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La force de la grace de JESUSCHRIST n'empêchoit pas Martyrs de fentir de la triftef fe, de l'ennui, de l'accablement. Ces vérités doivent confoler les foibles, & faire trembler les forts, qui ne peuvent continuer de l'être, que par T'humilité la priere. Exemple de faint Pierre.

1. Il ne faut pas même penfer que cette force, quoique réelle & trèspuiffante, empêchất les Martyrs de fentir leur foibleffe, & par une fuite néceffaire de fentir de la trifteffe, de l'ennui, & même de l'accablement dans de certaines occafions. S. Paulqui défiroit avec tant d'ardeur de fouffrir pour JESUS-CHRIST, & qui mettoit toute fa gloire dans fa croix, avoue aux Corinthiens que les maux dont il avoit été accablé en Afie avoient été au-deffus de fes forces.Je fuis bien aife, leur dit-il, que 2. Cor. 1. 8. 9.

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CHAP. IV.

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vous fçachiez l'affliction qui nous » eft furvenue en Afie, qui a été telle, que la pefanteur des maux dont » nous nous fommes trouvé accablés, » a été exceffive, & au-deffus de nos forces, jufqu'à nous rendre même » la vie ennuieufe. Supra modum gravati fumus, fupra virtutem, ita ut taderet nos etiam vivere. L'humilité, qui eft inféparable de la vérité, éclate dans ces paroles. Un homme moins fincere fe garderoit bien de parler ainfi à fes difciples. Mais faint Paul veut que les Corinthiens foient infruits de fes difpofitions fecrettes, & que fes maux lui ont paru exceffifs qu'ils ont été au-deffus de fes forces & qu'ils lui ont rendu la vie ennuieufe. Et pourquoi veut-il qu'ils en foient inftruits? Afin qu'ils ne fe faffent pas, une fauffe idée du courage chrétien, & de la grace de JESUS. CHRIST, qui en eft le principe ; qu'ils ne croient, pas que la patience, lors même qu'elle eft réelle, & digne d'un Apôtre exclue toujours le fentiment de fa foibleffe, & celui du poids qui l'accable; qu'ils ne diffimulent pas ce fentiment par l'affectation d'un cou

*

fage étranger, dont l'orgueil foit la CHAP. IV
fource; & qu'ils apprennent que là
perfévérance dans les épreuves eft ac-
cordée à l'humilité, à l'aveu de fon
infirmité, à l'inftance dans la priere
qui attend & qui demande un puiffant
fecours à JESUS CHRIST. « Nous
avons reçû, continue faint Paul,
dans nous-mêmes une réponse de «
mort» (c'est-à-dire, nous n'avons
trouvé dans nous aucune force ni au-
cune reffource: nous avons éprouvé
que le fonds de la vie & du courage
n'étoit point en nous) « afin que nous
ne miffions point notre confiance «
en nous, mais en Dieu qui reffufcite «
les morts: Ut non fimus fidentes in no
bis, fed in Deo qui fufcitat mortuos.

2. Le même Apôtre, dans la même 2. Cor. 1. v. J Epître aux Corinthiens, parle de fes 9. perfécutions & de fes fouffrances en général d'une maniere très capable de nous inftruire de la vraie patience & du véritable effet de la grace de

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pour lui.

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JESUS-CHRISTdans ceux qui fouffrent » Nous fommes preffés » dit-il, par toutes fortes d'afflictions, mais au milieu des détreffes nous»ne fommes pas refferrés dans le fond du cœur. Nous nous trouvons dans des difficultés infurmontables, mais nous n'y fuccombons pas » néanmoins. Nous fommes perfécutés, mais non pas abandonnés. Nous » fommes abbattus, mais non entiere»ment perdus. Ces états que faint. Paul regarde comme différens, & qui le font en effet, paroiffent bien voifins à notre foibleffe, & le paroiffent encore davantage à l'orgueil. Car où eft la différence entre ces deux états? "Etre abbattu, & n'être pas entiere»ment perdu: être dans des difficultés infurmontables, & n'en être pas » vaincu ? » Aporiamur, fed non defti tuimur : dejicimur, fed non perimus. Nous voudrions que l'intervalle entre le danger & la perfévérance fût plus grand; que le courage fût hautement & pleinement fupérieur ; & que non-feulement on ne fût pas entierement renversé, mais qu'on ne fût ni abbattu, ni même ébranlé. Mais

la fageffe de Dieu eft bien différente CHAP. IV, de nos penfées. La grace de JESUSCHRIST nous foutient, mais ne nous cache pas le fonds de notre foibleffe. Elle nous infpire le courage, mais en nous faifant fentir qu'il vient d'elle & non

pas de nous, « Nous

portons ce tréfor dans des vafes « 2. Cor. 4. Jì de terre, dit faint Paul, afin qu'il foit évident que la force toute-puif fante qui eft en nous, vient de Dieu, « & non pas de nous. » Habemus the faurum iftum in vafis fictilibus, ut fublimitas fit virtutis Dei, & non ex nobis. 3. Les foibles qui avouent leur foibleffe, & qui defirent d'avoir plus de force & plus de courage, font confolés par les vérités que faint Paul vient de nous enfeigner. Car ils ne pouvoient croire que les grands hommes fuffent quelquefois fi voifins de leur état; & l'idée qu'ils s'étoient formée de leur conftance & de leur fermeté dans les épreuves & dans les maux qui les environnent, leur ôtoit l'espérance d'arriver jamais jufqu'à une patience fi héroïque. Mais quand ils fçavent que cette patience eft Compatible avec le fentiment de l'in

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