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antiquité, les regarder comme auffi précieux. Cependant la quantité que l'on en trouve nous affûre de l'abondance de ces manufactures, & du goût que toutes les Nations avoient en ce temps-là pour les ouvrages qu'elles produifoient. Quant à la matiére, j'avoue que l'idée n'en eft pas favorable; mais je me contenterai de dire que connoiffoit rien de plus parfait que cette terre cuite, & qu'on employoit à la mettre en œuvre les mains des plus fameux Artistes.

N°. II.

l'on ne

CETTE figure de bronze, dont la hauteur eft de quatre pouces fept lignes, eft deffinée de face & de profil. Elle a une forte de rapport avec les figures Egyptiennes; mais elle en diffère par "des caractères diftinctifs, qui dépendent d'ufages & de modes que l'on remarque dans les Etrufques: telles font les treffes de cheveux tombant négligemment fur la poitrine, le bonnet dont la tête eft couverte, la chauffure ornée & relevée à fon extrémité, enfin le pli de la robe qu'elle foûtient. Tout cela défigne & marque le temps ой les Etrufques étoient entrés en commerce avec les Egyptiens, & nous apprend qu'ils employoient dans leurs ouvrages quelque chofe de ce qu'ils voyoient faire à ce peuple. Si nous avions leurs Hiftoriens, ou du moins un Voyageur qui nous eût lạiffé une defcription circonftanciée de leur pays, comme Paufanias nous en a laissé une de la Gréce, nous ferions fans doute inftruits du commencement & des progrès de leurs Arts; & ce peuple nous feroit d'abord représenté comme ne fçachant point encore donner du mouvement & de l'action à fes figures de ronde boffe, ni leur féparer les jambes. Celle qui donne lieu à cet article, quoique très-ancienne, eft d'un fiécle plus éclairé. M.Gori, Mus.Etruf.t.1.p.34 qui en a rapporté une à-peu-près femblable, avoit d'abord cru qu'elle représentoit la Déesse Ancharia. Mais comme nous connoiffons d'autres monumens où cette Déeffe,

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défignée par fon nom, fe montre fous les traits d'une Furie avec des aîles, & une hache à deux trenchants, peut-être faudroit-il abandonner la premiére explication de M.Gori, & ranger cette figure parmi celles qui font inconnues. J'ajoûterai feulement que celle-ci a été fondue maffif, & par un homme très-expérimenté dans l'art de la fonte; qu'elle eft attachée à une plinte quarrée, & percée de quatre trous qui fervoient à l'arrêter, & qui l'empêchoient de prendre la fuite; fuperftition fort commune parmi les Etrufques, & dont on verra bientôt un fecond exemple. XXX.

PLANCHE

N°. I.

Ce petit vafe de terre cuite dont nous ignorons l'ufage, n'a qu'une ouverture pour recevoir & pour verfer la liqueur. Un trou de quatre lignes de diamètre le traverse dans le milieu, & n'a point de communication avec le dedans; on ne fçauroit rendre compte de fa destination. La forme du vafe eft agréable: il eft fait avec une parfaite exactitude & une grande précision. Le vase eft de forme ronde; fon diamétre a quatre pouces cinq lignes, & sa hauteur jufqu'à l'endroit le plus élevé de fon anse, est de quatre pouces deux lignes. Le vernis noir dont il eft recouvert eft d'une extrême beauté, & le travail vaut mieux que le deffein des figures dont il eft orné. Elles font développées fous le même N°. on y voit un homme armé, la lance en arrêt, fur le point d'attaquer un fanglier qui eft déja percé d'un trait. Cette circonftance me feroit penfer qu'on a voulu rappeller ici l'idée de la chaffe du fanglier de Calydon, où fe trouva l'élite des Héros de la Gréce. Tous les Mythologues affûrent qu'il fut tué par Méléagre: mais Lib. 1. Apollodore rapporte qu'il reçut les premiéres blessures de la main d'Atalante, & que cette Princesse lui perça le dos d'une fléche. L'Artifte n'ayant qu'un moment de

l'action à prendre, a représenté le fanglier déja bleffé, & se jettant avec fureur fur Méléagre qui l'attend de pied ferme. On pourroit auffi, fans remonter à des temps fabuleux, regarder le fujet gravé fur ce vafe comme là fimple représentation d'une de ces chaffes fi fort en ufage parmi les Etrufques. Quoi qu'il en foit, la figure du chaffeur eft très-mal exécutée; & par la comparaifon qu'on en fera avec plufieurs de celles que l'on trouve dans ce Recueil, on fe convaincra que les Etrufques ont plus d'une fois changé de maniéres.

N°. II.

CET autre vafe également de terre cuite, eft de la même proportion que le précédent, & a dû fervir aux mêmes ufages. Cependant il eft encore plus extraordinaire, à caufe de l'efpace vuide qui fe trouve dans le milieu de fa capacité, & dont le diamètre eft d'un pouce huit lignes. Par conséquent il contenoit encore moins de liqueur que le précédent. Il n'a d'ailleurs aucune espéce d'ornement, & fa couleur eft fimplement noire.

