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Hiu liu

kiuen kiu.

furent pas plûtôt retirés que les Peuples de Kin-fou qui Avant J.C étoient fes voisins, entrerent dans fon pays, pendant que les Huns qui avoient été informés des incurfions du Roi d'Ygour, leverent des troupes & vinrent le ravager de leur côté. Les Généraux Chinois furent obligés de fe remettre auffi-tôt en campagne ; ils chafferent les Huns, & après avoir laiffé dans le pays quelques troupes pour la garde du Roi, ils retournerent à Kiu-li. Malgré ce renfort le Roi d'Igour qui appréhendoit toujours que les Huns ne rentraffent dans fes Etats & ne le fiffent mourir, prit le parti de fe fauver chez les Ou-fiun. La Reine fa femme fe retira vers les Généraux Chinois, auprès defquels elle refta pendant quelque tems dans le pays de Kiu-li: on la conduifit enfuite à Si-gan-fou, où elle fût reçue avec beaucoup d'honneur. En la traitant ainsi, les Chinois avoient envie de donner aux Barbares un exemple de leur douceur & de leur politeffe, afin d'engager tous ces Peuples à fe foumettre à eux. Après la retraite du Roi d'Igour, les Huns mirent à fa place Teou-mo fon frere. Ce nouveau Roi alla avec fes Sujets demeurer du côté de l'Orient n'ofant refter dans fon ancien pays. Alors les Chinois ne fongerent plus qu'à y envoyer des Colonies. Ce qui engagea un Miniftre Chinois nommé Goei-fiam, à faire à l'Empereur des remontrances dans lefquelles il défapprouvoit cette conduite. Vouloir appaifer, difoit-il, les troubles de l'Empire par la force des armes, c'eft une guerre de Juftice, & l'on remporte la victoire. S'oppofer à un Ennemi qui envahit des Etats, c'eft une guerre de néceffité, qui eft ordinairement accompagnée du succès. Prendre les armes B pour des chofes peu importantes & par haine, c'eft une guerre de fureur & de colere: on eft fouvent battu. En» vahir les terres d'autrui pour s'enrichir de dépouilles, c'eft une guerre d'avarice & de cupidité dans laquelle » on ne réuffit pas. Quand c'eft précisément pour acquérir de la gloire, illuftrer fa famille & fe rendre re» doutable à fes voifins, c'eft une guerre d'ambition & d'orgueil, dont les fuites font toujours fâcheufes. Ces cinq points font autant de maximes qui font fondées fur la

Du Halde

tome 2. Кат-то.

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D

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رو

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conduite du Ciel. Aujourd'hui les Huns défirent la paix

y

pays

Avant J. C.

& la recherchent avec empreffement; ils rendent avec Hiu-liufoin ce qu'ils nous ont pris ; ils ne font aucune irruption kiuen kiu. fur nos frontieres, & ils ne font en difputes avec nous qu'à l'occafion des établiffemens que nous faifons chez » les Igours. J'apprens que Votre Majefté veut envoyer tous fes Généraux pour envahir ce pays. Quel nom peut-on donner à cette guerre ? Les peuples de vos fron»tiéres font fatigués & dans la difette, le paffage des Troupes ne peut qu'augmenter leurs maux, & quand » bien même on remporteroit la victoire, elle feroit toujours fuivie de deuil & de trifteffe ; l'état eft rempli de défordre; il n'eft pas rare de voir un fils tuer son pere, » un cadet fon aîné, une femme fon mari. On compte » cette année jufqu'à vingt-deux crimes de cette efpéce; ils font trop confidérables, & il faut rémédier au lieu de porter la guerre chez les étrangers ». D'autres Miniftres répondirent à ce difcours de Goei-fiam, que le d'Igour étant gras', fertile & dans le voifinage des Huns, les Han-chou. Chinois devoient s'y établir & le cultiver pour en retirer Kam-mo. de quoi faire fubfifter leurs armées deftinées à aller en Tartarie contre le Tanjou. Ce Prince qui fentoit également la néceffité de conferver ce terrein & d'empêcher que les Chinois n'y fiffent des établissemens, envoya des troupes pour les répouffer. Elles le firent avec fuccès & obli- L'an 65. gerent les Chinois à fe retirer dans les villes. Le Général Chinois nommé Kie, dans les Lettres qu'il écrivit à l'Em- Ven-hienpereur, lui représenta qu'il ne pouvoit garder plus longpays d'Igour, trop éloigné de celui Kiu-li, & féparé par des rivieres & des montagnes, qui empêchoient que les Soldats Chinois ne reçuffent promptement les fecours dont ils avoient befoin, & que pour le conferver, il falloit faire des dépenfes exceffives qui ne rapportoient aucun avantage à l'Empire. L'Empereur perfiftant toujours dans fon fentiment, renvoya le Général Tcham-hoei, qui, avec les troupes de Kan-tcheou & de So-tcheou pénétra jufqu'au Nord du pays d'Igour.

