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36.

tivement, & entre dans le détail des connoiffances que ces Sages y avoient puifées, & qu'ils avoient enfuite communiquées aux Grecs. «Les Prêtres lisent » dans leurs Annales, dit cet Auteur (a), « qu'on avoit (a) L. 1. & » vû chez eux. Orphée, Musée, Mélampe & Dedale, ( car je ne parle pas d'Homere ni des autres qui avoient fait le même voyage dans des temps pofterieurs à la Guerre de Troye ) & il n'en eft » aucun d'eux, du paffage ou du fejour duquel on » ne montre quelque marque; comme, leur Portrait, ou quelque Ouvrage, ou même quelque lieu qui porte leur nom. Ils donnent auffi diverfes preuves, qui font voir que tous ces Sages ont ti» ré de l'Egypte ce qu'il y a eu de plus merveil>>leux dans les Sciences qu'ils ont profeffées : Orphée, difent les Egyptiens, a rapporté de fon voyage fes Mysteres, fes Orgies, & toute la Fable » de l'Enfer.

» On dit que c'est Mélampe, qui a apporté du » même Pays les Fêtes de Bacchus en Grece, la Fa>> ble de Saturne, le Combat des Titans, les perils & les malheurs des Dieux, &c.

Il est inutile de fuivre préfentement cet Auteur dans les autres détails où il entre à ce fujet ; j'en ai parlé ailleurs ; mais toûjours eft-il certain que ces Sages puiferent en Egypte plufieurs connoiffances concernant fa Religion & fes mysteres. Herodote (b) convient que ce même Mélampe, (6) L. 2. c. Homme Sage & éclairé, avoit appris des Egyptiens,

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& enfeigné enfuite aux Grecs, ce qui regardoit le culte & les myfteres de Bacchus, à quelques changements près qu'il avoit introduits de fon chef. Il eft vrai qu'il y a cette difference entre ces deux Auteurs, que Diodore de Sicile afsûre que Melampe avoit puifé ces connoiffances en Egypte, où il avoit voyagé, au lieu qu'Herodote dit qu'il les tenoit de Cadmus; mais cela revient au même pour mon deffein.

Les Grecs ont donc eu affez de fecours, pour connoître & nous tranfmettre l'Hiftoire des Dieux, & de plus grands encore pour celle des Heros; & dès-là tombe l'objection que j'ai propofée.

Comme une Mythologie doit renfermer non feulement tout ce qui regarde les Dieux & les Heros, en expliquer les Fables, les ramener à leurs fources; mais qu'elle doit contenir encore le Systême de l'Idolatrie, fon origine, fes progrès, & tout ce qui concerne le Culte & les Ceremonies du Paganisme, j'ai fait entrer dans celle que je donne aujourd'hui, toutes ces differentes matieres ; & voici l'ordre dans lequel j'ai cru devoir les arranger.

Après avoir examiné dans le premier Chapitre quelles doivent être les connoiffances d'un Mythologue, & exposé ce que je penfe des differens Ouvrages que nous avons fur la Mythologie, je tâche de prouver dans les fuivants, la verité des Fables: fen rapporte les differentes fources, les divifions,

&c. & c'est la matiere du premier Livre, qui eft une espece d'Introduction néceffaire à l'intelligence de l'Ouvrage. Le fecond contient les differentes Theogonies des Peuples connus ; des Chaldéens, des Pheniciens, des Egyptiens, des Atlantides, des Grecs, des Indiens, des Chinois, & des Sauvages de l'Amerique; & c'eft-là qu'on verra ce qu'ils ont penfé de la formation du monde, & de l'origine de leurs Dieux. Je traite dans le troifiéme de l'origine & du progrès de l'Idolatrie : j'y fais voir à quel excès elle fut portée, & le nombre infini de Dieux qu'elle adopta. Paffant enfuite au Culte de ces Dieux, je parle des Victimes, des Sacrifices, & des Inftruments dont on fe fervoit dans cet acte de Religion; des Prêtres, des Temples, des Autels, des Bois-Sacrés, des Afyles, des Fêtes, &c. Dans la quatrième, qui eft une fuite du troifiéme, je traite des Superftitions que l'Idolatrie autorifoit; ce qui me donne lieu de parler des Oracles, des Sibylles, des differentes fortes de Divination, des Aufpices, des Aruspices, des Augures, de l'Aftrologie judiciaire, de la Magie, des Préfages, des Prodiges des Expiations, des Dévouemens, des Evocations, &c. J'expofe dans le cinquiéme les fentimens des Philofophes, des Hiftoriens & des Poëtes, fur la nature des Dieux & des Genies, que le Paganisme avoit introduits; & après avoir divifé ces Dieux & ces Genies en differentes Claffes, je finis ce Traité de l'Idolatrie par des Reflexions generales, égale

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ment propres à en faire voir l'abfurdité, & l'excès où elle fut portée.

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Mais comme ce n'eft pas affez d'avoir fait connoître ces Dieux en general, & que je dois en donner une idée plus précife & une Hiftoire plus détaillée, je parle d'abord de ceux des Egyptiens des Arabes leurs voifins, & de ceux des Ethiopiens. De-là je paffe à ceux des Carthaginois & des autres Peuples de l'Afrique, dont la Religion nous eft connue ; & c'eft-là la matiere du fixiéme Livre. Je traite dans le septiéme, de ceux des Chaldéens des Syriens, des Pheniciens, des Perfes, des Cappadociens, & des autres Peuples d'Afie; & je pouffe ces recherches jufqu'à ceux des Scythes, des Sarmates, & des autres Peuples du Nord de l'Afie, & c'est par l'Hiftoire de ces Dieux que finit le premier Volume.

Le fecond contient l'Hiftoire des Dieux de l'Europe; c'est-à-dire, de ceux des Grecs, des Romains, des Gaulois, des Germains, des Espagnols, &c. matiere immense que j'ai divisée en plusieurs Livres.

Enfin dans le troifiéme je parle des Heros & des Demi-Dieux : & pour en donner une connoiffance plus particuliere, j'entre dans le fond de l'Hiftoire ancienne de la Grece, de celles des Peuples qui l'habitoient, & de tous les évenemens qui la rendirent celebre; & j'ai terminé ce Volume par l'explication des Fables, qui n'ont aucune liaison avec les faits rapportés dans les trois Volumes.

On trouve à la tête de chaque Volume une Table des Chapitres, qui fait connoître avec plus de détail tous les fujets que je traite, & à la fin du troifiéme, une Table generale, que j'ai tâché de rendre la plus utile qu'il a été poffible.

Quelques Perfonnes auroient souhaité que j'eusse mis dans cette Ouvrageles Figures des Dieux, & j'avoue qu'elles en auroient facilité l'intelligence, & m'auroient épargné fouvent des détails; mais outre qu'elles en auroient beaucoup augmenté le prix, jai crâ qu'il fuffifoit d'indiquer les Livres où elles fe trouvent; Livres aujourd'hui assez répandus & affez

connus.

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