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songe enchanteur; Pillusion s'évanouit, l'ame de nouveau s'afflige, lorsqu'elle appelle ses regards sur le tableau qu'elle nous trace des mœurs et de la férocité des Esquimaux.

Ces peuples (voyez M. Makensie, tom. III), possèdent les rivages de la mer, depuis l'Océan atlantique, et le long du détroit d'Hudson, jusqu'au delà de l'embouchure du fleuve Mackensie: on leur donne un caractère aussi odieux que leur personne est difforme; ils sont un objet de haine et d'horreur pour toutes les peuplades des Sauvages de l'Amérique ; ils ont la peau d'une couleur de cuivre sale; des huttes creusées sous la terre forment leur habitation; la forme en est presque ovale, elles ont ordinairement quinze pieds de longueur, et dix de largeur. Il y au haut de la hutte un trou de huit pouces carrés, qui sert de cheminée. Les huches des Esquimaux sont composées d'une lame de cuivre qui a deux pouces d'épaisseur sur cinq à six de large. Ces peuplades vivent dans un état de liberté absolue; nul d'entre eux ne paroît commander ni être commandé; leur teint est basané, et ils portent, pour la plupart, une barbe longue et touffue; sans morale, et privés de tout sentiment d'honneur, ils sont toujours prêts à attaquer ceux qu'ils soupçonnent d'être hors d'état de pouvoir se défendre. Réunissez tous les vices, la férocité, l'avidité du pillage, la perfidie et la dissimulation hypocrite, vous approcherez de la vérité et de la ressemblance avec leur caractère naturel : l'orgueil n'accompagne que trop souvent la bassesse de leur ame, ils se distinguent dans l'opinion qu'ils ont

d'eux-mêmes, des tribus qui les environnent, en prenant pour eux le nom de Kéralit qui, dans leur langue, veut dire homme par excellence.

Des Abipons; et de quelques autres peuplades sauvages.

LES Abipons habitent dans la province de Rio de la Plata; cette tribu guerrière est composée de cinq mille ames: ils élèvent et dressent des chevaux sauvages; leurs armes sont des lances de cinq à six pieds de long, et des flèches quelquefois garnies de pointes de fer.

Le sang de cette nation est assez beau; les hommes, et surtout les femmes, ont les traits réguliers; la plupart d'entre eux ont le nez aquilin : les homimes ont l'habitude de s'attacher les cheveux de dessus le front, au point de paroître chauves; ils s'arrachent la barbe, et se marquent le front et les tempes de cicatrices en guise d'ornemens; ils sont très-voraces, mais non antropophages; ils vivent sous une onbre de gouvernement, mais assis sur des bases fort peu solides. Les Caciques de ces peuples qui se mettent à leur tête en cas de guerre, et font les fonctions de juges en temps de paix, ont un pouvoir précaire et très-borné : les petites républiques où peuplades d'Indiens se dissipent avec la même facilité qu'elles se forment; chacun étant son maître, on se sépare dès qu'on est mécontent, et on passe à un autre; on est quitte, dans tous les cas, pour chan

ger de lieu; ces Sauvages perdent si peu de chose en changeant d'habitation, que rien ne les y attache fortement.

Sans avoir un système religieux déterminé, ces peuples sont très-supersticieux ; ils redoutent beaucoup un certain démon ou esprit mal-faisant, et ils ont parmi eux des magiciens, appelés kivel, auxquels ils attribuent le pouvoir de l'apaiser.

Ces jongleurs rendent des oracles; ils annoncent la disette ou l'abondance, la tempête ou le beau temps: trop souvent ils provoquent des guerres, et ne manquent jamais de réclamer pour leurs dieux, une partie du butin.

Leur persuasion d'une autre vie se manifeste par les soins qu'ils rendent aux morts; ils les enterrent et placent auprès d'eux des vivres, un arc et des flèches, afin qu'ils puissent pourvoir à leur subsistance dans l'autre monde, et que la faim ne les force pas. à revenir dans celui-ci, pour y tourmenter les vivans. La mythologie des Manacicas, une de ces tribus, et dont la croyance est à peu près commune à toutes, a beaucoup de ressemblance avec celle de Taïtrein ; elle n'est ni moins bizarre ni moins extravagante.

Des Sauvages du Mexique.

LEUR origine, comme celle de tous les peuples de l'Amérique, est une énigme inexplicable. Avant le onzième siècle de l'ère chrétienne, les Mexicains. habitoient au nord de la Californie; ensuite, par

trois progressions successives, ils se rapprochérent du Mexique propre. Ils étoient réunis sous uue forme de gouvernement; l'autorité d'abord partagée entre les juges de chaque tribu, se concentra dans la main d'un monarque; mais son autorité étoit tempérée par plusieurs conseils, et une sorte de noblesse, dont les individus se nommoient pilli ou haloani. Il paroît que la souveraineté absolue ne fut établie dans ces contrées que par le célèbre Montezuma plus on : examine leur histoire, plus on s'aperçolt, que si les autres peuplades étoient sans aucune civilisation celle des Mexicains étoit peu avancée, et leur régime très-défectueux.

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Leur système religieux ressemble, en un point, à celui de toutes les nations sauvages de l'Amérique; ils ne savent que craindre, et ne savent point aimer la divinité. Les Mexicains avoient adopté la croyance et l'adoration du mauvais principe: ils reconnoissoient bien treize divinités principales, parmi lesquelles on compte le soleil et la lune; mais il paroît que leur divinité suprême étoit ce mauvais principe qu'ils appeloient klacatécolototl, ou chouette divine, qui se plaît à nuire et à inspirer la terreur. Leurs prêtres portoient une pièce de coton de couleur noire et sinistre : les austérités, les blessures volontaires de ces prêtres, leurs onctions avec des poisons, et d'autres rites abominables, prouvent à quel excès de fanatisme, les entraînoit leur religion. Les temples étoient décorés de figures d'animaux destructeurs ; ils offroient en sacrifices des victimes humaines, comme les plus agréables à leur di

vinité. Atroces et barbares par le principe de leur religion, après avoir fait souffrir à leurs prisonniers tous les tourmens que la férocité pouvoit imaginer, ils les immoloient, et rougissoient de leur sáng leurs abominables autels. Le cœur et la tête étoient la part des dieux; le corps appartenoit au sauvage qui avoit fait la capture, il s'en ré galoit avec ses amis, et c'est par là que se terminoient leurs sacrifices: jamais l'ambition des conquérans de l'Amérique ne répandit autant de sang que le fanatisme mexicain.

LES ILLINOIS.

Lettre du père Vivier, missionnaire aux Illinois.

LES Illinois sont, par le trente-neuvième degré de latitude septentrionale, environ à neuf degrés de la nouvelle Orléans, capitale de toute la colonie; le climat est à peu près comme celui de France, avec cette différence, que l'hiver y est moins long et moins continu, et les chaleurs un peu plus grandes en été le pays, en général, est entrecoupé de plaines et de forêts, et arrosé d'assez belles rivières. Le bœuf sauvage, le chevreuil, le cerf, l'ours, le dinde sauvage, abondent de toutes parts, et en toute saison, excepté près des endroits qui sont habités. Pendant une partie de l'automne, pendant l'hiver, et une partie du printemps, le pays est inondé de cygnes, d'outardes, d'oies, de canards de trois espèces, de pigeons

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