dire avoir été un des plus excellens Poétes que nous ayons. Et le Public perd beaucoup de ce que quantité de fes Ouvrages n'ont point été imprimez. Je ne dis pas que ces Vers fe puiffent commodément chanter fur l'air de l'Hymne pour les Confeffeurs, parcequ'alors la fillabe feminine traîne un peu trop, & il faudroit refaire le chant Mais je foûtiens que c'es Vers, quoiqu'ils paroiffent bizares dans leur compofition & dans l'arrangement des paroles ne laiffent pas d'être trèsharmonieux, quand on les lit fans les chanter. En voici une ftrophe de fon Ode Saphique que j'ai trouvée par hazard dans un Recueil. Elle est adreffée à M. Blondel qui avoit été fon Gouverneur, & qui l'accompagna dans fon Voyage de la Laponie, elle me paroît bonne à toute épreuve 291599. 1013 J De ander 230.8. Parmi les Lapons & Meurs deferts fauvages s 9: Ma Mufe avec toi poliffoit fes Ouvrages, Sans que les Ours blancs qu'endormoient mes Chanfons, Troublaffent mes fons, &c. Que peuvent avoir de rude ces Vers à l'oreille même la plus délicate? ils ne peuvent fe chanter. Ola belle raifon qu'on les faffe tous mafculins, comme ils le doivent être, on les pourra chanter en François, de la même façon qu'en Latin; car il n'est pas de l'effence des Vers, généralement parlant, que les féminins foient mêlez avec les mafculins, comme je l'ai fait voir, excepté en certains Ouvrages où ils le doivent être abfolument', & où ce mêlange en fait même la plus grande beauté. 12 M. de Lomenie qui connoiffoit parfaitement la grace de ces fortes de Vers en François, que D. Lancelot n'a jamais été capable de fentir, refit par cette raison l'Ode dont je viens de parler, toute de Vers mafculins. La voici. ODE. Parmi les Lapons & leurs triftes déferts, Troublaffent mes fons. Mais helas! ici dès que je prends món Luth, Croi-tu faire honneur par tes Vers à Paris, Et Jamais fans tes Vers, on n'auroit enfermé Cela fe peut bien, lui dis-je, & toutefois, Or voici ces Vers de la maniere qu'il les avoit fait auparavant dans fon Ode, dont les rimes feminines jointes avec les mafculines, empêchent qu'on les chante. ODE. Parmi les Lapons & leurs déferts fauvages, Troublaffent mes fons. Mais ici, Blondel, dès que je prends ma Lyre Croi-tu faire honneur par tes Vers à la France, 6a30 Jamais fans tes Vers on ne t'eût mis en cage; Cela fe peut bien ; mais puifque point vous n'ê tes ? Refponds-je en grondant, du nombre des Poé tes, Certes tous les foux, mon frere, ne font pas Y Poétes, hélas ! Voila ce que j'avois à dire fur les Vers Saphiques en François. On ne peut douter qu'ils ne foient très-beaux quand ils font tous masculins; & fi ces derniers ne font pas excellens, ce n'eft pas la faute de leur Auteur; mais au moins font-ils paffables. Ils ne font mauvais qu'à caufe de la rime feminine qui ne doit pas être dans ces fortes de Vers, pour pouvoir être chantez. Cela feul en fait le défagrément. Mais puifque nous en fommes fur les Vers Saphiques en François, avant que de paffer plus avant, je vais en donner ici une Regle particuliere, |