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c'est-à-dire 1400, dont 275 dans la premiere année de l'enfance, 50 dans la feconde année, 45 dans la troifieme, & ainfi des autres âges, comme il est marqué dans la colonne des morts. Divifant comme ci-devant la fomme 48956, par ce qu'il en naît ou qu'il en meurt par an ; le quotient 35 montre qu'il naît & qu'il meurt tous les ans environ la trente-cinquieme partie des habitans de cette Ville. Si de ce quotient 35 on retranche 6 mois, on aura encore la vie

moyenne comme auparavant.

Ainfi on peut en cela considérer trois choses; fçavoir,

1o. La vie moyenne des habitans d'un lieu.
2o. Le nombre des habitans.

3°. Le nombre des naissances ou des morts de chaque année

Deux de ces chofes étant données, on trouvera toujours la troisieme, observant que pour avoir le nombre des naiffances ou des morts d'une année, il faut prendre ceux de 15 ou 20 ans, & prendre la 15o ou 20o partie de la fomme.

1o. Si on connoît le nombre des habitans d'un lieu d'où il ne fort & où il n'entre perfonne, & ce qu'il en naît ou qu'il en meurt par an, on trouvera leur vie moyenne en divifant le nombre

des habitans par le nombre des naissances ou des

morts d'une année, parce que retranchant 6 mois du quotient, le refte fera la vie moyenne, comme on l'a vu ci-dessus..

Les Curés des Campagnes, & même des pe tits bourgs, ou les autres perfonnes qui habitent dans un Bourg ou Village depuis long-tems, & qui connoiffent toutes les maifons du Village ou de la Paroiffe, & toutes les personnes qu'il y a dans chaque maison, ce qui eft aifé & ordinaire, pourront facilement connoître la vie moyenne des habitans de leur endroit par cette méthode, en la répétant plusieurs années de fuite, & prenant au bout d'un certain tems un terme moyen. entre toutes celles qu'ils auront trouvées.

Il faut pourtant remarquer que cette vie moyenne fera trop grande fi on divife par le nombre des morts, & trop petite fi on divife par le nombre des naissances, parce que dans les campagnes les nombres des Baptêmes pris dans un efpace de 15 ou 20 ans, excédent les nombres des morts, à caufe des jeunes gens qui s'engagent, ou des Ouvriers & Domeftiques de tout fexe, qui vont s'établir & mourir dans les grandes Villes; car elles ne font fi peuplées pour la plûpart qu'aux dépens des Campagnes, ainfi qu'on

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le verra plus particulierement ci-après.

On fera d'autant plus près du vrai, que les nombres des naiffances & ceux des morts feront plus approchans d'être égaux: & pour en approcher davantage, on pourra prendre pour divifeur la moitié de la fomme des naiffances & des morts, parce que les jeunes gens qui vont mourir ailleurs, quittent ordinairement leur pays aux environs de l'âge de 20 ans, qui eft à peu près la moitié de la vie moyenne des enfans qui naiffent en campagne. Au refte ceux qui font plus curieux de bien faire, fe ferviront auffi de la méthode qu'on a donnée ci-devant page 66 ; & en comparant ensemble les résultats, qui ne feront pas bien différens, ils en concluront une vie moyenne qui fera très-approchante du vrai.

2o. Si on connoît le nombre des habitans d'un lieu, & leur vie moyenne, on fçaura ce qu'il en doit communément mourir par an, parce que la vie moyenne, après y avoir ajouté 6 mois, exprime quelle partie il en doit mourir par an c'est-à-dire, ou la trente-cinquieme partie, ou la trente-huitieme, ou la quarante-troisieme, &c.

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3o. Enfin fi on connoît la vie moyenne des habitans d'une Ville, & ce qu'il en naît ou ce qu'il en meurt par an, on n'aura qu'à les multiplier

ensemble après avoir ajouté 6 mois à la vie moyenne, le produit fera le nombre des habitans d'autant plus approchant du vrai, que la Ville fera moins commerçante, ou moins fujette à un grand concours de monde.

Mais dans les grandes Villes, comme Paris, Lyon, Rouen, Bordeaux, & les autres Villes commerçantes, où il y a toujours un grand concours de monde, il y en meurt une moindre partie; car en fuppofant que dans les petites Villes il en meure la trente - cinquieme partie, ainsi que le donne l'ordre de mortalité de M. Kerfeboom, il en mourra tout au plus la quarantieme partie dans les grandes Villes, par deux raifons.

1o. Il y a continuellement dans ces Villes une quantité confidérable de personnes qui voyagent, foit Maîtres, Domestiques, ou Ouvriers, qui n'y restent qu'un certain tems, les uns plus, les autres moins, & s'en retournent ensuite chez eux ou ailleurs. Il eft vrai que pendant leur féjour la mort peut les prendre auffi-bien que les propres habitans; mais qu'on fasse attention que ceux qui voyagent, le font pendant les âges où la mortalité est la moindre: on ne voyage gueres avant l'âge de 15 ou 18 ans, & fort peu après 40 ou

so ans; ainfi les voyageurs de toute efpece vont dans les grandes Villes après avoir paffé les mortalités de l'enfance, & s'en retournent avant que la mortalité de la vieilleffe arrive: d'ailleurs ceux qui voyagent font presque tous des gens qui fe portent bien.

2o. La plus grande mortalité tombant toujours fur les enfans, il arrive en France qu'elle eft beaucoup moindre dans les grandes Villes, eu égard à ce qu'elle devroit être, qu'elle n'est partout ailleurs, parce qu'on envoye nourrir les enfans à 4, 6, ou 10 lieues, d'où on ne les retire pour la plûpart qu'à l'âge de 2 ou 3 ou même 4 ans; & alors il y en a plus de la moitié de morts, par toutes les raifons que j'ai rapportées ci-devant. Ce nombre fe trouve remplacé par autant, plus ou moins de gens qui quittent les campagnes pour venir s'y établir, la plûpart Ouvriers ou Domestiques, de tout fexe, qui y arrivent à l'âge de 15 ou 18 ans, après avoir échappé dans leur pays aux mortalités de l'enfance.

D'où il fuit que les grandes Villes manquent de personnes depuis la naissance jusqu'à l'âge de 15 ou 18 ans, à proportion de ce qu'il y en a pour les autres âges.

On voit par les vies moyennes de l'ordre de

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