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AN. 1160.

1160. le douziéme de Février, le pape Victor fut mené en proceffion de l'églife de S. Sauveur hors de la ville où il logcoit à l'églife cathédrale : l'empereur le reçût à la porte, lui tint l'étrier comme il defcendoit de cheval, le prit par la main, le conduifit jufques à l'autel & lui baifa les pieds: nous les baifâmes tous auffi. Le lendemain famedi le pape en plein concile & nous avec lui, tenant des cierges allumez, anathematisâmes le chancelier Roland fchifmatique, & fes principaux fauteurs. Nous vous prions donc & vous exhortons à tenir pour ferme & arrêté ce que l'église assemblée a ordonné, & à prier pour la confervation du pape Victor. La lettre eft souscrite premierement par Arnold arPeregrin patriarche d'Aquilée, puis par chevêque de Maïence, Artuic de Brême, Rainald de Cologne & Vicman de Magdebourg : ces qua- P. c. 72; tre archevêques étoient presens avec quelques-uns de leurs fuffragans: les archevêques de Belançon, d'Arles, de Lion, de Vienne & Gui évêque élû de Ravenne confentirent feulement par leurs deputez. On void auffi les foufcriptions des évêques de Fermo, de Ferentine, de Mantouë, de Bergame & de Faïence. Mais il n'y a pas grande fûreté à ces souscriptions, comme il paroît par celle du roi d'Angleterre. Car nous alons voir qu'il n'adhera pas à ce concile, non plus que l'archevêque de Treves, qui étant demeuré malade en chemin envoïa des lettres d'excuse.

L'empereur Frideric écrivit auffi à Eberard archevêque de Salfbourg & à ses suffragans une let

XLIII.

Suite du concile
de Pavie.
Radev. c. 69.

par

tre où il insiste principalement fur la prétenduë AN. 1160. conjuration faite contre lui du vivant du pape Adrien le chancelier Roland; & en apporte cette preuve : Comme nous déliberions fur ce qu'il y avoit à faire touchant le schisme, l'archevêque de Tarantaise, les abbez de Clairvaux, de Morimond & dix autres, furvinrent comme fi Dieu les eût envoïez, demandant la paix pour les Milanois. Nous leur dîmes nôtre intention & ils retournerent à Milan, pour favoir celle du peuple, qui leur répondit : Nous fommes engagez par ferment au pape & aux cardinaux, de ne point faire de paix avec l'empereur fans leur confentement. Les abbez repliquerent : Vous n'êtes plus engagez au pape puifqu'il eft mort. Mais, reprirent les Milanois, nous fommes engagez aux cardinaux & eux à nous. L'empereur avoue enfuite qu'on reprochoit au pape Victor d'avoir été élu par le moindre nombre des cardinaux : la lettre est du quinziéme de Février.

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Eberard évêque de Bamberg qui étoit auprès de l'empereur écrivit en fon particulier à l'archevêque de Salfbourg, ce qui s'étoit paflé à Pavie. D'abord, dit-il, prefque tous étoient d'avis de differer, jufques à une plus grande conoiffance de l'affaire & un concile plus general: toutefois le parti du pape Victor l'a emporté, principalement à caufe de la conjuration contre l'empire. Ainfi nous l'avons reçu, par l'efperance de la paix & de l'union entre le roïaume & le facerdoce. Et enfuite: L'envoïé du roi de France a promis que fon maî

tre ne reconoîtra ni l'un ni l'autre, jufques à ce qu'il ait reçû les envoïez de l'empereur; l'envoïé AN 1160. du roi d'Angleterre a promis qu'il feroit la même chose. Les archevêques d'Arles, de Vienne, de Lion & de Befançon ont confenti par leurs lettres & leurs députez. Čelui de Treves eft le feul de cette partie d'Allemagne qui n'ait pas consenti : mais ses fuffragans l'ont tous fait. Il ne refte que vous.

