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Provinces des prétentions peut-être 1542. fondées, mais bien moins reconnues,

bien moins faites pour attirer les regards de l'Europe que les prétentions fur le Milanès (1).

Il étoit aifé de voir que le nouveau plan étoit plus l'ouvrage des Miniftres que celui du Roi, qui n'avoit ceffé de tourner fes vues vers le Milanès, fon patrimoine, & la Couronne particuliere de fa branche. Il ne s'étoit fans doute prété au nouveau fyftême,que parce qu'on lui avoit perfuadé que la conquête de ces deux Provinces étant inattendue, feroit plus facile & procu→ reroit enfuite le Milanès par un échange. Mais tous les partisans de l'ancien ministère, les amis & les admirateurs de Montmorenci, les du Bellay fur-tout, n'épargnerent rien pour engager le Roi à fuivre fes anciens projets, à porter toutes fes forces du côté de l'Italie, à

(1) On rendra compte de ces préténtions fur le Luxembourg & fur le Rouffillon dans une des differtations qui feront placées à la fin de cette hiftoire.

faciliter

l'en

1542.

par fa présence ou par voi d'une puiffante armée le fuccès des intelligences qu'ils avoient ménagées dans le Piémont & dans le Milanès. Sur-tout ils le détournoient de la guerre du Rouffillon, ç'étoit, felon eux, la plus inacceffible des Provinces par où l'on pouvoit attaquer l'Empereur. Si l'on y alloit foible, on y feroit accablé, fi l'on y alloit en forces, on feroit affamé; on y trouveroit les Efpagnols plus redoutables fur leurs propres foyers que par-tout ailleurs, on y trouveroit l'Empereur avec l'élite de fes troupes que la tempête venoit de rejetter en Espagne, loin des côtes d'Al-_Sleidan, ger, où l'Empereur avoit tenté Commentar fans fuccès une expédition, dont il faut développer l'objet politi

que.

1. 14.

En général, lorsque l'Empereur avoit mis François.I. dans la néceffité de lui déclarer la guerre, il ne manquoit pas d'annoncer à l'Europe quelque grande expédition contre les Mahométans, foit qu'il.

1542.

fût en guerre avec eux, foit qu'il n'y fût point. Dans le premier cas, il empêchoit François I. de s'unir à eux par l'invitation qu'il faifoit à toutes les Puiffances Chrétiennes & à François I. lui-même de le fe→ conder dans cette guerre fainte. Ce n'eft pas qu'il fe flattât d'aveugler affez François I. fur fes intérêts ou de l'allarmer affez par un vain fcrupule, pour en tirer du fecours; mais au moins il troubloit fes préparatifs, il fufpendoit fa vengeance, il gagnoit du temps, & ce temps affoibliffoit l'indignation, rallentiffoit l'activité de la haine, & pouvoit amener d'autres conjonctures. S'il n'étoit pas en guerre avec les Mahométans, il la leur faifoit tout exprès pour em→ pêcher François I. de la lui faire; par-là il fubftituoit à une guerre dans laquelle les Puiffances de l'Europe pouvoient prendre parti contre lui, une guerre dans laquelle elles étoient obligées par honneur de le feconder, ou du moins de ne le pas troubler. Si François I.

s'élevant au-deffus de ces confidérations, s'uniffoit avec les Mahométans, l'Empereur le dénonceroit à la Chrétienté comme un ennemi public, il lui enleveroit fes alliés, & la religion fervant fa politique, il engageroit peut-être l'Europe entiere dans une efpece de guerre fainte où François I. joueroit le rôle d'allié du croiflant & d'abjurateur de la croix.

1542.

1. 14.

C'étoit dans cette vue qu'en 1536, après l'outrage fait à François I. dans la perfonne de Merveille fon Ambaffadeur, Charles-Quint s'étoit engagé dans l'expédition de Tunis; c'etoit dans la même vue qu'en 1541 , après l'affaffinat des Am- sleidan, baffadeurs François, il s'étoit hâté Commentar d'annoncer une expédition d'Alger. Cependant comme du Guaft avoit cru long-temps avoir trompé le Roi fur cet affaffinat, comme la fage diffimulation du Roi & de Langei pendant les informations qu'ils faifoient fur cette affaire, avoit entretenu à cet égard l'erreur de Charles Quint & de du Guaft, il étoit ar

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rivé que la déclaration de guerre 1542. faite par le Roi à l'Empereur, avoit

précédé le bruit de l'expédition d'Alger. Si ce bruit au contraire Belcar. 1. 226 eût précédé la déclaration de guerre, n. 56-7-8. vraisemblablement l'Empereur n'eût point exécuté l'entreprise d'Alger, & il eût accufé François I. d'avoir empêché une expédition plus glorieufe & plus utile à la Chrétienté que n'avoit été celle de Tunis, dont il s'étoit tant glorifié, quoiqu'en effet la Chrétienté n'en eût tiré aucun avantage, puifque Charles-Quint n'avoit fait que mettre un Mahometan, au lieu d'un autre, fur le thrône de Tunis. L'Empereur se voyant prévenu par la déclaration de guerre & par la conviction du crime qui y donnoit lieu, s'engagea promptement dans l'expédition d'Alger, pour que François n'ofât commencer les hoftilités. Cette expédition ne réuffit pas, les Algériens & la tempête repoufferent les Impériaux, l'Empereur perdit dans cette navigation quinze galeres, quatre-vingt fix vaiffeaux

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