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à vingt-quatre, il prétend que quelques Anciens les ont portées jusqu'à trente-trois ans, ÒC ont donné aux successions des Rois , la même durée. Pour justifier Terreur de cette estimation, M. Newton parcourt la plupart des anciens Roïaumes, ÒC il trouve que dans tel Roïaume on a fait régner chaque Roi l'un portant l'autre quarante-cinq ans, ce qui lui paroît absolument contraire à Tordre de la nature. II est bien difficile de reconnoîcre avec M. Newton qu'on a égalé les Successions des Rois aux Générations, parce que comme Tobserve le Pere Souciet , si le fait étoit sûr , la durée de chaque règne seroit la même. Tout ce que j'ai pû découvrir, est que M. Newton sans s'arrêter à la durée de chaque règne en particulier d'une Monarchie, recueille la somme totale de tous les règnes ; suivant cette méthode on trouve que cette partie de son Système est exactement vraie ; c'est ainsi,dit-il, qu'on fait régner les sept Rois de Rome qui précédèrent les Consuls, deux cens quarantequatre ans , ce qui revient à trente-cinq ans. pour chacun. II soutient que suivant Tordre de la nature, il y a beaucoup à diminuer de cette somme. Je laiíse à décider, s'il est permis à un Chronologiste d'envisager ainsi la duréc-totale des règnes d'une Monarchie , tandis que celle de chaque règne particulier ne renferme rien qui soit contraire aux loix de la nature. Si pour soutenir cette Hypothèse , il ne faut que des exemples, j'avoue qu'on ne peut les disputer à M.Nevvton.Il passe en revue plusieurs Monarchies anciennes ÔC modernes; ôí de ces diíFerens calcujs il resuke cjue le plus long règne l'un portant l'autre ne s étend pas au-delà de vingt-deux ans. On s'appercevra aisément que le Chronologiste Anglois varie encore fur l'évaluation des Successions ; il leur donne Ij. 18. &Czo. ans &: plus. II ne faut

Í>oint douter que l'incertitude de la Chronoogie ne lait empêché de porter cette partie de son Système, jusqu'à la derniere précision.

Quoique M. Newton ait retranché un intervalle de tems si considérable, il replace les mêmes évenemens; nul vuide dans son Système 3 les Rois imaginaires , c'est-à-dire, ceux dont on ne connoit aucun exploit mémorable ni aucun monument, difparoissent aussi bien que les Rois aufquels la corruption du nom d'un seul Prince avoit donné l'existence. Les Sçavans jugeront si ces conjectures font; toujours heureuses.

Je n'ignore pas que le Système de Monsieur Newton est regardé, comme une nouveauté trop hardie > cependant quand on se représente que l'ancienne histoire Profane est rem-, plie de confusion, que les Grecs qui ont écrit tard , font célèbres par leurs mensonges &C par leurs impostures, &c que les Egyptiens entêtés d'une chimérique antiquité ont rempli de fictions leur Histoire ; il est difficile de condamner un génie du premier ordre , qui cherche à s'ouvrir une route nouvelle pour débrouiller ce cahos. Que si l'on considère avec attention l'enchaînement heureux de ses idées, le mélange ingénieux des faits de tcute espece, les détails Chronologiques heureusement préservés de cette sécheresse qui semble inséparable de la science des tems , les Tableaux que forment l'origine des Bourgs èc des Villes, la naissance des Sciences . & des Arts ; enfin les conséquences qui naissent si rapidement des faits empruntés des anciens Auteurs 5 en faveur de tant de beautés, ceux même qui n'adopteront pas ses idées, pardonneront a un tel Ecrivain la liberté qu'il s'est donnée.

II me suffit d'avoir marqué les principaux fondemens du nouveau Syltême > les détails, en font immenses 5 le Lecteur sçavant en jugéra mieux par la lecture même de l'Ouvrage. Si à la vûe d'un simple extraie, les Adveríai- PaR< res de M. Newton ont conçu une haute idée 2J3J"p, de son esprit &C de sa capacité, s'ils y ont ap- Soucict* perçu une abondance d'érudition & de sagacité , &C des biais ingénieux pour tâcher d'ajuster tout à son Système; quelle plus noble idée ne se formeront-ils pas de l'Ouvrage entier ? En effet tout ce qui peut servir à rendre l'Erudition curieuse , s'y trouve rassemblé , Mythologie neuve ô£ ingénieuse, Corn* binaisons heureuses, évenëmens rapprochés avec beaucoup d'art, détails curieux, recherches profondes, allusions finement démêlées , étymologies sçavantes s voilà en gros ce qui frappera tout esprit non prévenu ; on doit surtout admirer 1 étendue de ces connoissances , dans le plus célèbre de tous les Géomètres \ on sçait que ces Messieurs dament à grand honneur de mépriser la science des faits.

Mr. Conduitt s'est formé la même idée de cet Ouvrage 5 voici comme il s'explique dans son Epître Dedicatoire. „ Quoiqu'il ne s'agisse que de Chronologie , l'Auteur qui „ avoit orné son esprit d'une infinité de connoissances , semé de tems en tems des remarques fur disserens sujets, &c ces princi

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„ pes de vertu Ô£ d'humanité qui semblent „ toûjours avoir dominé dans son cœur, èc „ avoir été la règle constante de toutes ses „ actions j aussi ces sentimens brillent dans „ tous les écrits ; on voit encore dans cet „ Ouvrage, l'Astronomie, Ô£ des Observa„ tions exactes fur le cours de la nature, venir „ au secours des autres parties de l'Erudition, „ pour éclairer l'antiquité; on appercevra la „ pénétration ô£ la sagacité particulière à ce „ grand Auteur, dans la manière avec laquel„ le il dissipe les nuages formés par la Fable „ èc par l'Érreur. Quel spectacle plus agrea„ ble, que la naissance des Arts & des Scien„ ces, àc fur-tout de la plus noble &c de la plus „ utile science , dans laquelle M. Newton „ surpassa en peu d'années tous les Sçavans qui „ Tavoient précédé."

On fçait que les Anglois se piquent de courage d'esprit , & qu'ils abusent quelquefois de la liberté de penser 5 je ne voudrois point assurer , qu'il n y a rien dans cet ouvrage qui se reíïente de cet excès j je prie le Lecteur de ne point le mettre fur le compte du Traducteur, qui comme on fçait, n est que l'éco de son Original.

II ne me convient point de rien dire sur

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