à dans l'Archevêché de Reims; mais il donna trop de licence à son armée qui mit tout feu & à fang dans les Villages, & n'épargna pas même les Eglifes; la Ville fut attaquée & défenduë avec beaucoup de vigueur: Hugues le Grand y accourut en diligence, & envoya demander au Roy une conférence dans laquelle on convint que le Roy recevroit des ôtages de l'Archevêque Hugues, qu'il leveroit le fiége, & qu'on tiendroit un Parlement où cet Archevêque viendroit luymême répondre fur tous les sujets de plaintes que le Roy avoit contre luy. Le fiége qui n'avoit duré que quinze jours, fut levéauffitôt, & il y eut ensuite vers la S. Jean une autre conférence entre le Roy & les envoyés de Hugues le Grand, en laquelle on convint seulement d'une treve jusqu'au quinzićme du mois d'Aoust. 246. Au commencement de l'année 946. les enfans d'Herbert eurent quelques démêlez au sujet des biens de leur pere, qu'ils avoient laiffés en commun, ainsi que nous l'avons dit: mais Hugues le Grand leur oncle en fit le partage & les mit d'accord. Robert, Robert eut les terres de Champagne, & Second Comte de porta le nom de Comte de Troyes, & fut Champa- notre second Comte de Champagne, & le premier qui y établit sa demeure. Il épousa Alix, dite Verra, fille de Giflebert Duc de Bourgogne. gne. En l'année 946. le Roy mit le fiége-devant Reims, il fut pouflé avec tant de vi- 946. gueur, que l'Archevêque Hugues en fus effrayé & menacé d'avoir les yeux crevés; il en fortit le troifiéme jour du fiége avec la plus grande partie de ses troupes. Le Roy y. entra, & y rétablit l'Archevêque Artaud. Hugues le Grand affiégea Reims en l'année 947. mais inutilement, parce que les 947. troupes du Roy & celles d'Artaud firent fi bien leur devoir, qu'après huit jours de fiége elles le contraignirent de se retirer avec l'Archevêque Hugues fon neveu.' Le Roy affiegea Mouzon qui appartenoit à l'Archevêque Hugues: mais il fut obligé de lever le siége. On fit enfuite une treve qui devoit durer jusqu'après un Concile qu'on avoit convo qué à Verdun pour le mois de Novembre 947. auquel on devoit terminer entierement le différend entre les deux Archevêques de Reims, il fut reglé qu'en attendant le Con cile Artaud demeureroit à Reims,, & Hu gues à Mouzon dont le domaine apparte+ noit à cet Archevêché. Vers le milieu de Novembre le Concile s'assembla: mais Hugues n'y comparut pas, & Artaud par une espece de provision fut déclaré légitime Archevêque de Reims, & on indiqua un nouveau Concile sur la mê me affaire pour le mois de Janvier suivant. Ce Concile s'affembla ; & l'Archevêque Hugues ne s'y étant pas rendu, on prononça qu'Artaud demeureroit en poffeffion de l'Archevêché de Reims, & que Hugues feroit séparé de la communion des autres Evêques & de toute jurisdiction sur cet Archevêché pour n'avoir pas obéi aux sommations de deux Conciles, & qu'il demeureroit dans cet état de suspense jusqu'au Concile National qu'on indiqua pour le premier 948. jour d'Aoust 948. où il seroit cité pour répondre sur la contuinace & fur les chefs d'accusation qu'on produiroit contre luy. Cette Sentence fut envoyée à l'Archevêque Hugues, qui la renvoya deux jours après à l'Archevêque de Treves, & luy fit déclarer qu'il ne le reconnoisloit pas pour Juge, & qu'il ne déféreroit point à la Sentence qu'il avoit renduë contre luy. Artaud envoya les actes de ce Concile au Pape qui approuva la convocation d'un Concile National. Cependant les partisans de Hugues & d'Artaud étoient toûjours aux mains. Ce Concile se tint à Ingelheim près de Mayence dans l'Eglise de S. Remy le premier Juin l'an 948. Il n'y eut aucun Prélat ni de Bourgogne, ni de Normandie, ni du Comté de Paris, ni du Duché de France. Hugues le Grand empêcha tous ces Prélats d'y assister; l'Evêque Marin en qualité de Légat du Pape y présida. L'Archevêque Hugues, qui n'y assista pas, y fut excommunić comme ufurpateur de l'Archevêché de Reims, on y excommunia auffi Hugues le Grand fon oncle, & on maintint Artaud en la poffeffion de cet Archevêché. On assembla ensuite les milices qui vinrent affiéger Mouzon, où Hugues, qui se disoit toûjours Archevêque de Reims, s'étoit renfermé. Il fut obligé après une vigoureuse résistance de capituler & de fe rendre ; on rasa les fortifications & les murailles de la Ville. Le Roy avec ces mêmes Evêques vint mettre le fiége devant la ville de Laon; ces Evêques quittant le casque pour prendre la mitre s'assemblérent comme en Concile dans une Eglise voisine de la ville, dédiée à saint Vincent, où ils excommuniérent Thibault Comte de Chartres, dont nous parlerons dans la suite, parce qu'il étoit en poffeffion de Laon. Toutes ces excommunications ne servirent qu'à irriter davantage les esprits, & il 949. se fit l'année suivante 949. une infinité de ravages de part & d'autre. Enfin après qu'on fe fut long-temps battu, la paix fut concluë pleine campagne sur la riviere de Marne l'an 950. Les différens des deux Archevê- 950. en 951. ques de Reims avoient été la cause de ces guerres, En l'année 951. la Reine Ogine, mere du Roy Loüis IV. qui ne devoit pas alors être jeune, puisque, fion en croit Mezeray, elle paffoit quatre-vingts ans: cette Reine étant devenue amoureuse d'Herbert Comte de Meaux, frere de notre Comte Robert & de l'Archevêque Hugues, se fit enlever de la ville de Laon par les gens d'Herbert, & fe maria avec luy en la ville de Saint-Quentin; il étoit fils de celuy qui avoit retenu fi longtemps prifonnier le Roy Charles le Simple fon premier mari, & qui mourut dans sa prifon, comme nous l'avons dit. Le Roy son fils, pour se vanger d'elle luy ôta l'Abbaïe de Laon qu'il luy avoit donnée, & en gratifia la Reine Gerberge fon épouse..... L'Histoire remarque qu'en ces temps-là les Rois de France étoient réduits à n'avoir presque aucun domaine où ils fuffent les maîtres, excepté quelques Maisons Royales & les villes, de Laon & de Reims, Grand nombre de leurs vassaux avoient plus de villes && de terres que les Rois ; & ils étoient spectateurs & quelquefois arbitres de plufieurs petites guerres souvent fort fanglantes que tous ces Comtes & ces Seigneurs se fai foient continuellement les uns aux autres. |