der la divinité comme une idôle, ou de n'en point admettre? Eh! Quoi nous refuferons à Dieu, ce qu'un fils doit à fon pere, un sujet à fon Roi, un vaffal à fon Seigneur, un domestique à son maître, un fermier au propriétaire. Nous croirons avoir de la probité, c'està-dire cette vertu, qui nous oblige à l'obfervation de tous les devoirs envers les hommes, & nous penferons que nous en fommes difpenfés à l'égard de Dieu, quoiqu'il foit plus pere & plus maî-tre que perfonne? Nemo tam -pater quam Deus, dit Tertullien. Il faut que les Déiftes, ifolés comme ils font au milieu d'un monde qui les condamne, ayant en un mot contre eux le témoignage de tous les fiécles & de toutes les Nations, s'imaginent avoir feuls la raison en partage. Mais ceci n'eft-il pas la preuve la plus fenfible d'une présomption défordonnée & d'une véritable folie. Comment l'Univers âgé -de fix mille ans, n'avoit point -vu de Sages jufqu'à ce jour, & des hommes qui méprifent les Loix les plus facrées, devoient l'inftruire & l'éclairer ! Comment le Dictionnaire de Bayle,cette fondriere d'horreurs & d'impiétés, d'où nos Philofophes ont tiré tous leurs paradoxes & tous leurs blafphêmes, étoit destiné à remplacer l'Evangile éternel, & à nous tenir lieu de régle & de loi. Ici l'indignation s'empare de l'ame, la raison frémit, & la plume tombe des mains. CHAPITRE VII. De la définition de l'Honnête Homme. UN Honnête Homme, felon toutes les notions, felon le fentiment des Payens mêmes, est un homme qui fatisfait exactement à tous fes devoirs : & il ne s'agit pour nous en convaincre que d'analyfer ce qu'on entend par les mots d'homme & d'honnête; entrons en matiere. Si je n'apperçois de l'homme que fa fuperficie, c'est-à-dire : cette forme extérieure qu'il me préfente, une tête, un tronc, des mains & des pieds; je ne le diftingue prefque pas des animaux, & je me perfuaderois en quelque forte, qu'il n'a pas d'autres fonctions à remplir que celle de boire & de manger. Mais fi je leve cette premiere écorce, que de merveilles qui me raviffent & qui m'étonnent! Ce n'est plus cette maffe de chair dont je ne voyois tout à l'heure que des mufcles & des cartilages; ce n'eft plus cette substance matérielle, qui me fembloit fujette à la corruption; mais un être dont le corps n'est que l'enveloppe; un être qui aime, qui hait, qui délibere, qui choifit, qui combine, qui invente, qui s'éleve au dessus de lui-même & de tout ce qui l'environne pour atteindte jufqu'à des espaces immenfes & des nombres infinis; un être, dont le génie crée des prodiges, & que les facultés multiplient, quoiqu'il foit abfolument indivifible; un être ef fentiellement fpirituel, & conféquemment immortel, fait pour jouir éternellement de Dieu dont il a l'idée; un être, que les élémens & les animaux fervent avec ponctualité, & qui par fon effence & par fes qualités, vaut lui feul beaucoup plus que l'Univers entier; un être, qui ne penfe, qui n'agit & qui ne vit qu'en Dieu même. |