CHAP. VI. CHRIST même est le Médiateur , qui a fait 6. Si JESUS-CHRIST étoit seulement mort , & non ressuscité, on pourroit craindre que son sacrifice n'eût pas été accepté, & qu'il nous eût laissé dans la difgrace de Dieu en succombant pour nous à la justice. Mais fà résurrection est une preuve que fa mort a .tout obtenu : c'est-à-dire, que nous avons tous été compris dans la mort, & que pous fommes tous, en lui des hommes nouveaux par sa résurrection : que nos anciens péchés sont demeurés en fevelis dans le tombeau ; qu'ils nous sont devenus étrangers ; que l'ancienne condannation ne nons Rom. 8. 1. regarde plus. Nihil nunc damnationis eft iis qui funt in Chrifto Jesu. 7. Mais JISUS-CHRIST n'est pas fcue lui & pour leinent ressuscité : il est assis dans le Ciel CHAD. VI. à la droite de Dieu , ou il parle & fait inItance pour nous. Il est entré dans tous les droits dûs au Fils de Dicu. Sa puissance dans le Ciel & dans la terre est sans bornes. Il peut sauver, absoudre, justifier qui il veut. Il ne doit compte à personne des ses graces & de ses miséricordes. Il peut & il fait tout ce que fait son Pere. Aucun n'a droit d'appeller à son Pere de ses jugemens. Il est aflis à sa drojte. Il a le inême trône que lui. Il a le même tribunal ; & nous ne slevons pas craindre que le Pere diminue , fufpende ou révoque ce que le Fils a ordonné par une autorité qui est la même que celle du Pere. 8. Mais si notre foi & notre espérance ont encore besoin d'être afferinics, confia dérons quel usage fait JESUS-CHRIST de l'auguste place qu'il occupe. à la droite dc son Pere. Il y continue le ministere & la fonction de Médiateur & de Pontife. Il y est même comme victime, puisqu'il y est avec ses plaies, & avec tous les fignes de fon immolation. Il y est vivant, & néanmoins comme un agneau égorgé, & dont le fang coule même sur l'autel : Vidi agnum Apoc.5. 6. staniem, tanquam occisum. Il y est plein des mêmes sentimens qu'il avoit pour nous sur la croix. Il continue d'y offrir des pricres que sa charité fçait allier avec la lowveraine puissance. Et il nous apprend par son Apôtre , qu'il exerce pour nous une sacrificature aussi réelle que celle du Calvaire, quoiqu'elle soit accompagnée de l'immortalité, & d'une gloire infinie. Qui est Rom. 8.34. Ad dexteram Dei, qui etiam interpellat pro nobis, 25. CY AP. VI. 9. Nous aurions pû croire que depuis qu'il est entré dans la gloire , il est moins sans espérer ce que saint Paul ajoute dans l'Epître aux Heb. 7. 24. Hébreux. » JESUS-CHRIST, dit-il, de »» meure éternellement, & il possede un sa- chent de Dieu par son entremise, étant pour intercéder pour 10. Le sacerdoce de JESUS CHRIST eft, éternel, & il faut par conséquent que Heb. 8. 3. son sacrifice le soit ausi. » Car tout Ponti » fe, dit le méine Apôtre , est établi pour qu'il offre à Dieu ». Mais quelle oblation peut être nécessaire après celle Heb, 10.10. qui a été faite sur le Calvaire ? Sanctificati jumus per oblationem corporis Jesu-Christi » nous. ellene peut être réïterée, selon la doctrine CHAP. VI. de faint Paul : jam 'non relinquitur pro peccatis hoftia. Il faut donc que dans le ciel 16. v. 26, même JESUS-CHRIST offre continuellement à son Pere ce qu'il a souffert pour nous sur la croix, & que ce sacrifice unique soit éternel, comme son sacerdoce est éternel : c'est-à-dire, qu'il soit toujours offert , toujours accepté; & qu'il soit toujours aufli présent au Pere, & aulli réel du côté du Fils par les dispositions, que lorsqu'il a été accompli sur le Calvaire : & qu'il nous donne dans tous les tems le inệine acces auprès de JESUS-CHRIST & de son Pere , que lorsque tout fut consommé sur l'autel de la croix, & que JESUS-CHRIST en baissant la tête expira. Et c'est pour cela , conclud saint Paul, que JESUS-CHRIST peut toujours sauver ceux qui s'approchent de Dieu par son entremise, parce que ni son sacrifice, ni son sacerdoce, ne sont point limités au tems, & qu'ils ne peuvent être interrompus. Sempiternum habet facer- Heb.7. 24. dotium : unde salvare in perpetuum poteft 25. accedentes per semetipsum ad Deum: semper vivens ad interpellandum pro nobis. f. 11. En nous donnant son Fils , Dieu nous 4 tout donné. C'eft fur ce don qu'eft fondée la firme assurance des' élús. Pour douter de fon effet, il faudroit douter de la route. puissance du Pere dos de la divinité du Fils. 1. COMMENT après un tel don que Dieu nous a fait de son fils, don qui subsite ru: ce que CHAP. VI. toujours , don éternel & irrévocable, don qui est toujours actuel, & qui a dans tous les instans la même efficace & la même ver comment , dis-je, après un tel don pourrions-nous craindre que Dieu n'eût inis quelques bornes, ou quelques réserves à no, tre égard dans ses autres dons : En livrant son Fils pour nous, il nous a tour donné. Tous les trésors sont dans son Fils , & toutes les richesses sont dans la croix de ce Fils. Il n'y a rien que nous ne puissions espérer. Il n'y a rien qui ne nous soit permis. Les graces les plus puissantes, les secours les plus efficaces, la victoire des plus terribles & des plus longues épreuves, la persévérance au milieu de les démons & les hommes peuvent emploier de plus séduisant ou de plus cruel, le triomphe de la charité sur l'enfer & sur le siecle conjurés contre elle , font partie du don que le Pere nous a fait en livrant pour nous son Fils à la mort ? Rom. 8. 32. Quomodo non etiam cum illo omnia nobis donavit ? 2. Et c'est en effet sur ce principe que saint Ib. v.38.39. „ Paul ajoute aussi-tôt , qu'il est certain que ni la mort, ni la vie , ni les anges , ni les » principautés, ni les puissances, ni les cho» ses présentes, ni les futures, ni la hau» teur, ni la profondeur, ni toute autre créa» ture, ne nous pourra séparer de l'amour de Dieu en J. C. notre Seigneur a-dire , que ni le desir de la vie, ni la crainre de la mort , ni lcs démons pleins d'envie, ni les plus puissans d'entre-eux , soutenus par les princes du siecle , ni les persécutions préfentes , ni les furures , ni la violence la plus déclarée, ni l'artifice le plus secretement con 37 נכ ». C'esta duit, |