Pape ratifie tont ce qu'ils avoient fait. XXI. Divers fentimens des hommes fur cette affaire. XXII. Examen des quatorze Chefs d'ac cufation contre Abeillard. XXIII. Examen des autres erreurs attribuées à Abeillard. XXIV. Examen des procedures de cette af faire. XXV. Conclufion de cette affaire, les véritables cam fes du jugement porté contre Abeillard. 73 LA VIE DE PIERRE ABEILLARD, ABBE DE S. GILDAS DE RUIS, ORDRE DE S. BENOIST; D'HELOISE SON EPOUSE, PREMIERE ABBESSE DU PARACLET. LIVRE CINQUIEM E. L'Abbé Ly avoit déja plus de vingt 1 ans que la cruelle affaire du de Saint Concile de Soiffons, où Abeil- Thierry lard avoit été fi maltraité s'éleve éroit paffée, fans que perfonne eût osé Abeil > contre fies. faid, & lui en faire des reproches, ni l'accufer Faccufe d'avoir été convaincu d'aucune er.. d'héréreur. Il avoit toûjours depuis écrit prêché, enfeigné la même doctrine & fur les mêmes principes. Son Livre de la Théologie étoit encore dans les mains de tout le monde, fans qu'on pensât à regarder l'Auteur comme un hérétique, ni à l'accufer de défobéïffance aux ordres de l'Eglife, tant on étoit perfuadé qu'il n'y avoit rien que d'orthodoxe dans les écrits & dansles fentimens de ce Théologien. Le premier qui renouvella cette querelle affoupie par la longueur des années, fut un Moine Benedictin, nommé Guillaume, Abbe de Saint-Thierry (a) proche de Reims, & intime ami de faint Bernard. Cet homme aïant lû la Théologie d'Abeillard, crut y trouver des propofitions contraires à la faine doctrine, & fans autre examen les déféra à Geofroy Evêque de Chartres, & à fon ami l'Abbé de Clair vaux. (a) Quoiqu'on donne toujours à ce Guillaume la qualité d'Abbé de S. Thierry, cependant il ne l'étoit plus lorfqu'il fit cette querelle à Abeillard, & il avoit abandonné fon Abbaïe & fon Ordre pour fe retirer dans ceJui de Cifteaux en l'Abbare de Signi. Sa retraite eft marquée par M. Dupin au . tom. de fa Table, P. 514. éne Fan 135. & fon accufation eft de l'an 1132. felon le P. Mabillon dans fes notes fur la 326. Lettre de S. Bernard. Sa Lettre (a) eft vive & impétueufe. Il les exhorte, il les preffe, il les conjure de fe déclarer contre les nouveautés monftrueuses de ce Théologien, & d'emplorer tout leur crédit pour les faire condamner par l'Eglife (6). IL leur repréfente que ne craignant qu'eux, s'ils fe taifent, il n'aura plus rien qui l'empêche de répandre partout fa mau-vaife doctrine, qui a déja paffé les mers, dit-il, & qui a même infecté Rome; qu'il ne fuffit pas ici d'ufer d'avertiffement, ni de correction fecrette; que -mal étant public, il faut agir ouvertement; qu'Abeillard à la vérité a été autrefois fon ami, mais qu'il ne connoît plus d'amis ni de parens lorfqu'il s'agit de la foi, pour laquelle JesusChrift & fes Apôtres ont donné leur vie. Là-deffus il leur envoïe treize Propofitions Théologiques qu'il dit avoir tirée des ouvrages d'Abeillard, & qu'il pro nonce hardiment être autant d'héréfies. le Cette Lettre étoit commune à l'Evêque de Chartres & à l'Abbé de Clairvaux. Mais foit que ces grands hom (a) Flle fe trouve parmi celles du S. Bernard. num. 326. nov. edit. (b) Cet endroit fait voir que l'Abbé de Saint Thier ry ne regardoit pas Abeillard fuffisamment condamné par le Concile de Soiflons, & qu'il ne faifoit pas grand. cas de ce Concile, non plus que les autres. 11. Il écrit contre mes euffent remarqué qu'il y avoir peu con car nous (a) C'eft la 327. de la nouv. édit. du P. Mabil. (b) Cela doit s'entendre des articles particuliers que l'Abbé de Saint Thierry lui envoïoit; avons vu dans les Livres précédens que faint Bernard trompé par les Théologiens de Reims, avoit décrié Abeillard dans le monde comme un homme d'une dangereuse doctrine. Ou bien il faut dire que depuis ce temps là il s'étoit délabusé, & avoit reconnu fon inпосепсе auffi bien que·les irrégularités du Concile de Seifions, |