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Bel.Gal.

lib. vi. s.

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Philofophes de l'antiquité, ils s'expliquoient le plus clairement, & avec moins d'équivoque fur ce point important de la vraïe Religion. Mais on n'en doit point inferer que ce dogme les rendît plus célébres: car parmi le grand nombre d'Auteurs qui parlent de leur créance, il n'en eft point qui ne les donne pour les inventeurs, ou plûtôt pour les défenfeurs de la métempfychofe. « Les « Druïdes, dit Cefar, ont pour maxime que les ames ne meurent point, mais qu'après la mort du corps «. qu'elles animoient, elles paffent en « d'autres corps. Le dogme favori u Lib. wa de Pythagore, écrit Diodore de Sicile, eft fi fort gravé dans l'ef- « prit de tous les Gaulois, qu'ils croïent non-feulement que les ames " font immortelles, mais encore que, « pendant la durée d'une longue période d'années, elles entrent dans « d'autres corps, & les animent. » Lucain & Ammien Marcellin tiennent le même langage; mais celui qui le fait avec le plus d'indécence, c'eft Vale- Lib. 11, re Maxime: car après avoir dit fim- . 4. n.2

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plement, que les Gaulois étoient perfuadés de l'immortalité de l'ame, il ajoûte: « Je traiterois de fous ces » Porte-brayes, s'ils ne tenoient le » même fentiment que le Philofophe » Pythagore. » Par-là il eft vifible, que le dogme de l'immortalité de l'ame n'a point valu aux Druïdes un once de gloire & de réputation : au contraire, après l'avoir découvert à Pythagore, & l'avoir eu lui-même pour éleve, ils ont eu le chagrin de lui voir défigurer un fiftême effen-, tiellement vrai, qui étoit le fondement de leur Religion & de leur Philofophie; & ce qui eft encore pire, de paffer pour les difciples: Et voilà pourquoi j'ai propofé plus haut cette alternative, que les anciens ne faifoient paffer les Druïdes que pour les inventeurs, ou plûtôt pour les défenfeurs de la métempfychose.

Mais après tout, que fait le dogme de l'immortalité de l'ame à la queftion préfente? On veut nous perfuader que les Druïdes doivent paffer pour les Hyperboréens des anciens , parce que le dogme de l'im

mortalité de l'ame étoit le fondement de leur Religion & de leur Philofophie. Mais avant toutes chofes, il faudroit prouver que le même dogme eft auffi le fondement de la Religion & de la Philofophie des Hyperboréens: ce qu'on ne fait fûrement pas ; & quand on le feroit, les preuves devroient être fi propres aux Hyperboréens, qu'en ne faifant d'eux & des Druïdes qu'un même peuple, elles donnâffent l'exclufion aux Egyptiens, & aux autres nations qui faifoient profeffion de croire l'immortalité de l'ame, & qui néanmoins n'étoient point les Hyperboréens.

§. XVIII.

Ravages que le vent de Borée faifoit dans la véritable Celtique.

Les Gaulois donnoient à ce vent le nom de Circius. Augufte lui fit ériger un temple. La Colchide n'étoit point la région que les Hyperboréens occupoient. Il y avoit deux fortes d'Hyperbo

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réens. Les monts Riphées étoient voifins de la mer glaciale.

»Les Druïdes ont donc évidem»ment tous les caracteres attribués aux Hyperboréens : & par confé»quent on ne peut gueres douter, qu'ils ne foient les véritables Hyperboréens que nous cherchons, puifqu'ils font les feuls, dans le païs » où nous devons trouver les Hy»perboréens, à qui ces caracteres » peuvent convenir. »

Je laiffe à décider au public, fi les Druïdes étoient vraiment dans le païs, où nous devons trouver les Hyperboréens; fi même, en fuppofant qu'ils y füffent, ils pouvoient feuls, & indépendamment des Celtes, dont ils étoient la portion la plus diftinguée, être les Hyperboréens; enfin, s'ils avoient tous les caracteres attribués aux Hyperboréens. Aucune de ces questions ne sçauroit être problématique: car pour entaffer preuves fur preuves, le nom feul d'Hyperboréens donne abfolument l'exclufion aux Druïdes, & aux véritables

Celtes. En effet, il marque un peuple, qui, felon les uns, étoit immédiatement au-delà du vent de Borée, & qui, felon d'autres, étoit le plus feptentrional de tous les peuples; avec cette circonftance particuliére, felon tous, que par la po fition du païs qu'il occupoit, il n'éprouvoit, ni ne pouvoit éprouver les incommodités du vent de Borée. Circonftance feule qui auroit dû arrêter les Ecrivains, lefquels, défefperant de pouvoir découvrir les montsRiphées, fe font avifés de les transformer dans les Alpes, & de donner la Celtique pour le païs des Hyperboréens;ignorant que le vent de Borée fouffle des Alpes dans la Celtique avec tant de Strab. force & de violence, qu'il roule de groffes pierres, qu'il renver fe les voitures pu bliques, avec les charges & les perfonnes qui y font; qu'il dépouille les voïageurs, & emporte leurs hardes, leurs armes, & tout ce qu'ils portent ; qu'il remplit la bouche, & empêche de parler ; que des pierres qu'il enleve, il en forme des monceaux femblables aux monceaux de fable, que forment ordinairement les

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