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Henri prevôt de Berthefgade écrivit auffi à l'ar- c.72. chevêque de Salfbourg fur le même fujet ; & fa lettre contient plufieurs particularitez remarquables du concile de Pavie. Le patriarche d'Aquilée, ditil,& quelques autres,ont obéi,à caufe des befoins de l'empire: fauf la cenfure de l'église catholique. Les évêques de Bamberg, de Paffau & de Ratisbone, ont imité le patriarche. Pour la confirmation de ce qui a été fait on envoye des députez: favoir l'archevêque de Cologne en France, l'évêque de Verdun en Espagne, & celui de Prague en Hongrie. L'empereur Frideric envoïa auffi aux rois d'Angle- c. 72, terre, de Danemarc, & de Boheme & à l'empereur Manuel,

Toutes ces lettres furent écrites à Eberard archevêque de Salfbourg, parce que s'étant mis en chemin pour venir au concile de Pavic: il tomba griévement malade à Vienne ; & fut obligé de s'y arrêter & de retourner chez lui. Ici finit l'hiftoire c. 73. de l'empereur Frideric écrite par Radevic chanoine de Frifingue, & importante pas les pieces qu'il y a infcrées. Gunther, qui a mis en vers la même hiftoire dans fon poëme intitulé Ligurinus, finit anssi

au même endroit : c'eft-à-dire au commencement AN. 1160. du fchifme d'Alexandre & d'Octavien, & à l'entrée de l'empereur à Pavic après la prife de Crême.

Baron.

L'empereur Frideric publia enfuite un édit par tous ses états : c'est-à-dire en Italie & en Allemagne, par lequel il ordonnoit à tous les évêques de reAlta. Alex. Ap. connoître le pape Victor, fous peine de banniffcment perpetuel. Plufieurs choifirent l'exil plûtôt que d'entrer dans le fchifme; & à leur place on mit par violence des partifans de l'antipape: ce qui caufa un grand trouble dans l'églife. Alexandre de fon côté après avoir plufieurs fois exhorté Frideric à revenir de fon erreur, l'excommunia folemnellement à Anagni le jeudi faint vingt-quatriéme de Mars 1160. étant affifté des évêques & des cardinaux, & en même tems fuivant la coûtume ancienne de fes predeceffeurs, il déclara tous ceux qui avoient juré fidelité à ce prince abfous de leur ferment. Ainfi parle l'auteur de la vie d'Alexandre : mais nous avons vû que cette coûtume n'avoit consup- liv-1x11. n. mencé qu'à Gregoire. VII. environ quatre-vingt ans auparavant ; & il ne paroît pas que Frideric ait été moins obéi ni moins reconnu empereur après cette excommunication que devant. Alexandre renouvella auffi l'excommunication contre Octavien & fes complices ; & pour diffiper les menfonges qu'ils avoient répandus de tous côtez, il envoïa des légats en divers provinces.

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XLIV.

S. Eberard de Sals

bourg.

Vita tom. 2. Ca

mis. p. 287.

Eberard archevêque de Salfbourg étoit de la premicre nobleffe de Baviere, né vers l'an 1085. fes parens l'envoïerent étudier à Bamberg où aprés

AN. 1159.

avoir été quelque tems chanoine, il embraffa la
la vie monaftique dans l'abbaïe de S. Michel. Mais
les chanoines l'en retirerent malgré lui, & l'en- p. 28.
voïerent étudier en France, jufques
jufques à ce que

fes

cheveux fuffent revenus. A fon retour il fe retira chez fes parens en Baviere ; & après avoir longtems deliberé, il rentra dans le monaftere à l'âge de quarante ans, avec la permiffion de l'évêque faint Otton & du chapitre de Bamberg. Cependant fes freres aïant fondé un monaftere dans une de leurs terres nommé Bibourg, le demanderent pour abbé, & furent cinq ans fans le pouvoir obtenir : jufques à ce qu'Eberard étant allé à Rome avec l'évêque de Bamberg, ce S. prélat le fit connoître au pape Innocent II. & à qui il parla du defir qu'avoient les moines de Bibourg de l'avoir pour abbé. Le pape l'obligea d'accepter, & lui donna lui-même la benediction abbatiale. Il gouverna cette maison naissante avec beaucoup de regularité & de prudence, exerçant liberalement l'hofpitalité & repandant au dehors de grandes aumônes en forte qu'il ne gardoit de provifions, que ce qui étoit neceffaire d'une recolte à l'autre." II y avoit quatorze ans qu'il gouvernoit l'abbaïe de Bibourg, lorfque le fiége de Salfbourg vint à vaquer par la mort de l'archevêque Conrad, & il fut élu pour lui fucceder d'un commun confentement des évêques de la province, du clergé & du peuple de l'églife vacante. Il ne changea rien à l'austerité de fa vie depuis fon élevation, & augmenta ses aumônes à proportion de ses reve

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