Imágenes de páginas
PDF
EPUB

vérité pour base, dans le commencement où le virus fait fa première impreffion, peut-elle être fondée lorsqu'on confidère le mal dans un période plus avancé, & l'Auteur ne prend-il pas trop fur lui, d'affirmer qu'un homme ayant la gonorrhée, peut voir impunément une femme faine, en prenant foin toutefois de nettoyer les parties de la matière qui les abreuve, foit en pouffant quelques injections dans l'urèthre, en urinant, ou en lavant le gland? Nous paffons fous filence les faits que nous pourrions alléguer contre une pareille opinion, tout Praticien employé dans ce genre de maladie, pouvant en fournir plufieurs, qui font absolument contre. On trouvera dans cet ouvrage bien des opinions neuves fur la communication du virus vénérien, fur les effets qu'il opère tant fur le lieu où il a été primitivement appliqué, que quand il a paffé dans la conftitution. La gonorrhée, les chancres & le bubon, affections qui chacune font les effets d'une même caufe, dont l'action varie à raifon de la difpofition générale, & de l'organisation particulière des parties affectées, ont chacun leur article où rien de ce qui peut intéreffer foit du côté de la théorie ou de la pratique, n'a été omis.

On y trouvera des opinions fingulières, qui confirmées par des faits, femblent devoir entraîner la conviction entière. Mais ici nous ne nous rendons garans de rien, laissant aux lecteurs après la discussion qu'il feront des faits, à prendre le parti

qui leur paroîtra le plus convenable. Tel eft notam ment l'article de la gonorrhée, où l'on trouve qu'une perfonne, attaquée de cette maladie, peut impunément voir une femme gâtée, fans courir les risques d'une nouvelle infection, a quelquetems de la contagion que la copulation ait lieu, pourvu cependant que les effets en foient encore exiftans. Nous pourrions peut-être faire valoir cette affertion par quelques faits propres à la confirmer, mais dans une matière auffi férieufe, dont l'importance eft fi grande dans l'ordre moral comme dans l'ordre civil, nous aimons mieux les passer fous filence, que de les faire fervir à établir une doctrine, qui une fois admife, ouvriroit la carrière à nombre de dérèglemens.

[ocr errors]

Un article que l'Auteur a cru devoir faire entrer dans fon ouvrage, eft celui où il traite des diverfes maladies de l'urèthre. Il eft naturellement conduit à un pareil examen, par toutes les réflexions qu'il a eues occafion de faire précédemment sur l'inflammation, les hémorrhagies du canal & la cordée de la verge. C'eft dans cette partie où brille le génie de l'obfervation, allié à l'invention 'des moyens les plus propres à remplir les indications variées que préfente une maladie opiniâtre, dont la caufe fouvent cachée fe fouftrait à l'homme ordinaire. Les rétréciffemens, les brides, & toutes les affections de l'urèthre, qui tendent à diminuer le diamètre de ce canal, font rapportées toutes féparément, leurs caufes font développées dans

une étendue qui ne laisse rien à défirer, mais notre Auteur s'appuye particulièrement fur le traitement chirurgical, propre à chacune de ces affections, & les lumières qu'il répand fur chacun de ces objets, déja touchés par tant de mains ont tout le mérite de la nouveauté, fous fa plume.

[ocr errors]

Partifan de la méthode des cauftiques, que peut-être on a trop dépréciée, parce quelle a été jusqu'ici abandonnée à des mains ferviles, que ne guidoit point un efprit judicieux, il détaille les cas où elle a été avantageufe dans le rétréciffement de l'urèthre, & à ce fujet il rapporte une obfervation qui prouve combien il eft utile dans le traitement des maladies anciennes, d'allier aux connoiffances de leurs moyens curatifs, la hardiesse & la fagacité dans le choix, & l'usage qu'on en fait. On verra avec plaifir à ce fujet, un portepierre de fon invention, qu'il conseille de porter jufqu'au fond de l'urèthre, pour corroder les brides ou rétrécissemens, qui ordinairement ont des fuites fi fâcheufes. L'auteur confeille le même moyen pour le traitement des carnofités de l'urèthre, qu'il admet, fondé fur l'obfervation de deux faits qu'il rapporte. Il reconnoît & avec raison, l'impoffibilité de diftinguer fur le vivant ces fortes d'excroiffances, des autres vices de l'urèthre, qui s'oppofent au libre cours des urines. Malgré cet aveu, & celui de la rareté de ces affections, on eft étonné de la manière prompte avec laquelle il fe décide

fur la méthode des cauftiques qu'il admet comme moyen curatif d'un mal dont la nature eft fi difficile à établir. Dans l'énumération des caufes qui peuvent obftruer le canal de l'urèthre, les diverfes affections de la glande proftate ne font point oubliées. Les fecours momentanés que demande la maladie, font détaillés, & les bains de mer confeillés comme moyen curatif radical, d'après l'obfervation de deux faits. Ce genre de remède qu'on néglige trop, eft en général fans contredit, un moyen qui n'eft point affez apprécié dans tous les cas d'engorgemens des glandes & notamment dans ceux qui tiennent d'un caractère fcrophuleux. Allié aux fetons, aux alkalis fixes intérieurement à petite dofe, & aux purgatifs fouvent réitérés, on opère par leur moyen des guérifons qui tiennent du prodige. Cette obfervation devroit réveiller l'attention des Praticiens ; les Chirurgiens en Angleterre, beaucoup plus jaloux des progrès de l'Art, que d'une réputation qui ne s'élève & ne fe foutient fouvent que par des moyens qui éteignent toute émulation quelconque, ont été en pareil cas, plus loin qu'aucun de toute autre Nation. Ils ont paffé un feton felon la direction du périnée, de manière que les orifices fuffent éloignés de deux pouces l'un de l'autre, & le fuccès a répondu à leur attente.

Parmi nombre d'articles acceffoires à la matière principale, telle que ceux des affections de la veffie, qui fuccèdent aux vices de l'urèthre, la

dilatation des uretères, les écoulemens de la proftate, & des véhicules féminales, & l'atrophie des testicules, s'en trouve un qui mérite la plus grande attention, c'est celui qui traite de l'impuiffance. Parmi les diverfes caufes qui amènent cet état déplorable, où l'homme fruftré des qualités de fon sexe, gémit fur le fort qui le retranche de la fociété où il porteroit la perfpective continuelle de fon malheur, la mafturbation n'y eft point oubliée; mais ici l'Auteur penfe que la maladie arrive trop rarement pour prendre fon origine d'une caufe qui eft fi générale. Il va plus loin, il pense & affirme même que la mafturbation elle-même fait généralement moins de mal à la conftitution, que la coïtion naturelle. Cette opinion eft fans contredit une de celles de notre Auteur, qui mérite le plus la cenfure. Heureufement elle n'est défendue ni par des exemples, ni par des argumens propres à exciter la conviction. Il a paru déja beaucoup d'Ouvrages, où l'on a détaillé tous les malheurs que cette fource cachée verfe fur l'humanité; & quand les livres n'en feroient point mention; ces fquelettes ambulans qui offrent partout la mort, fous les emblêmes de leurs dérèglements, fourniroient affez de preuves pour anéantir les fpécieux argumens de notre Auteur.

Toutes ces confidérations mifes en avant, forment autant d'avenues qui conduifent à l'histoire de la vérole confirmée. Notre Auteur examine ici nombre de points importans, avant de paffer aux

« AnteriorContinuar »