DES CHAPITR E S. DU PREMIER TOME. Q Q CHAP. I. Vel Diable c'est que le Diable Boiteux. Où e par quel hasard Don Cléofas Léandro Perez Zam- bullo fit connoissance avec lui. Page 9 CHAP. II. Suite de la délivrance d'Asmodée. 25 CHAP. III. Dans quel endroit le Diable Boiteux transporta l'écolier , des premieres choses CHAP. IV. Histoire des amours du Comte de Bel- CHAP. V. Suite e conclusion des amours du com- CHAP. VI. Des nouvelles choses que vit Don Cléofas, e de quelle maniere il fut vengé de CHAP. VIII. Asmodée montre à Don Cleofas plusieurs personnes, et lui révéle les actions qu'elles ont faites dans la journée. CHAP. X. Dokt la maniere est inséparable. 298 CHAP XI. De l'incendie , de ce que fit Af- Fin de la Table du Tome I. LE DI A B L E B 0 I-T EU X. CHAPITRE I. ii Quel Diable c'est que le Diable Buiteux. Où &. par quel hazard Don Cléofas Leandro Perez Zambullo, fit connoissance avec lui. U. Nenuit du mois d'Ocrobre couvroit d'épaifses ténébres la célébre Ville de Madrid : déja le peuple retiré chez lui , laissoit les rues libres aux amans qui vouloient chanter leurs peines ou leurs plaisirs sous les balcons de leurs maîtresses : déja le son des guitarres causoit de l'inquiétude aux peres & allarmoit les maris jaloux : enfin il étoit près de minuit, lorfque Don Cléofas Léandro Perez Žambullo, écolier d'Alcala , fortit brusquement par une lucarne d'une maison, où le fils indiscret de la Déesse de Cythere l'avoit · fait entrer. Il tâchoit de conserver sa vie & son honneur en s'efforçant d'échapper à trois ou quatre Spadassins qui le suivoient de près pour le tuer ou pour lui faire épouser par force une Dame avec laquelle ils venoient de le furprendre. Quoique seul contr'eux, il s'étoit défendu vaillamment , & il n'avoit pris la fuite, que parce qu'ils lui avoient enlevé son épée dans le combat. Ils le poursuivi. -rent quelque temps sur les toits; mais il trompa leur poursuite à la faveur de l'obscurité. Il marcha vers une lumiere qu'il apperçut de loin, & qui toute foible qu'elle étoit, lui fervit de fanal dans une conjoncture si périlleufe. Après avoir plus d'une fois couru risque de se rompre le col, il arriva près d'un grenier d'où fortoient les rayons de cette lumiere, & il entra dedans par la fenêtre, aussi transporté de joïe qu’un pilote qui voit heureusement surgir au port son vaisseau menacé du naufrage. is , Il regarda d'abord de toutes parts, & fort étonné de ne trouver personne dans ce galetas , qui lui parut un appartement assez fingulier , il se mit à le considerer avec beaucoup d'attention. Il vit une lampe de cuivre attachée au plat-fonds, des livres & des papiers en confusion fur une table, une sphére & des compas d'un côté, des phioles & des quadrans de l'autre. Ce qui lui fit juger qu'il demeuroit au-dessous quelque Aftrologue qui venoit faire ses obfervations dans ce réduir. Il rêvoit au péril que son bonheur lui avoit fait éviter , & déliberoit en lui-même s'il demeureroit-là jusqu’au lendemain, ou s'il prendroit un autre parti, quand il entendit pousser un long foûpir auprès de lui. Il s'imagina d'abord que c'étoit quelque phantome de son efprit agité, une illusion de la nuit ; c'est pourquoi, sans s'y arrêter , il continua fes réAéxionis. Mais ayant oüi foûpirer pour la seconde fois ; il ne douta plus que ce ne fût une chose réelle, & bien qu'il ne vît personné dans la chambre, il ne laiffa pas de s'écrier: Qui diable foậpire ici?C'estmoi, Seigneur écolier, lur répondit aussi-tôt une voix qui avoit quelque chose d'extraordinaire; je suis depuis six mois dans une |