N°. III.

Muf. Etruf.t. Ya Pl, cxix. No. II,

JE regarde cette cornaline comme un des beaux monumens qui nous reftent des Etrufques. M. Gori l'a déja fait graver; mais l'empreinte qu'il en a publiée n'eft pas exacte. Elle représente Achille, dont le nom eft écrit fur la pierre en caractères Etrufques. Il tient d'une main fon bouclier, & de l'autre une espéce de bottine qui fervoit à couvrir le devant de la jambe. Il paroît que cette piéce entroit dans l'armure des Anciens, & qu'Homère l'a fouvent défignée par un terme que les Traducteurs rendent ordinairement par celui de cuiffart. On verra la preuve de ce que j'avance dans un paffage d'Homère. Ce grand Poëte voulant pein- Iliad. I, 1 dre Achille qui fe prépare à venger la mort de Patrocle, que ce héros prit fa belle chauffure, & l'attacha fur fes

dit

Iliad. liv. 19. Traduc. de Mad. Dacier,

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jambes avec des agraffes d'argent. Si l'on veut jetter les
fur la Planche XXVIII. de ce Recueil, No. I. on y
yeux
remarquera que les bottines dont je parle étoient effecti-
vement retenues par des courroies, & fans doute par des
agraffes. Ces bottines étoient communément de cuir de
boeuf, & quelquefois de cuivre. Voici le paffage d'Homère.
Achille plein de rage & d'impatience prend les armes
» que Vulcain lui a faites. Il met les cuillars, couvre fa
poitrine de fa cuiraffe étincelante prend le baudrier
d'où pend fa redoutable épée, & charge fon bras de ce
» bouclier impénétrable, qui jette une clarté pareille à
celle de l'aftre de la nuit..... Achille s'essaye fous ces
» armes pour voir fi elles lui font propres, & fi fon corps
fouple conferve toute fa liberté. »

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Je ne doute point que le Graveur en compofant fon fujet n'ait eu la defcription d'Homère en vûe; mais content d'en faifir l'efprit & les détails principaux, il s'eft donné des licences pour ne point charger fon fujet. Il a rejetté la cuiraffe & le baudrier, parce qu'ils l'auroient empêché de deffiner le nud de la figure, & de lui donner une attitude élégante. C'eft ainfi que les grands Artiftes doivent rendre les fujets que fourniffent les Poëtes, en les préfentant du côté le plus avantageux pour leur Art, & fçachant à propos indiquer le tout par une partie. L'Artifte à qui nous devons cette pierre, a prouvé dans cette occafion que les Etrufques ont pouffé la gravûre en creux à la plus grande perfection, & qu'ils ont connu toutes les fineffes de ce genre de travail. La cornaline ne peut être mieux confervée, ni plus belle; elle eft en forme de scarabée : & comme cet animal étoit facré chez les Egyptiens, qui le repréfentoient fort fouvent, il en résulte que les Etrufques avoient emprunté d'eux quelques-uns de leurs ufages. Du refte les pierres de cette forme avoient trop d'épaiffeur pour être portées au doigt, & elles font ordinairement percées dans le milieu de leur longueur. Je crois que les Etrufques

les regardoient comme des amulettes, & qu'en les fufpendant au cou, ils avoient encore la liberté d'en tirer des empreintes, quand ils vouloient appofer leur cachet. Je donnai cette belle pierre à M. le Comte de Thoms, lorfqu'il fit fon dernier voyage de Paris: elle a, fans doute, eu le même fort que les autres antiques qui compofoient fon cabinet.

PLANCHE XXX I.

N. I.

PARMI les différentes danfes en ufage chez les Etrufques, il y en avoit une où l'on étoit armé de toutes piéces, & qui entroit dans les cérémonies de la Religion. Mrs. Buonarotti & Gori en ont rapporté plufieurs preuves tirées des monumens; & celui que je produis en fournit une nouvelle. C'est une figure de bronze dont la tête eft couverte d'un cafque, la poitrine d'une cuiraffe, & les jambes de bottines. Cette armure femble ne convenir que pour le combat: mais l'attitude de la figure annonce des difpofitions plus pacifiques. Si l'on fait attention que fon vifage frais & riant ne refpire que la joie, & qu'en général fon âge ne répond guère à la façon dont elle eft armée, on ne doutera plus que ce ne foit un danfeur. Les armes & les ornemens dont elles font enrichies ont beaucoup de relief; ce qui me perfuade qu'elles n'étoient que de toile, ou d'autres matiéres dont le poids n'étoit pas incommode. Le cafque eft furmonté d'un animal qui me paroît être une lionne, mais dont la tête eft caffée : le petit doigt de la main droite manque auffi à la figure : les prunelles de fes yeux font creuses, & n'ont pû recevoir que de fort petites pierreries. Les deux mains ont certainement tenu des attributs qui ne fubfiftent plus : & j'avoue que plus je lis le Dialogue de Lucien fur la danfe, & plus cette figure me rappelle les pantomimes dont cet Auteur nous a laiffé une description

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