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les facrifia par un traité pour fortir de prison, & devenu libre, il défavoua le traité comme l'ouvrage de la violence; la guerre continua entre lui & Jacques II fils de Pierre, Roi d'Arragon, elle finit par des traités Giannoné, qui bornerent les droits refpectifs liv. 21. ch.4. pour les mieux affurer; on démemPaix entre bra le Royaume de Sicile; l'Ifle Les deux Mai demeura aux Arragonnois, le Royaufons, & partage du Royaume de Naples à la Maison d'Anjou, & le Fare de Meffine fervit de féparation naturelle aux deux Royaumes.

me.

La Maison d'Anjou s'étendit, fes branches multipliées donnerent des Rois à la Hongrie & à la Pologne. Robert, fucceffeur de Charles le Boiteux, rendit le Royaume de Naples Giannoné, floriffaht; Charles Duc de Calabre,

liv. 22.

Jeanne.

fon fils mourut avant lui, & Robert eut pour héritiere fa petite-fille Jeanne, fille du Duc de Calabre, Princeffe fameufe par fon crime, fes foibleffes & fes malheurs. Elle avoit époufé André fon coufin, frere de Louis Roi de Hongrie, defcendu comme elle de mâle en mâle de Charles le Boîteux. Ce malheureux Prince

Giannoné,

Le 18 Sep

fut étranglé la nuit par une troupe liv. 23. de conjurés. On crut que Jeanne avoit confenti à ce meurtre, on prétend tembre 1345. même qu'elle avoit tiflu de fa main le cordon de foie qui fervit à cette funefte exécution, & que fon mari qui la voyoit travailler à cet ouvrage, lui ayant demandé à quoi elle le deftinoit, elle avoit répondu en riant: à vous étrangler. Si à vingt ans elle fût capable de cette diflimulation perfide & de cette plaifanterie barbare, elle mérita tous fes malheurs ; mais fon gouvernement fut doux : elle montra de la bonté, de la grandeur même, elle aima fes maris & fes peuples; a-t-on tant de vertus après un crime fi horrible? quoiqu'il en foit, Louis Roi de Hongrie la crut coupable, & vengeur généreux de fon frere, il chaffa Jeanne de fes Etats, fans vouloir les prendre pour lui; elle y fut rétablie dans la fuite; mais trente-quatre ans après, Charles de Duras fon parent (1), fon héritier préfomptif, dont elle avoit éle

(1) De la Maison d'Anjou comme elle.

vé l'enfance avec beaucoup de tens dreffe, & qu'elle avoit comblé de bienfaits, arma pour lui arracher la Couronne qu'il devoit porter après elle. Son ingratitude ne fut que trop heureuse. Cependant la Reine opprimée appelle à fon secours & nomme fon héritier Louis Duc d'Anjou, frere de Charles V Roi de France; il fut la tige de la feconde Maison d'Anjou. Ce Prince, après bien des lenteurs & des irréfolutions, porta enfin dans le Royaume de Naples les tréfors de la France. Il arriva trop tard pour la Reine & pour lui-même; déja l'Ufurpateur, avec le fecours du Roi de Hongrie, avoit prefque achevé fa conquête; déja la Reine affiégée dans le Château de l'Œuf,

s'étoit rendue, & avoit été transférée Giannone, au Château d'Averfe; Duras n'ofant liv. 23. ch. fouiller fes mains du fang de fabienfaitrice, crut éviter la honte d'un tel crime, en abandonnant cette malheureuse Princeffe à la vengeance de Louis Roi de Hongrie, frere implacable du malheureux André. Louis la fit étrangler dans le Château où Duras

Duras la retenoit prifonniere, & où prenant des fentimens conformes à fa fituation, elle paffoit les jours dans la priere & dans les larmes.

Ire. ANJOU

Charles de

Le Duc d'Anjou ne put ni la défendre, ni la venger, ni recueillir fa Duras. fucceffion: la faim & les maladies II. MAISON

D'ANJOU,

d'Anjou.

II. ANJOU,

Louis I.

liv. 14. ch.ds

détruifirent fon armée; fes tréfors im- Rivalité des menfes, dépouilles de fa Patrie, étant deux Maijo épuifés, il envoya Craon, fon confident & fon ami, chercher de nouveaux fecours en France. Craon obtint tout ce qu'il demanda, il revenoit chargé de fommes d'argent, qui auroient pu rétablir le parti du Duc d'Anjou, fi elles n'euffent été, Giannone, indignement diffipées par Craon luimême. Ce Miniftre infidéle oubliant fa miffion parmi les plaisirs de Venife, s'y livroit à de ruineufes voluptés, tandis que fon Maître abandonné, découragé, expiroit de faim, de maladie, de douleur & de fes bleffures au Château de Bifeglia près de Bari, Les François, touchés de fes malheurs, lui avoient pardonné fes anciennes extorfions, ils donnerent des larmes à fa mort, ils s'attendrirent Tome I.

D

II. ANJOU

Louis II.

liv. 24 c. 2.

en voyant le convoi de ce Prince; jeune encore, plein de courage, avide de gloire & digne d'un meilleur fort, traverser le Royaume pour fe rendre à Angers.

La France reconnut pour Roi de Naples Louis II fon fils aîné. Ainfi les deux branches d'Anjou furent ennemies & rivales.

Cependant Charles de Duras s'affermiffoit par l'injuftice & par l'auGiannoné, dace fur le Trône ufurpé. Déja il fe disposoit à en ufurper un nouveau, & à dépouiller la famille d'un autre bienfaiteur. Il court enlever la Hongrie à la Reine Marie, fille de ce Louis, qui l'avoit aidé à faire la conquête du Royaume de Naples. La fortune feconde encore cette nouvelle injuftice; deux Reines tombent entre fes mains. C'étoient la veuve & la fille du Roi Louis. Tant d'attentats furent enfin punis. Un Palatin attaché au parti des Reines, leur procure la lipar la mort du Tyran,

berté

A cette nouvelle, les efpérances de la feconde Maifon d'Anjou renaiffent, Louis II, avec le fecours

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