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çois de Montmorency, maréchal de France & gou-
verneur de Roüen, de s'y transporter avec des trou- A N. 1571.
pes: on lui joignit quelques confeillers du parle-
ment de Paris connus pour leur probité, & leur
éloignement de toute faction. Après qu'on eut fait
les informations néceffaires, quelques-uns des cou-
pables furent punis du dernier fupplice, d'autres
furent bannis, & un grand nombre fut condamné
à des amendes. Trois cens qui s'étoient sauvez fu-
rent condamnez à mort par contumace, & pendus
en effigie; ce qui calma un peu les Proteftans.

LXXVI.
Révolte dans

Calvinistes.

De Thou ut fup:

La ville d'Orange qui appartenoit à la maison de Naffau, avoit été agitée de pareils troubles un mois Orange contre les auparavant. Quoique le roi de France eût mis garnifon dans la citadelle, ceux du comtat Venaiffin, qui eft de l'obéiffance du pape, avoient excité les peuples d'Orange à fe révolter contre les Proteftans ; & le tumulte dura trois jours entiers, pendant lesquels plufieurs furent tuez, & d'autres dangereusement blessez. Mommejan à qui Damville avoit confié le commandement de la citadelle, empêcha par fes foins & par fa prudence, que la fureur du peuple n'allât plus loin. Louis de Nassau qui étoit à la Rochelle aïant appris cette nouvelle, s'en plaignit par lettres au roi au nom du prince d'Orange fon frere, & demanda à sa majefté, que fuivant l'édit on pût mettre un homme de confiance dans la ville pour contenir les habitans dans leur devoir. Le roi y confentit volontiers, & Berchon aïant été reçû dans Orange, ufa d'abord d'une grande modération, invita les féditieux qui s'étoient retirez dans la crainte du châtiment, à revenir, & rétablit le calme: Tome XXXV.

N

mais quelques mois après aïant fait informer secréA N. 1571. tement contr'eux, il fit prendre les plus coupables, & leur procès fut fait par des juges que le roi avoit fait venir du Dauphiné & du Languedoc : quelques-uns furent punis de mort, d'autres bannis ou condamnez à des amendes pécuniaires, & les abfens profcrits.

LXXVII. Charles IX. fait

Paris, & va au parlement.

De Thou, loco fup. lib. 5o. pag.

757

Ces troubles étant appaifez, Charles IX. jugea à fon entrée dans propos de faire fon entrée folemnelle à Paris, qui fut fuivie quatre jours après de celle de la reine Elibeth fa femme,fille de l'empereur Maximilien. Le roi tint ensuite son lit de justice au parlement, où il dit en substance: Que plus il faifoit de reflexions fur les malheurs qu'il avoit effuïez depuis fon avénement à la couronne, plus il reconnoiffoit qu'il avoit sujet de remercier Dieu, qui avoit pris un foin particulier de lui dès fon enfance, & qu'après Dieu il devoit en remercier la reine fa mere ; que c'étoit par l'amour qu'elle avoit eu pour lui & pour la France, que le roïaume avoit été confervé au milieu des troubles des guerres civiles qu'à préfent qu'elles étoient affoupies, il ne lui reftoit qu'à profiter des instructions de la reine pour regner avec équité, & travailler à conferver la paix qu'il l'efperoit ainfi avec l'assistance du Tout-puiffant, & les confeils falutaires de la reine fa mere, des ducs d'Anjou & d'Alençon fes freres, avec lefquels il étoit très-uni; & qui fe prêteroient volontiers avec zéle aux befoins de fon roïaume; il ajouta : Qu'il paroiffoit au milieu de fon parlement, pour déplorer avec lui l'etat préfent des affaires, la corruption des mœurs qui avoit paffé dans tous les ordres de l'état, parmi

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les juges, comme parmi les inférieurs, & dans les
cours fouveraines du roïaume.

AN. 1571.

Or, comme je fçai, continua-t'il, que la tran-
quillité publique dépend de l'exactitude avec laquel
le on rend la juftice, je crois devoir surtout faire
enforte, que les abus introduits par un mauvais
usage foient foigneufement réformez : & comme
vous furpaffez les autres en autorité, vous devez
auffi leur fervir d'exemple ; vous qui tenez ma place
dans le premier parlement du roïaume; vous à qui
j'ai confié ma puiffance, avec la fortune & la vie du
peuple dont Dieu m'a chargé ; je veux que la réfor-
mation commence par vous, afin que vous puif-
fiez diminuer devant Dieu le compte que j'aurai à
lui rendre ; & que vous affuriez le repos public en
rendant également la justice à un chacun fans inte-
rêt & fans faveur. Il faut donc éloigner de vous
tout ce qui pourroit avoir le moindre foupçon d'a-
varice, & bannir de votre compagnie ceux qui fe-
roient atteints de ce défaut, de peur que l'averfion
que le peuple en aura conçûë, ne s'étende à tous
les autres. Eloignez de vous les factions, les partis,
les brigues, & tout ce qui eft contraire à la vraïe
justice, observez religieufement les conftitutions &
les édits ; & fçachez que vous êtes établis pour obéïr
aux loix, & non pas pour vous mettre au-deffus
d'elles & les méprifer.

