Il tint pendant longtemps chez J. DE lui tous les Lundis de Conferences, LAUNOY. où fe trouvoient plufieurs Sçavans; mais il eut en 1676. ordre de la Cour de les difcontinuer.

Il mourut le 10. Mars 1678. après deux ou trois jours de maladie, âgé de 74. ans.

Son corps fut enterré dans l'Eglife des Minimes de la Place Royale, où il difoit ordinairement fa Meffe,comme il l'avoit ordonné par fon

Teftament.

M. le Camus, Premier Prefident de la Cour des Aydes, qui avoit pour lui une estime particuliere, & qu'il avoit nommé fon exécuteur Teftamentaire, lui fit dreffer par M. Clement, ancien Confeiller de cette Cour, l'Epitaphe suivante.

D. O. M.

Hic jacet Joannes Launoius Conftantienfis, Parifienfis Theologus: qui veritatis Affertor perpetuus, Jur:um Ecclefia & Regis acerrimus vindex, vitam innoxiam exegit: Opes neglexit, & quantulumcunque ut relicturus

J. DE fatis habuit: multa fcripfit nulla fpe; LAUNOY. nullo timore: Optimam famam maximamque venerationem apud probos adepius. Annum feptimum & feptuagefimum exceffit: Animam Chrifto confignavit die 10. Martii anno 1678.

Hoc monumentum amico jucundiffimo poni curavit Nicolaus le Camus fuprema fubfidiorum Curia Princeps.

Cette Epitaphe fut donnée au Minimes; mais quelques expreffions, qu'ils y trouverent, fur tout celles de veritatis affertor perpetuus leur déplurent, & ils s'excuferent de la faire graver fur fon tombeau, fur les défenfes qu'ils pretendirent en avoir reçues de leur General, & enfuite de la Cour. Au refte l'Auteur de cette Epitaphe s'eft trompé fur fon âge.

De Launoy laiffa à fes freres & à fes neveux fon Patrimoine, dont il leur avoit abandonné la joüiffance pendant fa vie; & donna la moitié de fa Bibliotheque aux Minimes, avec la fomme de 600. livres, & l'autre moitié au feminaire de Laon, » Le grand nombre d'Ouvrages qu'il a faits, & la maniere dont ils » font

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font compofés, font affez con- J. DE > noître combien il avoit de lectu- LAUNOY.. re & d'érudition, & avec quclle. affiduité & quelle facilité il travailloit. Son ftile n'eft ni orné ni poli. Il fe fert de termes durs & peu ufités. Il s'énonce d'une maniere toute particuliere, & donne des tours finguliers aux chofes dont il traite. Il accable non feulement fes adverfaires, mais encore fes Lecteurs par le grand nombre, & par la longueur des paffages, qu'il rapporte tous entiers, & qu'il repete continuelle-ment dans fes Ouvrages: mais au refte il eft abondant dans fes citations, & épuife une matiere, quand il l'entreprend. Ses raifonnemens » ne font pas toujours juftes, & il femble quelquefois avoir eu d'au-tres vûes que celles qu'il paroît qu'il fe propofe dans fon Ouvrage. Quant à fes mœurs, il étoit fimple ,. bon ami, defintereffè,, fobre, laborieux, ennemi du vi-ce, fans ambition,, charitable & bienfaifant, appliqué à fes devoirs,, & d'une vie toujours égale. I Tome XXXII.

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J. DE LAUNOY.

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avoit fur tout en recommandation la verité; il ne pouvoit fouffrir les fables & les fuppofitions. Il a défendu avec fermeté les droits de l'Eglife & du Roi, & attaqué avec liberté les maximes contraires des Théologiens Ultramontains. Enfin » l'on ne peut douter que la Republique des Lettres, l'Eglife de France, & l'Ecole de Paris ne lui foient bien redevables des décou» verres qu'il a faires fur des points » d'Hiftoire & de Critique; de la force avec laquelle il a foutenu l'autorité des Conciles, les droits » des Rois & des Evêques; de fa fagacité à decouvrir la fauffeté de quelques hiftoires des Saints, & la fuppofition de quantité de Privileges. C'eft le jugement que M. Du Pin porte de ce fameux Auteur. Caralogue de fes Ouvrages.

1. Syllabus rationum, quibus caufa Durandi de mo do conjunctionis concurfuur Dei & Creaturæ defenditur, Ó inofficiofa quorumdam Cenfura repellitur. Parif. 1.636. in 8o. It. dans le premier tome du Recueil de fes Oeuvres. p. 1. De Launoy fait voir

ici; qu'on ne peut condamner le J. DE fentiment de Durand, qui prétend LAUNOY. que Dieu ne concourt point immediatement aux mauvaises actions des créatures libres, fans faire injure à l'ancienne Faculté de Théologie de Paris, qui n'a point crû cette opinion cenfurable, & à plufieurs Théologiens de cette Ecole, qui l'ont foutenue. De Launoy renvoye ici à un Ouvrage du P. Louis de Dole Capucin, dont il avoue avoir tiré la plus grande partie des Materiaux de fon livre. Cet Ouvrage eft intitulé. Difputatio doctiffima quadripartita de modo conjunctionis concurfuum Dei & Creatura ad actus liberos ordinis naturalis, præfertim ad pravos; adverfus Prædeterminantium & Affertorum fcientia media modernorum Opiniones. Lugduni 1634. in-4°. De Launoy a mis à la fin de fon Traité un Probleme ou Cas de Confcience, dans lequel après avoir rapporté la condamnation des livres d'Ariftote, faite par un Concile de Paris en 1209. & par le Pape Grégoire IX. en 1265. & la Cenfure faite à Rome du fentiment de Copernic & de Galilée