tems le

Pendant ce tems-là l'ancien Roi d'Igour s'étoit fauvé chez

tum-kao.

L'an 64.

Hiu-liu

kiuen-kiu.

Ven-bien

tum-kao.

les Ou-fiun, qui l'avoient retenu en attendant que la Avant J. C. tranquilité fut rétablie dans fes Etats. Ils avoient en même-tems propofé à l'Empereur de la Chine d'attaquer les Huns du côté de l'Occident. En conféquence l'Empereur ordonna que le Prince Héritier d'Igour nommé Kiun-so, refugié depuis quelque tems dans le pays d'Yen-chi fut établi Roi, qu'on tranfportât les Igours dans le pays de Kiu-li, & qu'on abandonnât leur ancien pays aux Huns.. Le foible avantage que ces Peuples eurent en cette occafion fur les Chinois ne les dédommagea point de la perte qu'ils firent de leurs Alliés l'année d'auparavant, c'eft-à-dire, l'an 65. avant J. C. Au Sud - Eft de Kaschgar Han chou. il y avoit un ancien Royaume, célébre & connu dans l'Hiftoire Chinoife fous le nom de Chao-tche; c'eft ce que nous appellons aujourd'hui la ville d'Yerken au Nord de Khoten. Le Roi de ce pays qui n'avoit point d'enfans, avoit adopté Van - nien fils du Roi des Ou - fiun & d'une Princeffe Chinoife. Lorsqu'il mourut, Van-nien étoit à la Chine. Les Peuples d'Yerken, dans le deffein de fe procurer la protection des Chinois & des Ou-fiun, firent démander Van-nien à l'Empereur Siuen-ti & le déclarerent Roi. Van-nien ne fut pas plûtôt arrivé à Yerken & établi fur le Thrône qu'il devint un Tyran, & fe fit haïr de fes nouveaux Sujets. Hou-tou-tching frere de l'ancien Roi d'Yerken le tua avec les Ambaffadeurs Chinois qui l'avoient accompagné, & fit alliance avec les Huns. L'Empereur Siuen-ti nomma le Général Fung - chi pour aller contre les peuples d'Yerken. Fung - chi tua Hou - toutchim & mit un autre Roi dans cette ville.

L'an 62.

Lie-tai-ki

fu.

L'an 61.
Han-chou.

Pendant que les Chinois obligeoient ainfi les Huns à évacuer cette partie de la petite Bukarie, les Peuples de Tim-lim fitués dans la Siberie au Nord des Ou- fiun, attaquerent les Huns, & leur firent une guerre qui dura pendant trois ans ; ils prirent un grand nombre de prifonniers, firent un butin confidérable à la vûe même d'une armée de dix mille chevaux que les Huns avoient envoyés contre eux.

L'année fuivante avec cent mille hommes de Cavale

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rie le Tanjou s'avança vers les frontieres de la Chine, Avant J.C.
fous prétexte de faire une grande chaffe. Son véritable Hiu-liu-
deffein étoit de furprendre les Chinois; mais ils en fu- kiuen-kiu.
rent avertis par des transfuges. Auffi-tôt l'Empereur Si-
uen-ti envoya un de fes Généraux nommé Tchao-tchong-
koue avec quarante mille hommes vers le Nord pour
s'oppofer à cette nouvelle irruption. Cette armée Chi-
noife devint bien - tôt inutile ; le Tanjou tombé malade
dans le même tems, fut obligé de reprendre le chemin
de fes Etats; il licentia fes troupes & fit faire des propo- L'an 60.
fitions de paix que l'Empereur de la Chine Siuen-ti ne
voulut point écouter. Il mourut prefque auffi-tôt, après
voir regné neuf ans.

