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AN. 1529

ann. 1529.pag

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paroiffant auffi confidérable que celui du duché de Milan l'avoit paru à l'empereur Charles V. fon frere; il fuivit la conduite de fa majefté impériale, & permit aux Luthériens & aux Sacramentaires de vivre cochleus. A. comme il leur plairoit, fans être obligez de rendre Script. Luth, compte de leurs actions qu'à Dieu & à l'empereur, en 198. attendant qu'on y eût autrement pourvû; ainfi la diéte fe fépara, & toute fa colere tomba fur les Anabaptiftes qui avoient publié de nouveau sept articles, pour établir leurs monftrueux dogmes : Le premier étoit, qu'il n'étoit pas permis à un chrétien de porter les armes & de reconnoître les magiftrats, fondez fur ces paroles de JESUS-CHRIST: Les rois des na- Luc. c. Thi tions les traitent avec empire; qu'il n'en foit pas de même 25. parmi vous. Le 2. Qu'il n'étoit jamais permis de jurer, non pas même lorsque les magiftrats obligeoient à lever la main. Le 3. Que Dieu n'appelloit les véritables chrétiens, ni à rendre justice, ni à veiller à la tranquillité publique. Le 4. Que quiconque n'auroit pas été Anabaptiste, seroit mis au côté gauche, & au rang des boucs dans le jugement dernier. Le 5. Que la chaire de Moyfe n'étoit que dans la fecte des Anabaptiftes, & qu'il n'y avoit qu'eux de prédesti nez. Le 6. Qu'il n'y avoit qu'eux d'envoyez pour prê cher l'évangile. Le 7. Qu'il falloit tenir pour autant de réprouvez ceux qui s'oppofoient aux progrès de leur doctrine.

par

LXVII

te les articles

Cochlée réfuta folidement ces articles, & d'une maniere qui fut également approuvée des deux Cochlée réfutis de Catholiques & de Proteftans. Il montra fur le des Anabapti premier article le deffein de JESUS-CHRIST, en établif- Cochlée hous fant fa doctrine,, de foumettre les fidéles aux loix du anne

ftes.

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LXIX. Solyman fe rend maître de Bude en Hongric.

gouvernement dans lequel ils étoient nez, dès que ces loix n'étoient point incompatibles avec le falut: Qu'il avoit confirmé par fes exemples, ce qu'il avoit enfeigné de vive voix, puifqu'il avoit fait un miracle pour payer le tribut. Il fit voir que le 2 & 3.

articles étoient tirez de l'héréfie des Prifcillianiftes, & condamnez. Il taxa le 4. de manifeftement contraire à l'écriture fainte, en ce qu'avant Muncer, on n'avoit point oui parler des Anabaptiftes ; & que dans tous les endroits de l'évangile où il étoit parlé du jugement dernier & de ceux qui feroient mis au côté droit du fouverain juge, il n'étoit fait mention que de bonnes œuvres, & non de rébaptisation. Enfin il foutint contre les autres articles, que les Anabaptistes bien loin de montrer qu'il n'y avoit point d'autre miffion que la leur dans la religion Catholique, ne pourroient jamais juftifier qu'ils fuffent véritablement appellez, puifqu'il n'y avoit que cinq ans qu'ils paroiffoient fur la scene, & que leur chef Thomas Muncer n'avoit reçu d'aucun évêque ni mission, ni imposition des mains : que tous les Anabaptistes étoient convaincus que cet héréfiarque s'étoit ingéré de lui-même dans le miniftére de la parole, & qu'il avoit eu recours à de fauffes révélations, pour cacher aux yeux des hommes, ce qui lui manquoit du côté de la vocation.

La complaifance de Ferdinand envers les Luthériens ne lui procura pas de grands avantages pour s'oppofer aux Turcs. Dès le printems Solyman fe mit en hift. Hungar. marche avec une armée de cent cinquante mille homRaynald ad mes, & arriva devant Bude, dont les magiftrats lui hunc ann. n. porterent auffi-tôt les clefs. La fortereffe défendue

Nir. Ifthuanff.

lib. 10.

47.

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par fept cens Allemands, commandez par le comte Nadafti,refufa de fe rendre : mais les Turcs la battirent avec tant de furie, qu'après avoir fait jouer une mine dont l'effet fut fi grand, qu'elle fit fauter une partie des fortifications, les affiégez se rendirent vie & bagues fauves. Nadafti que ceux-ci avoient mis en prifon, parce qu'il n'avoit pas voulu consentir à la capitulation, ne fut délivré par les Turcs que pour être conduit à Solyman qui le remit à la difcrétion de Jean, vaivode de Tranfilvanie, comme étant fujet de ce prince; mais le vaivode en ufa avec Nadafti felon toute la clémence qu'on avoit lieu d'attendre de sa bonté naturelle.

