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Jujet dans les Ecrivains qui l'avoient précedé. Cet article n'eft gueres plus certain que le premier : car Callimaque qui a précedé Timagéne de plus de deux cens cinquante ans, dit que les Gaulois étoient de la race des derniers Titans. Oazóvas Teräres. Hymn. in Delum. Vers. 174. & c'eft ce qu'on ne lit point dans Timágéne; fans dou te, parce que cette origine s'accor doit autant avec celle que Cefar nous a fait connoître, qu'elle impliquoit contradiction avec les fables, dont Timagéne étoit amoureux. Car enfin, que penfer du filence que cet Ecrivain garde fur l'origine, dont les Gaulois fe vantoient? Mais n'approfondiffons pas davantage cette queftion, & contentons-nous de convenir que tout préjugé à part, & eu égard au Paganisme répandu dans tout l'univers, l'origine que Cefar nous a laiffée des Gaulois, eft parfaitement conforme au génie de la nation, & fervoit de fondement à un usage fingulier, établi de tout tems dans les Gaules, qui la faifoit remonter aux fiécles les plus reculés. E

Pag. 65.

Timagéne avoit découvert, dit-on, des chofes jufqu'alors ignorées. Ammien Marcellin, fur la foi duquel on parle, Le trompe. Timagéne n'a fait des découvertes que dans le païs des fables: encore la plupart de celles qu'il propofe, fe trouvent-elles dans Diodore de Sicile, dans Denys d'Halicarnaffe, & dáns quelques autres Auteurs fes contemporains : ce qui leur ôte le mérite de découvertes.

§. II.

Ni les Aborigénes d'Italie, ni les Aborigenes des Gaules n'étoient point Liguriens d'origine. Notion exacte du terme Aborigéne.

Voilà donc fur quelles autorités, & par quelles raifons je me fuis » convaincu, que les Aborigénes d'ltalie étoient venus des Liguriens : » mais je n'ai pû m'empêcher auffi de me perfuader, que ceux des Gaules devoient avoir la même origi"ne. Un même nom, les mêmes moeurs, la même fituation par rap

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port aux Liguriens, ne font pas les feuls motifs qui m'ont déterminé é; & j'ai cru en trouver de plus forts « encore dans l'hiftoire desLiguriens & des Celtes. ""

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Lib. 1.

L'Auteur moderne auroit dû s'épargner la peine d'étudier toutes les combinaisons, qui devoient le convaincre que les Aborigénes d'Italie étoient venus des Liguriens, puifque le fondement de fa conviction étoit renverfé dès le tems d'Augufte: car on lit dans Denys d'Halicarnaffe, qu'il y avoit alors plufieurs Ecri- P. *. vains affez FABULEUX, pour foûtenir que les Aborigénes étoient une colonie des Liguriens, peuple limitrophe des Ombriens. Amor de Aguar ἀποίκες μυθολογόσιν αυτής γενέθαι, τῶν ἱμο ρέντων Ομβρικοῖς. Un femblable témoi gnage de Strabon devoit de même l'empêcher de donner dans le piege où fon érudition l'a entraîné, en lui perfuadant que ceux qu'il appelle les Aborigénes des Gaules, avoient la même origine que les Aborigénes d'Italie: Quoique les Liguriens, dit l'excel- Strab.1. lent Géographe que je viens de citer, 17.

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conviennent affez pour les mœurs avec les Gaulois, ils ont pourtant une origine differente. Οὗτοι δ' ἑτεροεθνεῖς μέν έτσι παρα πλήσιοι δὲ τοῖς βίοις. Pour branler un principe auffi conftant, fi ancien, & fi univerfellement reçu, il faut quelque chose de plus, que des inductions tirées par les cheveux de quelques paffages, qu'un homme d'efprit tourne du côté qui lui eft le plus favorable.

L'Auteur moderne pourroit bien être cet homme d'efprit: car pour pouvoir donner aux Gaulois, auffibien qu'aux Aborigénes d'Italie une origine Ligurienne, il traduit ainfi ce paffage d'Ammien Marcellin: Aborigines primos in his regionibus, (Galliæ) quidam visos effe firmarunt, Quelques-uns ont affuré, que les » premiers habitans qui parurent dans »les Gaules, étoient des Aborigé»nes; au lieu de le rendre ainfi dans fon fens propre & naturel ; « Certains Auteurs ont affuré, que les pre>>miers habitans qui ont paru dans les Gaules, étoient Aborigénes:,, car le terme d'Aborigénes n'eft point emploié ici pour marquer l'origine, ou

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plutôt la race des Gaulois, mais leur état, leur qualité, en un mot des Autochtones, des Indigénes femblables à ceux qu'on plaçoit dans divers païs fort éloignés les uns des autres, qui ne se devoient rien, qui ne tenoient ensemble par aucun lien; & enfin, qui n'étoient venus d'aucun endroit de la terre dans celui où ils ont été connus pour la premiere fois : tels que Tacite représente les Germains, qu'il appelle en conféquence Indigénes, terme qui répond exactement à l'Aborigenes de Timagéne, qui a cru que les Gaulois étoient dans le cas. Ipfos Germanos Indigenas crediderim minimèque aliarum gentium adventibus hofpitiis mixtos, &c. Tacit. de mor. Germ. c. 1.

S. III.

Les Liguriens fe difoient Ambrons d'origine, & non pas Ombriens. Vraïe étymologie du mot Om

brien.

Plutarque nous apprend que tous « Pag. 65. les Liguriens fe donnoient eux-mê- »

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