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AN. 1301. des Romains & reçu de lui de grands fiefs, s'est revolté & fait élire roi des Romains du vivant de ce prince; lui a fait la guerre & livré bataille où Adolfe a été tué, aprés quoi Alberts'eft fait élire de nouveau roi des Romains, & a commencé d'en exercer les fonctions, principalement en Allemagne. Or c'est à nous qu'appartient de droit d'examiner la perfonne de. celui qui eft élû roi des Romains, dele facrer & le couronner, ou le rejetter s'il eft indigne. C'est pourquoi nous vous ordonnons de dénoncer dans les lieux où vous le jugerez expedient, qu'Albert qui se prétend roi des Romains, comparoiffe devant nous dans fix mois par fes envoyez, fuffisamment autorisez & munis des pieces juftificatives de ses droits: pour fe purger, s'il le peut, du crime de léfe majesté commis contre le roi Adolfe, & de l'excommunication qu'il a encouruë en perfecutant le S. fiége & les autres églifes, & pour faire fur tous ces points ce que nous lui prefcrirons. Autrement nous défendrons étroitement aux électeurs & à tous les fujets de l'empire de le reconnoître pour roi des Romains, nous les déchargerons de leur ferment de fidelité; & nous procederons contre lui & les fauteurs spirituellement & temporellement, comme nous jugerons à propos.

H. Rebdorf. to..
Freher. p. 412.

En confequence de cet ordre du pape,les trois électeurs ecclefiaftiques, vers la faint Michel, c'est-à-dire à la fin de Septembre cette année 1301. appellerent Rodolfe duc de Baviere & comte Palatin, pour proceder contre Albert d'Autriche : car ils prétendoient que felon la coutume le comte Palatin du Rhin étoit le juge des inftances formées contre le roi des Romains. Ils l'accuferent donc d'avoir tué le roi Adolfe

fon

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Affaires d'Italie.
B bl.orient. p. 362.

Sanut. p. 249.

son seigneur, & par confequent d'être digne de re- AN. 1301. gner, ils fongeoiont à le dépofer. Albert irrité de cette procedure, fit la guerre aux trois archevêques électeurs, qui enfin s'accommoderent avec lui. Casan ou Gazan, fils d'Argon-Can, étoit empereur des Mogols depuis l'an 1264. de l'Hegire 694. & comme Mufulman il avoit pris le nom de Mahmoud. 363. En 1299. il entra en Syrie & donna bataille au Sultan Pocor.jupl. p. 2. 1 2. d'Egypte Nafer fils de Kelaon, qui avoit succedé à fon frere Halil. Nafer fut vaincu & les Mogols prirent Damas & toute la Syrie, mais ils la perdirent peu aprés. Pendant cette guerre Casan envoya au pape, au roi de France & à d'autres chrétiens des ambassa- Anton. to. 3.p.245deurs pour les exhorter à envoyer des troupes en Syrie & lui aider à conferver fes conquêtes, ce qui fut fans effet; parce que les princes chrétiens avoient d'autres affaires chacun chez eux.

Je ne voi que les Genois qui cette année firent un effort pour le fecours de la terre fainte, encore y furent-ils excités par la devotion de quelques femmes nobles des premieres familles de la ville, dont on en nomme neuf entre autres. Elles contribuerent de Rain. 1301. n.`zzi leursbiens jufqu'à leurs joyaux & leurs pierreries pour équiper une flotte, & elles attirerent d'autres femmes, dont quelques unes réfolurent de s'expofer aux perils & aux fatigues du voyage pour le fervice des croifez. Le pape Boniface leur écrivit, louant leur zele & leur courage; & il écrivit auffi aux quatre nobles Genois qui devoient commander la flotte; & craignant que les interêts particuliers les détournaffent de la fin principale de l'entreprise, il leur défendit de rebâtir ou fortifier aucune place dans la terre fainte,fans une perTome XIX,

B

n. 34.

n.35.

AN. 1301. miffion particuliere du faint fiége. La lettre eft duneuvième d'Août 1301. Le pape donna la commiffion à Porchetto Spinola de l'ordre des freres Mineurs, d'être le promoteur de cette entreprise & d'exciter les peuples à cette croifade. Or ce religieux avoit été facré archevêque de Genes, & ayant renoncé au titre, il étoit encore adminiftrateur de cette église, dont le pape lui rendit enfuite le titre. Mais cet armement des Genois n'eût aucun fuccés remarquable.

Rain. 1300. n. 10.

11.

