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dont la terre blanchâtre, fouvent mal cuite, n'a pas reçu la premiére couleur rouge. Il y en a d'autres dont la terre eft bien cuite & bien travaillée, & qui ne font recouverts que par la couleur rouge qui forme ou le fond ou les ornemens, & ces morceaux me paroiffent les moins communs. Toutes les couleurs noires ne font pas également belles. Il y en a qui font ternes & fans aucun éclat, & d'autres qui par leur mat & leur poli imitent en quelque façon l'émail de nos porcelaines. La couleur blanche qu'ils mettoient toûjours avec le pinceau fur les fonds, comme fur les efpaces découverts, n'a aucune tenue. C'est une efpéce de créte qui n'eft pas comparable pour la folidité aux couleurs dont je viens de parler; & c'eft pour cela, fans doute, qu'ils l'employoient avec tant de ménagement, & le plus fouvent pour des parties de coëffures,de braffelets ou de réveillons dans les ornemens. Les Etrufques ignoroient donc les moyens de mettre cette couleur au feu.

Ils

Je ne fçaurois paffer fous filence la mauvaise foi & l'impofture de certains Artistes. J'ai des vafes d'un vernis abfolument noir, paffé au feu & très-folide, fur lequel on a fait des figures de couleur rouge fimplement au pinceau, & qui font prefque toutes effacées. Ces ouvrages coûtoient beaucoup moins de peines & de foins; & il falloit être bon connoiffeur pour ne s'y pas tromper. produifoient le même effet en fortant de la main de l'ouvrier. On ne les a pas fait fans deffein, & c'eft, felon moi, une véritable friponnerie. Quoi qu'il en foit, les Etrufques n'employoient que le noir, le rouge & le blanc. Enfin on ne peut douter que pour conferver la propreté & l'exactitude de leurs ouvrages, ils ne fe foient fervis de ce que nous appellons des gazettes, c'eft-à-dire, des pots couverts, dans lefquels on fait cuire aujourd'hui les morceaux à l'abri de tout air extérieur. Ces recherches m'ont donc convaincu que ces ouvrages ont été faits avec autant de foin que les porcelaines. On peut même, indépendamment de leur antiquité,

antiquité, les regarder comme auffi précieux. Cependant la quantité que l'on en trouve nous affûre de l'abondance de ces manufactures, & du goût que toutes les Nations avoient en ce temps-là pour les ouvrages qu'elles produifoient. Quant à la matière, j'avoue que l'idée n'en eft pas favorable; mais je me contenterai de dire que connoiffoit rien de plus parfait que cette terre cuite, & qu'on employoit à la mettre en œuvre les mains des plus fameux Artistes.

No. II.

l'on ne

CETTE figure de bronze, dont la hauteur eft de quatre pouces fept lignes, eft deffinée de face & de profil. Elle a une forte de rapport avec les figures Egyptiennes; mais elle en diffère par des caractères diftinctifs, qui dépendent d'ufages & de modes que l'on remarque dans les Etrufques : telles font les treffes de cheveux tombant négligemment fur la poitrine, le bonnet dont la tête eft couverte, la chaussure ornée & relevée à son extrémité, enfin le pli de la robe qu'elle foûtient. Tout cela défigne & marque le temps où les Etrufques étoient entrés en commerce avec les Egyptiens, & nous apprend qu'ils employoient dans leurs ouvra ges quelque chofe de ce qu'ils voyoient faire à ce peuple. Si nous avions leurs Hiftoriens, ou du moins un Voyageur qui nous eût laiffé une defcription circonftanciée de leur pays, comme Paufanias nous en a laiffé une de la Gréce, nous ferions fans doute inftruits du commencement & des progrès de leurs Arts; & ce peuple nous feroit d'abord représenté comme ne fçachant point encore donner du mouvement & de l'action à fes figures de ronde boffe, ni leur féparer les jambes. Celle qui donne lieu à cet article, quoique très-ancienne, eft d'un fiécle plus éclairé. M.Gori, Muf.Etruf.t.1.p. qui en a rapporté une à-peu-près semblable, avoit d'abord cru qu'elle représentoit la Déeffe Ancharia. Mais comme

nous connoiffons d'autres monumens où cette Déeffe,

M

défignée par fon nom, fe montre fous les traits d'une Furie avec des aîles, & une hache à deux trenchants, peut-être faudroit-il abandonner la premiére explication de M.Gori, & ranger cette figure parmi celles qui font inconnues. J'ajoûterai feulement que celle-ci a été fondue maffif, & par un homme très-expérimenté dans l'art de la fonte; qu'elle eft attachée à une plinte quarrée, & percée de quatre trous qui fervoient à l'arrêter, & qui l'empêchoient de prendre la fuite; fuperftition fort commune parmi les Etrufques, & dont on verra bientôt un fecond exemple.