Il

Sleidan. Com

199

Le sultan maître de Bude, fit marcher fon armée LXX. en Autriche, & ne trouva fur la route de réfiftance, va à Vienne qu'à Altembourg, qui fut emporté d'affaut : mais fiége. les intelligences que le bacha Ibrahim avoit avec la ment. lib.6. pmaifon d'Autriche, ayant fait perdre à Solyman plus de la moitié de la belle faifon, l'armée Turque ne put arriver devant Vienne que le vingt-fixiéme de Septembre. Ce retardement donna tout le tems à Ferdinand de bien munir la place; il fit entrer vingt mille hommes de pied & deux mille chevaux de bonnes troupes, commandez par le comte Palatin. La ville fut vigoureufement attaquée & encore mieux défenduë, ensorte que l'hiver commençant à fe faire fentir avec affez de violence, Solyman après trente jours de fiége accompagnez d'incurfions dans toute la Hongrie, retira fon armée le quatorziéme d'Octobre, après avoir perdu près de soixante mille hommes devant cette place, & revint à Bude, où il convoqua les états généraux, & investit de nouveau Jean Zapol du royaume, en

le déclarant roi légitime & son bon ami, à quoi tous les AN. 1529. états applaudirent.

Pendant ce tems-là Marguerite d'Autriche, gouvernante des païs-bas, & Loüife de Savoye, mere de François I. travailloient à faire la paix entre l'empereur & le roi de France, & arrêterent même que vers la fin du mois de Mai, on commenceroit les négociations dans la ville de Cambrai. Quoique la guerre continuât toujours en Italie, qu'Antoine de Leve eût pouffé les François à bout dans le Milanez, & que leur armée eût entierement été défaite par la prife du comte de faint Pol qui la commandoit; les deux princeffes ne défefpérerent pas toutefois de réuffir dans leur négociation, & elles en étoient d'autant plus capables, qu'avec beaucoup d'efprit & d'expérience, elles s'aimoient fort, & fouhaitoient fincerement de voir la paix rétablie entre les deux On travaille à princes. Charles V. avoit vû par fa propre expérience que les traitez qu'il avoit faits avec le pape & le roi de Fran- François I. tous deux fes prifonniers, l'un au châMem. du Bel. teau faint Ange & l'autre à Madrid, à des conditions Guicciardin. très-onéreuses, ne pourroient jamais subsister ; & d'ailleurs il avoit befoin de toutes fes forces pour s'oppofer aux Turcs & aux Luthériens: il voulut donc ment. lib. 6. p. corriger les traitez de Rome & de Madrid par ceux 199 de Barcelone & de Cambrai; il réfolut de quitter

LXXI.

la paix entre

l'empereur &

ce.

lay, liv. 3.

lib. 13.

Belleforet, lib..

6. c. 44. Sleidan. Com

l'Espagne pour paffer en Italie, & comme le pape n'avoit point de plus grands défirs que de voir fa maifon rétablie dans la fouveraineté de Florence, d'où elle avoit été chaffée, il ne ceffoit de preffer, ou plutôt d'importuner l'empereur par des lettres écrites de fa propre main, le priant de lui vouloir en

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LXXII.

geux du pape avec l'empe

voyer quelque perfonne, avec plein pouvoir de conclurre par un traité folide, une bonne paix. Charles V. qui ne fouhaittoit rien tant que de faire plaifir à fa fainteté, & la guérir de la haine qu'elle pourroit avoir conçûë contre lui, envoya en Italie Antoine de Leve, qui conclut avec Clement VII. le vingt-car. liv.20. fixiéme de Juin un traité, dont voici les principaux Panvin.in Clearticles.

reur.

Guicciardin. 19.

ment.

Raynald. ad hunc an. n.60. D. Anton. de

Charles V. p.

I. Que fa fainteté fe tranfporteroit à Boulogne avec toute fa cour, au plus tard fur la fin de l'an-Vera hift. de née suivante, pour y couronner l'empereur. II. 161. Pallavic. hift. Qu'auffi-tôt après la cérémonie du couronnement, conc. Trid. lib. fa majefté impériale envoyeroit une puissante armée 3.cap. 2.. i devant Florence, & que les troupes ne fe retireroient qu'après la prife de la ville. III. Qu'Alexandre de Médicis, petit neveu du pape, feroit fait prince & fouverain de la ville & état de Florence. IV. Qu'on marieroit ce prince avec Marguerite, fille naturelle de l'empereur, dès qu'elle auroit atteint l'âge nubile. V. Que le pape fourniroit pour le fiége de Florence huit mille hommes, qui feroient payez à fes dépens & agiroient conjointement avec l'armée de l'empereur. VI. Qu'en même tems fa fainteté expédieroit une bulle en faveur de l'empereur, & de tous ceux qui lui fuccederoient à perpétuité, par laquelle sa majefté impériale auroit le droit de nomination & de présentation aux huit archevêchez du royaume de Naples, Brindes, Lanciano, Matera', Otrante, Reggio, Salerne, Trani & Tarente; & aux feize évêchez, Ariano, Acerra, Aquila, Cortone, Caffano, Caftello, Gallipoli, Pozzuolo & d'autres. VII. On remettoit le pape en poffeffion de Cervia, de RavenTome XXVII.

K

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