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GÉNÉRALE
DES HUNS,

DES TURCS, DES MOGOLS,

ET DES AUTRES

TARTARES

OCCIDENTAUX, &c.

AVANT ET DEPUIS JESUS-CHRIST JUSQU'A PRESENT;

Précédée d'une INTRODUCTION contenant des TABLES Chronol.
& Hiftoriques des Princes qui ont regné dans l'Afie.
OUVRAGE TIRÉ DES LIVRES CHINOIS,
& des Manufcrits Orientaux de la Bibliotheque du Roi.
Par M. DEGUIGNES, de l'Académie Royale des Infcriptions &
Belles-Lettres, Cenfeur. Royal, Interprête du Roi pour les Langues
Orientales, & Membre de la Société Royale de Londres.

SUITE DES MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRes.

TOME PREMIER, PARTIE PREMIERE.

AUSAN

A PARIS,

LIBERTE PATRIE

Chez DESAINT & SAILLANT, rue S. Jean-de-Beauvais.

M. DC C. L V I.

Avec Approbation & Privilege du Roi.

PREFACE.

E me propofe de donner dans cet Ouvrage l'Histoire d'une Nation prefque ignorée, qui a établi en différens tems de puiffantes Monarchies dans l'Afie, l'Europe & l'Afrique. Les Huns, qui ont porté dans la fuite le nom de Turcs, originaires d'un pays fitué au Nord de la Chine, entre les fleuves Irtifch & Amour, se font emparés peu à peu de toute la grande Tartarie. Depuis l'an 200 avant J. C. plufieurs familles Royales ont regné fucceffivement dans ces vaftes pays; il y a eu des Empires plus étendus que celui de Rome, des Empereurs illuftres, des Légiflateurs & des Conquérans qui ont donné naiffance à des révolutions confidérables. Nous n'avons qu'une connoiffance très-imparfaite de tous ces événemens. Les peuples du Turkeftan font regardés comme des Barbares, qui n'ont paru avec éclat que fous Genghiz-khan.

C'est une partie de l'Hiftoire univerfelle, qui doit d'autant plus mériter notre attention, que ces Turcs ont contribué à la deftructión de l'Empire Romain, ravagé la France, l'Italie, la Germanie, & tous les pays du Nord de l'Europe, ruiné l'Empire des Khalifs, poffédé la Terre-Sainte; enfin, qu'ils ont eu de fréquens démêlés avec les François. J'ai cru qu'un Ouvrage qui renfermeroit l'origine d'un Peuple fi célebre pendant près de 2000 ans, ne feroit pas moins agréable au Public, que l'Hiftoire des autres Peuples étrangers, qu'il paroît recevoir avec quelque empreffement. Le champ est vaste, & n'a pas été défriché. Jusqu'à préfent nous n'avons eu rien de fuivi ni d'étendu fur les Huns. Je n'ai trouvé, pour ainfi dire, que des phrases dispersées dans un prodigieux nombre de volumes qu'il a fallu rapprocher & comparer. Je fuis bien éloigné de penfer avec un Auteur du fiécle, que les Turcs ne méritent guère plus que l'on recherche leur origine & leur hiftoire, que les loups & les tygres de leurs pays. Les hommes font partout les mêmes, & fouvent avec cette groffiéreté qui les rend méprifables à des yeux prévenus, ils ont moins de vices, plus de franchise, plus de droiture, plus de bonne foi, & peut-être en général plus de vertus folides. Cette réflexion que présente à tout instant la lecture de l'Hiftoire, eft bien capable d'humilier notre amour-propre, & de nous faire rabattre de l'opinion avantageufe que la vanité nous porte à concevoir fi aifément de nousmêmes. Nous n'imitons pas en tout les Grecs ni

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