Porchetto Spinola fut employé par le pape Boniface à reconcilierles Genois avec Charles le Boiteux roi de Sicile: car quelques uns d'entreux, particulierement des familles Doria & Spinola, avoient pris le parti de Frideric d'Arragon & des Siciliens qui le reconnoiffoient pour roi. C'est pourquoi le pape declara les Genois excommuniés par fa fentence publiée à Rome le jeudi faint feptième jour d'Avril 1300. mais ils furent touchés de cette cenfure, & envoyerent à Rome des ambaffadeurs pour faire leur paix avec le pape & le roi Charles. Porchetto en fut le mediateur & fit convenir la république de Genes d'un ¿dem. 1301.. 17. traité de commerce avec ce prince, qui fut approuvé & autorisé du pape par fa bulle du premier de Juin 1301. enfuite de quoy le pape donna commiffion à Porchetto d'abfoudre des cenfures ceux qui les avoient encouruës. La lettre eft du vingt-fixiéme d'Août.

Charles de Valois arriva peu de jours aprés à Anagui où étoit la cour de Rome, accompagné de plu fieurs feigneurs & de cinq cens chevaliers François. Id.1301.m. 11. 12. Il fut reçu fort gracieufement par le pape & les cardinaux ; & le troifiéme de Septembre le pape le fit capitaine general de l'église Romaine, avec pouvoir de

48.

Villani. VIII. c.

faire la guerre aux ennemis par lesquels elle étoit at- AN. 1301. taquée, & de traiter avec eux s'ils fe foumettoient. Le pape le fit auffi comte de Romagne & paciaire ou pacificateur de Toscane, & en cette qualité il entra le jour de la Touffaint à Florence, où le pape renvoya Rain. n. 143 un mois aprés le cardinal Matthieu d'Aquafparta en qualité de legat, pour travailler avec Charles à réunir les factions qui déchiroient cette grande ville. Or le principal objet du voyage de Charles de Valois étoit d'aider le roi Charles le Boiteux à recouvrer l'île de Sicile: c'eft pourquoi le pape lui donna des décimes à lever en France, en Italie, en Sicile, en Sardaigne, en Corfe, dans la principauté d'Achaïe, le duché d'Athênes & les îles voisines.

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VI.

Evêque de Pa

n. 38. Dfferends.

Cette année commencerent les fameux differends entre le pape Boniface & le roi Philippe le Bel, à l'oc- miers emprifonné. cafion de Bernard de Saiffet, premier évêque de Pa- ends. miers.Ce prélat fut denoncé au roi,comme ayant vou- P. 627. &c. lu perfuader au comte de Foix & au comte de Comminges, de fe révolter & fouftraire à l'obéïffance du roi la ville & le comté de Touloufe, nouvellement réuni à la couronne. On l'accufoit auffi d'avoir dit que la ville de Pamiers n'étoit point du royaume, qu'il ne tenoit rien du roi, que c'étoit un faux monoyeur, qu'il n'étoit pas legitime, & enfin qu'il ne valoit rien. Le roi fit informer de ces faits, qui furent prouvez par. 6340 une information juridique commencée le mercredi p. 629. d'aprés la Trinité vingt-quatrième de Mai 1301. Enfuite le roi fit venir à Senlis les grands de fon royaume, avec plufieurs docteurs, clercs & laïques ; & par leur conseil il fit arrêter l'évêque de Pamiers qui étoit prefent,& le mit à la garde de Gilles Afcelin archevêque

AN. 1301. de Narbonne fon metropolitain, afin qu'il lui fit fon

p. 630.

VII. Plaintes du pape

contre.

procés jufqu'à la dégradation, & que le roi pût enfuite le punir felon qu'il l'avoit merité. L'archevêque de Narbonne se chargea donc du prisonniet, du consentement de l'évêque de Senlis, qui lui prêta territoire pour cette acte de jurisdiction, & enfuite il obtint auffi le confentement de l'archevêque de Reims.

En même temps on réfolut qu'un envoyé du roi iroit informer le pape de tout ce qui s'étoit paffé; & ajoûteroit:Quoique le roi pût & dût envoyer auffi-tôt au fupplice un homme convaincu de tels crimes, qui font ceffer tout privilege : toutefois il a voulu suivre les traces de fes ancêtres, qui ont toûjours conservé les droits de leur église & de l'église Romaine leur mere. C'est pourquoi il vous prie, faint pere, de faire en cette occafion le devoir de votre charge, en dépoüillant le coupable de fon ordre & de tout privilege clerical: en forte que le roi puiffe en faire juftice, comme d'un fcelerat incorrigible. L'inftruction de l'envoyé continuoit ainfi. Le pape répondra vrai-femblablement qu'il ne peut condamner un homme fans qu'il foit convaincu, & qu'il faut prendre l'une des deux voyes,ou de lui envoyer l'évêque,ou d'examiner l'affaire en France ; & en ce dernier cas, il faudra voir fi on procedera devant le metropolitain & fes fuffragans, ou devant un legat ou d'autres commiffaires du faint fiége. Il faudra favoir encore fi le pape commettra feulement l'instruction de la cause, ou le jugement & même l'execution; & on doit déliberer fur tout ces points.

Mais le pape Boniface ayant apris l'emprisonnement de l'évêque de Pamiers,écrivitauroiPhilippeunelettre

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