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Ce petit vase de terre cuite dont nous ignorons l'ufage, n'a qu'une ouverture pour recevoir & pour verfer la liqueur. Un trou de quatre lignes de diamètre le traverse dans le milieu, & n'a point de communication avec le dedans; on ne fçauroit rendre compte de fa destination. La forme du vase eft agréable: il eft fait avec une parfaite exactitude & une grande précision. Le vafe eft de forme ronde; fon diamétre a quatre pouces cinq lignes, & fa hauteur jusqu'à l'endroit le plus élevé de fon anfe, eft de quatre pouces deux lignes. Le vernis noir dont il eft recouvert eft d'une extrême beauté, & le travail vaut mieux que le deffein des figures dont il est orné. Elles font développées fous le même N°. on y voit un homme armé, la lance en arrêt, fur le point d'attaquer un fanglier qui eft déja percé d'un trait. Cette circonftance me feroit penfer qu'on a voulu rappeller ici l'idée de la chaffe du fanglier de Calydon, où fe trouva l'élite des Héros de la Gréce. Tous les Mythologues affûrent qu'il fut tué par Méléagre: mais Lib. 1. Apollodore rapporte qu'il reçut les premiéres bleffures de la main d'Atalante, & que cette Princesse lui perça le dos d'une fléche. L'Artifte n'ayant qu'un moment de

l'action à prendre, a repréfenté le fanglier déja bleffé, & fe jettant avec fureur fur Méléagre qui l'attend de pied ferme. On pourroit auffi, fans remonter à des temps fabuleux, regarder le fujet gravé fur ce vafe comme la fimple représentation d'une de ces chaffes fi fort en usage parmi les Etrufques. Quoi qu'il en foit, la figure du chaffeur est très-mal exécutée; & par la comparaifon qu'on en fera avec plufieurs de celles que l'on trouve dans ce Recueil, on fe convaincra que les Etrufques ont plus d'une fois changé de maniéres.

N°. II.

CET autre vafe également de terre cuite, eft de la même proportion que le précédent, & a dû fervir aux mêmes ufages. Cependant il est encore plus extraordinaire, à caufe de l'efpace vuide qui fe trouve dans le milieu de fa capacité, & dont le diamètre eft d'un pouce huit lignes. Par conféquent il contenoit encore moins de liqueur que le précédent. Il n'a d'ailleurs aucune efpéce d'ornement, & fa couleur eft fimplement noire.

N°. III.

pas

Muf. Etruf. t. 1. Pl. cxix. No. II.

JE regarde cette cornaline comme un des beaux monumens qui nous reftent des Etrufques. M. Gori l'a déja fait graver; mais l'empreinte qu'il en a publiée n'eft exacte. Elle représente Achille, dont le nom eft écrit fur la pierre en caractères Etrufques. Il tient d'une main fon bouclier, & de l'autre une espèce de bottine qui fervoit à couvrir le devant de la jambe. Il paroît que cette piéce entroit dans l'armure des Anciens, & qu'Homère l'a fouvent défignée par un terme que les Traducteurs rendent ordinairement par celui de cuiffart. On verra la preuve de ce que j'avance dans un paffage d'Homère. Ce grand Poëte voulant pein- Iliad. I, 1§ dre Achille qui fe prépare à venger la mort de Patrocle, dit que ce héros prit fa belle chauffure, & l'attacha fur fes

Iliad. liv. 19. Traduc. de Mad. Dacier,

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jambes avec des agraffes d'argent. Si l'on veut jetter les yeux fur la Planche XXVIII. de ce Recueil, No. I. on y remarquera que les bottines dont je parle étoient effectivement retenues par des courroies, & fans doute par des agraffes. Ces bottines étoient communément de cuir de bœuf, & quelquefois de cuivre. Voici le paffage d'Homère. Achille plein de rage & d'impatience prend les armes que Vulcain lui a faites. Il met les cuissars, couvre sa poitrine de fa cuiraffe étincelante: prend le baudrier d'où pend fa redoutable épée, & charge fon bras de ce » bouclier impénétrable, qui jette une clarté pareille à celle de l'aftre de la nuit..... Achille s'effaye fous ces ❤armes pour voir fi elles lui font propres, & fi fon corps fouple conferve toute fa liberté. »

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Je ne doute point que le Graveur en composant for fujet n'ait eu la defcription d'Homère en vûe; mais content d'en faifir l'efprit & les détails principaux, il s'eft donné des licences pour ne point charger fon fujet. Il a rejetté la cuiraffe & le baudrier, parce qu'ils l'auroient empêché de deffiner le nud de la figure, & de lui donner une attitude élégante. C'eft ainfi que les grands Artistes doivent rendre les fujets que fourniffent les Poëtes, en les préfentant du côté le plus avantageux pour leur Art, & fçachant à propos indiquer le tout par une partie. L'Artiste à qui nous devons cette pierre, a prouvé dans cette occafion que les Etrufques ont pouffé la gravûre en creux à la plus grande perfection, & qu'ils ont connu toutes les fineffes de ce genre de travail. La cornaline ne peut être mieux confervée, ni plus belle; elle eft en forme de fcarabée : & comme cet animal étoit facré chez les Egyptiens, qui le repréfentoient. fort fouvent, il en résulte que les Etrufques avoient emprunté d'eux quelques-uns de leurs usages. Du reste les pierres de cette forme avoient trop d'épaiffeur pour être portées au doigt, & elles font ordinairement percées dans le milieu de leur longueur. Je crois que les Etrufques

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