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quel aire de vent reftoit la principale de leurs Ifles, qui s'appelle Panloq, & ils nous montrerent le Nord Nord-Eft. Ils nous ajoûterent qu'au Sud-Quart-Sud⚫ Queft, & au Sud-Quart-SudEft, font encore deux Ifles, dont P'une s'appelle Merieres, & l'au tre Poulo

Quand nous nous fûmes un peu approchez de la terre, j'envoyai mon Aide-Pilote pour chercher avec la fonde un endroit où l'on pût moüiller. La chaloupe étant arrivée à un quart de lieuë de l'Ifle, elle fut abordée par deux batteaux du pais où il y avoit plufieurs de ces Infulaires : l'un d'eux ayant apperçu un fabre, le prit, le regarda attentivement, & fe jetta à la mer l'emportant avec lui. Mon Aide-Pilote ne put trouver aucun lieu propre à jetter l'an

cre, parceque le fond étoit de roche, & qu'il y avoit grand fond par tout. Quand il fut de retour, j'envoyai encore fur les trois heures un autre homme pour chercher un moüillage: il alla tout auprès de la terre trouva, comme le premier qu'il y avoit par tout grand fond de roche; & ainfi nul endroit où l'on pût jetter l'ancre.

& il

Pendant ce tems-là je me foutenois à la voile contre le courant qui portoit avec viteffe au Sud-Eft. Mais le vent étant venu à manquer, nous dérivâmes au large. Alors les Infulaires qui étoient venus fur notre bord rentrerent dans leur batteau pour s'en retourner les deux Miffionnaires voulurent engager l'un d'eux à demeurer avec nous mais ils ne purent l'y réfoudre ils l'entretinrent

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quelque tems des véritez de la Religion, & ils lui firent prononcer les faints noms de JESUS & de MARIE, ce qu'il fit d'une maniere très-affectueuse. On l'interrogea fur la grandeur de l'Ifle, & fur le nombre de fes habitans: il répondit que l'Ifle avoit bien deux lieuës & demie de tour, & qu'il pouvoit y avoir huit cens perfonnes; qu'ils vivoient de cocos, de poiffons, & d'herbages. J'obfervai la hauteur du Soleil à midi, & je me trouvai par cinq dégrés feize minutes de latitude Nord; & la variation au lever du Soleil fut trouvée de cinq dégrés NordEft.

Les courans nous emporterent au large vers le Sud-Eft avec violence, de forte que nous ne pûmes regagner la terre que le quatriéme à fix heures du ma

tin. Nous nous trouvâmes alors à l'embouchure de deux Ifles. J'envoyai la chaloupe pour chercher un bon mouillage. Ce fut inutilement. Elle revint à quatre heures du foir, apportant pour nouvelle, qu'il y avoit grand fond de roche par tout, & qu'il étoit impoffible de jetter Fan,

cre.

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Le cinquiéme à fept heures. du matin, les Peres Duberon & Cortil formerent le deffein d'aller à terre pour y planter une Croix. Dom Padilla & moi leur représentâmes les dangers aufquels ils s'expofoient, ce qu'ils avoient à craindre des Infulaires dont ils ne connoiffoient point le génie, & l'embarras où ils fe trouveroient fi les courans jettoient le vaiffeau au large, en forte qu'il ne fût approcher de la terre pour les prendre ou

pour les fecourir. Leur zele n'écouta aucunes de ces difficultez, ils perfifterent dans leur premiere réfolution. Ils laifferent donc le F. Baudin dans le Navire, & ils entrerent dans la chaloupe avec le Contre-Maître du Vaiffeau, & l'Enfeigne des troupes qu'on deftinoit à mettre à terre. Ils emmenerent auffi le Palaos dont j'ai parlé, avec fa femme & fes enfans.

Les deux Miffionnaires étant partis, nous nous foutînmes à la voile toute la journée contre les courans à la faveur du vent. Mais le foir le vent ayant manqué, le courant nous jetta au large. Nous mîmes toute la nuit un fanal au beaupré, & un autre à l'artimon, afin qu'on pût découvrir de l'Ifle où nous étions. La nuit nous eûmes quelques grains du Nord-Eft au Nord

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