fçait que le nombre des perfonnes eft fixe & déterminé.

Toute figure ayant confiftance eft un folide.

Le moindre des folides a ces trois dimenfions, longueur, largeur & profondeur; donc une parcelle de

la matière eft longue, large & profonde, fans être pour cela fufceptible de divifion.

Les corps tirant leur origine des particules de la matiere, on peut dire que ce mot matiere eft le finonime de ce mot nature: Or la nature étant féconde en productions de corps de differentes figures & propriétés, la nature ou la matiere ne peut être compofée d'une feule & unique forte d'efpece de celles; donc il y a plufieurs efpeces d'origines des corps; donc il y a des parcelles de differentes figures indivifibles.

par

Examinons maintenant en quoi peut confifter une de ces parcelles ou folide, & tâchons d'en déterminer la figure.

Certainement le folide en quoi confifte une parcelle de la matiere, eft le plus fimple de tous les folides, puifque c'est la plus petite chofe exiftante.

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