faite à une autre rencontre : Dans les paroles de l'Auteur que nous venons de rapporter il est bien parlé, dira-ton, de l'incision, mais non pas de la Neuvaine , qui peut n'avoir été en usage que long-temps après. Mais il est aisé de répondre que, quoiqu'il n'en parle pas positivement, il le luppose comme une chose constante. En effet il est certain qu'elle étoit en usage long-temps auparavant. Un miracle arrivé en 879. en fera foi: un homme du voisinage, qui avoit été mordu d'un loup enragé, eut recours à S. Hubert, sous promesse, s'il guérifloit, de donner au Monastere un cheval qu'il montoit ordinairement. Après s'être fait tailler , & avoir observé ce qui est de coutume, il obtint une parfaite guérison. Nous omettons les autres circonstances d'un miracle qui arriva pour l'obliger d'exécuter sa promesse , & nous allons voir que la Neuvaine étoit alors en ufage. Auro igitur facrata Stola , dit l'Auteur qui rapporte ce miracle , capiti periclitantis de more infito , da se obfervandi ordine dictato , domum rediit. On ne peut entendre autrement ces paroles, da se observandi ordine dictato, que de la Neuvaine dont on donnoit alors les articles par écrit , au lieu qu'on les donne aujourd'hui dans un petit imprimé. L'Auteur vivoit du temps de S. Thierry;& il y a de l'apparence que ce fur ceS.Abbé qui lui fournit les Mémoires dont il se servit pour continuer l'Histoire de S. Hubert, en rapportant les miracles qu'il a faits après sa mort. Il trouva donc dans ces anciens Mémoires ce que nous avons rapporté ci-dessus, & se observandi ordine dictato . . . . Ces autres paroles', qui sont de l'Auteur même, sont remarquables: Eft enim , dit-il aussitôt après, eo in loco certifsima salus hujus borrendi discriminis , rabiei, fi adfit vera fides periclitantis, & obfervetur di&ata conditio collatæ Sanitatis. Elles nous apprennent d'un côté, qur’au temps de S. Thierry la Neuvaine étoit en usage, comme il a été dit cidessus; & de l'autre côté, pourquoi il y en a quelquefois qui ne guérissent point, quoiqu'ils aient eu recours à S. Hubert. On croyoit en ce temps fà, aufli-bien qu'aujourd'hui, qu’un défaut de foi, ou une negligence à observer les articles de la Neuvaine, accompagnée de quelque mépris-, en peut être la cause. Au reste , G la Neuvaine étoit en usage dès 879. il est à présunier que ce qu'on a toujours cru ici touchant son origine est véritable ; savoir, qu'elle a commencé dès 825. Le S. Corps ayant éré transféré avec ses habits pontificaux, les Evêques qui allisterent à la Translation en ørerent la sainte Etole, pour la faire servir à l'usage auquel elle sert encore aujourd'hui. Et certes , qui l'auroit ose faire sans leur participation, ou sans l'aveu au moins de l'Evêque Diocésain ? On n'avoit obtenu le corps du grand S. Hubert,qui reposoit auparavant dans l'Eglise de S. Pierre à Liege, que par beaucoup de prieres & de sollicitations. L'Evêque Walcaud, de qui la chose dépendoit, & qui auroit bien voulu en gratifier les Religieux de ce Monastere qu'il avoit établis lui-même tout nouvellement, crut qu'il ne pouvoir rien faire sans en parler à l'Empereur, qui avoit son Palais proche de Liege. Celui-ci en parlà au Métropolitain ; & ils crurent qu'il seroit à propos d'en parler dans un Concile d'Evêques qui se devoit tenir à dix la Chapelle. Ce fut dans ce Concilę qu'il fut arrêté que le S. Corps seroic transféré; ce qui se fit avec beaucoup de solemnité. Les Evêques donc qui allifterent à la Translation réglerent entre eux ce qui se pratique aujourd'hui touchant la Neuvaine. Ils n'ignoroient pas le grand pouvoir que notre Saint avoit exercé de son vivant même sur la rage, & sur les autres maux qui en approchent. Un Auteur dont le P. Roberti fait mention, parlant de ce qui atriva immédiatement après son retour de Rome, rapporte de lui qu'il fit quantité de miracles, & particulierement tou-, chant la rage dont Dieu punit en ce temps-là plusieurs personnes, pour venger la mort de S. Théodard & de S. Lambert, aulli-bien que plusieurs autres crimes qui étoient l'effet d'une passion enragée : Diversa patrat miracula, da præcipuè circa rabiem canum, luporum do ursorum , quibus tunc temporis, justo Dei judicio , puniebantur Tungria, Tarandria & viciniores sylvestres Provincia : rabiosè enim five Princeps five populus occiderant Sanctum Theodardum , Episcopum suum Lambertum : fecerant exules sanctum Amandum , fanctum Remaclum Episcopos : bona Ecclefia pradati fuerant. Cela s'accorde parfaitement avec ce que les Historiens racontent de plusieurs visions que notre grand S. eut à Rome, qui l'alluroient du pouvoir qu'il exerceroit un jour sur les Démons, sur la rage & sur les autres maux qui en approchent. Il semble donc, tout cela bien considéré, que ce ne fut pas sans raison, ni sans un instinct particulier de l'esprit de Dieu ,. que les Evêques résolurent entre-eux d'employer la Sainte Ecole pour l'effet que nous voyons encore aujourd'hui. "Ils jugerent sagement que, pour ne pas tenter Dieu, il ne falloit pas se contenter de faire une simple incision dans le front en y inférant une parcelle de la sainte Etole; mais qu'il falloit employer les moyens naturels & surnaturels pour arréter un mal li dangereux. Et comme il est clair qu'une partie des articles de la Neuvaine appartient à la Théologie, & l'autre à la Medecine, ils réglerent entre-eux le premier point sur les principes de la Théologie, & pour l'autre ils s'en rapporterent aux Medecins. Voyons, cela supposé, ce qu'il faut répondre aux objections, en donnant en même |