Nous avons vu que ce Prince en montant fur le thrô- Kam-mo.
ne avoit déposé l'ancienne Impératrice; celle-ci avoit Han-chou,
toujours entretenu des liaisons fecretes avec quelques
grands Officiers de l'Empire & furtout avec le Vice-Roi
de l'Occident, nommé Tou-chi-tam; elle eut dans cette
occasion assez de crédit pour le faire déclarer Tanjou,
fous le titre de Vo-yen-kiu-ti-tanjou.

Vo-yen

Han chon.

Ce nouveau Tanjou envoya fon frere Y-yeou-jo-vam
vers l'Empereur de la Chine pour demander la paix; Avant J.C.
mais il ne paroît pas qu'il l'ait obtenue. Il étoit d'un kiu-ti.
caractère cruel & féroce; il faifoit périr tous ceux qui
avoient eu du crédit fous le regne précédent, il maltrai-
toit les Grands & dépouilloit de leurs biens fes plus
proches parens. Cette conduite avoit fait naître un grand
nombre de mécontens, à la tête defquels fe mit Ki-heou-
chan fils du dernier Tanjou, qui fe voyant exclus du
thrône s'étoit retiré chez fon beau-pere, appellé Ou-chen-
mo, originaire du pays des Ou-fiun. Ce dernier avoit été
obligé d'abandonner le pays où il demeuroit, à caufe
des fréquentes incurfions que les Cap-tchaq y faifoient:
il étoit venu fe foumettre avec mille de fes Sujets au
Tanjou Hou-lo-kou, qui après lui avoir donné en ma-
riage une de fes niéces, foeur du Ge - foui- vam, l'a-
voit envoyé habiter dans la partie Occidentale de fes
Etats. Après la mort d'Hou-lo-kou l'Empire, des Huns

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avant J. C.

Vo-yen kiu-ti.

devoit appartenir à ce Ge-foui-vam nommé Sien-hien-
tan. Mais Vo-yen-kiu-ti s'en étant rendu maître & Sien-
hien-tan ne pouvant foutenir fes droits
il alla avec
plus de dix mille hommes fe rendre aux Chinois qui lui
donnerent le titre de Kuei-te-heou. C'eft à cette occafion
que l'Empereur de la Chine établit un Gouverneur d'Oc-
cident dans la ville d'Ou-loui-tching, entre Acfou & Ha-
rafchar, pour veiller aux mouvemens des Ou - fiun, des
Kaptchaq & de toutes les Villes de la petite Bukha-
rie, comme Kaschgar, Yerken, Khoten & les autres.

La plupart des grandes charges chez les Huns étoient héréditaires; mais le Tanjou fans avoir égard aux loix de la Nation s'en rendoit le maître & en difpofoit en faveur de fes propres enfans & de fes créatures. C'eft ainfi qu'il donna à fon frere Po-fiu-tam la charge de Ge-fouivam, c'est-à-dire celle que poffedoit Sien-hien-tan : non content de cette ufurpation il fit mourir les deux freres de cet Officier, malgré toutes les inftances que l'Oufiun Ou-chen-mo fit pour obtenir fa grace. Il donna encore à fon propre fils la Dignité de Tco-yue-ti-vam qui devoit naturellement paffer au fils de celui qui la poffedoit auparavant. Une telle conduite rendit ce Prince odieux à fes Sujets, plufieurs chercherent à fe revolter & particuliérement les amis de l'ancien Tco-yue-ti-vam; ceux-ci fe réunirent tous auprès de fon fils qui étoit refté fans dignité, le reconnurent pour Tco-yue-ti-vam & allerent ensemble habiter dans la partie Orientale de l'Empire des Huns. Le Tanjou envoya dix mille Cavaliers pour les combattre; mais cette armée fut obligée de fe retirer avec perte. Cette guerre fut le prélude d'une infinité d'autres révoltes qui penferent caufer la ruine de l'Empire des Huns. La haine que ces Peuples avoient pour leur Tanjou augmentoit tous les jours, & le ViceRoi de l'Orient, défigné Prince héritier, la fomentoit par les difcours qu'il tenoit aux Grands qui étoient auprès lui. D'abord les Ou-huon fous la conduite de Kou-fiévam fe révolterent du côté de l'Orient où réfidoit ce Vice-Roi, & où le plus grand nombre des mécontens

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