Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Les Druïdes n'étoient donc pas les Hyperboréens : car la condition de ces derniers n'étoit pas fufceptible d'une telle exemption; puifque tous les Auteurs, fans exception, s'accordent à dire,que lesHyperboréens n'avoient guerre ni entre eux, ni avec perfonne. Il s'en faut bien que les Druïdes eûffent l'ame fi pacifique: Quelque difpenfés qu'ils füffent d'aller à la guerre, Cefar, qui eft le premier Ecrivain qui nous les ait fait connoître, obferve qu'ils avoient un chef qu'ils élifoient à la pluralité des fuffrages; & fi les voix étoient partagées entre des concurrens d'un égal mérite, on prenoit les armes, & le plus fort l'emportoit. D'ailleurs, l'hiftoire nous apprend que Divitiacus, Prince des Heduens, & Druïde de profeffion, felon le témoignage exprès de Ciceron, étoit allé à Rome demander du fecours contre les Arvernes, les Sequanois & les Germains ; que l'aïant obtenu, il l'avoit introduit dans les Gaules avec Cefar qui le commandoit, & qu'il avoit toûjours depuis combattu fous les drapeaux des Romains. §. XV.

S. X V.

Vrai fens de cette phrase prover-
biale: c'eft un vieux Druïde.

L'âge où les Hyperboréens par-
venoient, étoit entierement dif-
férent de celui où parvenoient
les Druïdes.

Et leur longue vieillesse a passé « Pag. 35. en proverbe.»

Il eft vrai que l'on dit dans le ftile familier, c'est un vieux Druïde, mais fans égard à l'âge de la perfonne dont on parle: ainfi vieux dans cette phrafe proverbiale, fignifie capable, expe-. rimenté, qui a vû le monde. On dit encore à peu près dans le même fens, c'eft un vieux routier.

Pour pouvoir tirer quelque avantage du grand âge, où l'on dit que parvenoient les Druïdes, il faudroit que le proverbe fut fondé fur

l'autorité des anciens, & malheureufement il ne l'eft pas; joint que quand il le feroit, un Druïde de cent dix ans, vis-à-vis d'un Hyperbo

D

Fag. 35.

réen, qui eût été fur le point de mou rir, auroit passé pour un enfant en maillot car les Hyperboréens vivoient mille ans ; après quoi ils mouroient, parce qu'ils étoient dégoûtés de la vie.

S. XVI.

Sentimens & difpofitions des Celtes à l'égard des Grecs.

» C'eft d'eux, fans doute, qu'il » faut entendre l'inclination qu'E»phore attribuë aux Celtes en gé» néral pour les Grecs. »

La conjecture de l'Auteur moderne ne paroît pas devoir faire for-tune, parce que Strabon, en marquant ce trait qu'il a lû dans Ephore, y met un correctif, qui infinuë clairement que cet ancien Géographe s'eft un peu trop avancé. « Ephore, dit Strabon, donne trop d'é» tendue à la Celtique, & porte fes , bornes jufqu'à Gades, parce que »les Celtes fe font autrefois rendu » maîtres de quantité de contrées » de l'Iberie. Il ajoûte que les Cel

[ocr errors]

و

دو

tes ont de l'inclination pour les « Grecs, & marque plufieurs au- « tres chofes particulieres, dont on « ne trouve aujourd'hui aucune tra- «< ce. » Si donc, felon Strabon, l'inclination des Celtes pour les Grecs eft une de ces particularités, dont on ne découvroit aucun veftige de fon tems, je ne vois pas pourquoi on veut aujourd'hui renfermer cette inclination dans le coeur des Druïdes feuls on pourroit l'attribuer avec plus de fondement aux Aquitains, parce qu'en effet ce peuple faifoit gloire d'être Grec d'origine : Maximè cum Aquitania Gracâ fe jacket origine. Hier. Prol. in lib. 2. Ep. ad Galatas. Mais c'est une question à résoudre, fi dans l'Aquitanique il y avoit des Druïdes, comme il y en avoit dans la Celtique.

Aurefte, Strabon eft extrémement moderé, de révoquer en doute l'affection qu'Ephore difoit que les Geltes avoient pour les Grecs, fur cela feul qu'il n'en trouvoit nulle part aucun veftige: C'eft un argument négatif, qui fuffit fonder un dou

pour

Pag. 35.

que

te. Pour peu qu'il eût dépouillé les Archives de l'antiquité, il auroit trouvé dans les horribles ravages, les Celtes ont fait en divers tems, & à plufieurs reprises, dans la Grèce, dans la Macédoine, dans la Thrace, & dans l'Afie mineure, des argumens pofitifs, qui mettent en évidence, que bien loin que les Celtes eûffent de l'affection pour les Grecs, tout l'Orient étoit rempli de monumens de leur fureur contre eux.

§. XVII.

Pythagore a reçu des Druïdes le dogme de l'immortalité de l'ame, & la défiguré. Injustice des anciens fur ce sujet à Pégard des Druïdes.

» Enfin rien ne les rendoit plus cé» lébres dans l'antiquité, que le dog» me de l'immortalité de l'ame, qui » étoit le fondement de leur Reli»gion & de leur Philofophie. »

Il eft très-certain que les Druïdes enfeignoient ouvertement l'immortalité de l'ame; & qu'entre tous les

« AnteriorContinuar »