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ment le corps: le fang furchargé d'impuretez, devient âcre, plus vif, plus animé, & plus capable de s'échaper par tous les endroits qui lui prefentent quelque iffuë; il s'échape fur tout dans les operations, dans les bleffures. Cela eft arrivé à quelques-uns de mes malades, comme on le verra dans l'observation suivante.

En 1686. le 23. Avril, j'avois tiré une groffe pierre de la vessie de Monfieur . . . . Curé d'une des Parroiffes de la Ville de Mets;

il étoit âgé de 69. ans, d'ailleurs

d'une affez bonne conftitution. L'operation fut des plus heureufes, & il ne fe rencontra pas un vaiffeau qui fournît durant cette operation une plus grande quantité de fang qu'à l'ordinaire. Cependant dès le cinquième jour, foir & matin, il s'en échapoit toûjours durant le panfement une quantité

qui, quoique petite, me faifoit douter d'un heureux fuccès. Je ne me trompai pas: car les hemorragies furent fi frequentes, qu'il mourut au quinziéme jour; il n'y eut point de remede qui pût arrêter le fang. La caufe rendoit la maladie incurable; le fang étoit diffout; on trouva de plus à l'ouverture du corps la veficule du fiel remplie de pierres groffes comme des noifettes, qui étoient au nombre de 82.

Enfin fi nous faifons attention fur la quantité & fur la diverfité des pierres qui affligent les hommes, on verra que notre misere va jufqu'à l'excès. Si notre corps reffemble en quelque chofe à la grande machine de l'univers, c'est particulierement dans la formation des pierres, puifqu'il n'y a point d'endroit dans ces deux mondes, où ces fortes de concré

tions ne se forment ( qua caufa in macrocosmo gignit in humore lapides, ea & in microcosmo, fi non eadem prorfus, faltem analoga. ) Mais je ne m'arrête uniquement qu'aux pierres qui attaquent les reins & la veffie, & qui caufent des douleurs fi violentes, foit dans les coliques nephrétiques, foit dans le tems de l'émiffion des urines.

Differens fentimens fur la tion de la Pierre.

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UELQUES-UNS prétendent que la pierre fe forme dans les reins ou dans la veffie, de même que le tartre qui s'attache aux tonneaux où le vin a refté durant quelque tems; ce fentiment n'eft pas à rejetter: car la pierre & le tartre dépendent d'une matiere faline, qui eft préparée également

dans le vin & dans les urines. D'autres difent que le fel & la chaleur font cette coagulation.

Il y en a qui croyent qu'elle se produit d'un phlegme falé, & par confequent que le fel eft nuifible; quelques autres foûtiennent que la caufe materielle du fable eft une serofité vifqueufe dans fon commencement laquelle étant deffechée par la chaleur exceffive des reins & de la veffie, devient dure & pierreuse.

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Tous ces fentiments quelque vraisemblables qu'ils foient, ont leurs difficultez. Premierement, fi la veffie ou les reins malades pouvoient contribuer à engendrer le calcul, ce ne feroit pas par une chaleur exceffive, parce que fi l'on expofe l'urine au froid, c'est dans ce tems qu'elle fe décharge de fon fable, lequel s'attache au verre plus abondamment.

Secondement, comment le fel aideroit-il à former ce corps pierreux: fi l'on en jette une fuffifante quantité dans les urines, il en retarde la corruption, & il entretient la fluidité des matieres qui feroient difpofées à fe coaguler.

Enfin les mucilages ne peuvent pas favorifer la generation de la pierre; car la pratique nous enfeigne que ces glues font plûtôt l'accident que la maladie ; ce font en effet des portions d'un fuc nourriffier mal digeré, qui ne peut paffer dans la fubftance des reins lorfque ces parties font affoiblies ou affectées.

Dans les uns ces mucofitez feront produites par la presence d'une pierre qui les inquiete & dont le poids les embarraffe; dans les autres ce fera par des ulcéres, en d'autres par des chairs fongeufes ; dans plufieurs autres par des obftru

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