Le roi leur exposa ensuite, que s'il y avoit dans
les ordres qu'il leur donnoit, quelque chofe qui
méritât qu'on lui fit des remontrances
ils pou-
voient le faire fans differer, & qu'il les écouteroit
favorablement ; mais que quand ils feroient affurez

>

AN. 1571.

de sa volonté, il vouloit qu'ils obéïffent fans difputer plus long-tems avec leur roi & leur feigneur, parce qu'il entendoit fes affaires mieux que perfonne, & qu'il s'en réservoit le jugement. Qu'ils devoient fe tenir dans les bornes de la modération, comme étant établis par leur fouverain, pour rendre également la juftice aux parties, punir les crimes & observer les édits ; qu'ils pouvoient être asfurez d'obtenir des honneurs & de gagner sa bienveillance pour le prix de leur foumiflion, & qu'en faifant le contraire, ils s'attireroient infailliblement fon indignation : qu'il enjoignoit donc aux présidens de s'affembler extraordinairement, avec quatre confeillers déleguez de la cour, aux jours & heures qui leur fembleroient les plus commodes, ou au palais, ou dans leurs maisons, & de mettre leurs avis par écrit, fur ce qu'ils jugeroient le plus convenable pour la juftice & la correction des mœurs, & qu'on le lui envoïât auffi-tôt. Le premier préfident Chriftophle de Thou, répondant au roi au nom du parlement, affura fa majefté, que chacun fe conduiroit de telle maniere, qu'on reconnoîtroit qu'ils n'avoient rien de plus à cœur, que de fe conformer à fes volontez dans l'adminiftration de la justice.

LXXVIII.
Demandes des

députez de la Ro

chelle au roi.

De hout fu

Fib. so pag. 759.

Les députez de la Rochelle qui étoient toujours à la cour, demanderent plufieurs chofes au roi, entr'autres : Qu'on rétablit dans le confeil le chancelier de l'Hôpital : Qu'on retirât de Guienne le marquis de Villars, qu'on avoit fait fucceder à Montluc : Qu'on éloignât de la cour & des affaires le cardinal de Lorraine & le duc de Guife: Qu'on

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reftituât au prince de Condé le château de Valery ; &
fur tout, que les fentences, arrêts & jugemens ren-
dus contre les Proteftans pendant la guerre en hai-
ne de la religion, fussent cassez & de nul effet;
que ceux qui avoient été condamnez fuffent rétablis
dans leurs biens, dans leur réputation & dans leurs
honneurs, & que tous les monumens qui en ref-
toient fuffent abolis, afin d'oublier les chofes paf-
fées. Le fondement de cette derniere demande étoit
l'affaire arrivée il y avoit trois ans à Philippe Gâti-
nes, riche marchand à Paris, & homme de bien,
qui aïant été accusé d'avoir tenu des assemblées noc-
turnes en fa maifon contre les édits du roi, & d'a-
voir permis qu'on y eût fait la céne, avoit été con-
damné à mort avec Richard fon frere, & Nicolas
Croquet fon beaufrere; tous leurs biens avoient
été confifquez; & l'on avoit ajoûté à la severité de
ce jugement, rendu à la follicitation des factieux,
que la maifon de Gâtines dans la ruë faint Denis,
où l'affemblée avoit été tenuë, feroit rafée, la pla-
ce renduë publique, & que pour conferver à
per-
petuité la memoire de cette execution, on у éleve-
roit une pyramide, fur laquelle feroit gravée la fen-
tence de mort.

Les députés de la Rochelle demanderent donc que cette fentence fût caffée ; que la pyramide dreffée en la place de la maifon de Gâtines, & qui representoit une croix, fût renversée, pour abolir le fouvenir d'une pareille injuftice, & que la memoire du défunt fût réhabilitée. Le roi crut cette demande juste : mais ceux qui favorifoient les seditieux, perfuaderent, que fi l'on ôtoit ce monuN iij

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