Balu vit. entiere contrainte de la part du peuple Ro main. En effet Urbain VI. qui étoit d'un natu pap. Aven. rel auftere, aïant indifpofé les cardinaux conto. 2. p. 816. tre lui, treize d'entr'eux, qui étoient François, fe retirerent d'abord à Anagnie ville de l'état ecclefiaftique, où ils eurent permiffion d'aller, fous prétexte d'éviter les grandes chaleurs de Rome; & de-là ils écrivirent une lettre à Urbain VI. lui-même, où, bien loin de lui donner le titre de pape, comme ils faifoient auparavant, ils le traitent d'apoftat, d'antechrift & d'ufurpateur, lui déclarent que le danger d'être maflacrez par le peuple qui obfedoit le conclave, & qui les menaçoit de mort, s'ils n'élifoient un Romain ou un Italien, les avoit forcez de l'élire précipitamment contre leur gré, contre leur intention; qu'ils ne le reconnoiffent que comme un intrus, & qu'ils lui défendent d'agir en qualité de pape, parce qu'il s'étoit fait élire par violence: de plus, ils publierent un manifefte, où ils expofoient en détail tout ce qui s'étoit paffé dans l'élection. Ils firent fçavoir la même chose à toutes les puiffances de l'Europe, aux univerfitez, & entr'autres à celle de Paris, à qui ils écrivirent une lettre dattée du vingt-uniéme d'Août. Cette difpofition fi peu favorable où l'on étoit à l'égard d'Urbain, devint encore plus fâcheufe par la conduite tout-à-fait imprudente & trop emportée de ce pontife, qui fe laiffant aller à fon temperament atrabilaire, au lieu d'adoucir les efprits, pour les faire entrer peu à peu dans fes interêts, & les mettre en état de le reconnoître de bon gré pour pape légitime, les aigrit tellement, qu'on fe réfolut enfin de porter les chofes aux dernieres extrémitez. Îl reprit aigrement les mœurs des cardinaux en plein confiftoire : il fit des repro- Une conduite fi peu mesurée fit prendre Dès que les cardinaux y furent arrivez, ils prirent des mesures pour y attirer les trois Itaa iiij liens attachez à Urbain, qui étoient resté à Paleftrine dans la Campagne de Rome. Ils en vinrent à bout en faifant rendre à chacun de ces trois cardinaux en particulier une lettre fecrete par laquelle on proinettoit de le faire pape auffi tôt qu'il feroit arrivé à Fondi, & en mêmetemps on avertiffoit chacun d'eux de tenir la chofe fecrete, afin que les deux autres n'en euflent point de jaloufie, & ne traverfaffent Niem. . 9. point le deffein qu'on avoit. Ces trois Italiens étoient les cardinaux de Florence, de Milan & des Urfins, le cardinal de faint Pierre étant mort dans l'obédience d'Urbain. Dans l'efperance d'être papes, ils partirent tous trois, &. fe rendirent à Fondi, où peu de jours après leur. arrivée, ils entrerent tous dans le conclave au nombre de feize pour proceder à l'élection par la voie du fcrutin. IV Les trois Italiens, dont chacun avoit cfperé Sez car le pontificar, furent bien étonnez quand ils fent à Fon- virent peu de jours après, que dès le premier dinaux éli VII, di pour pa fcrutin on élut dans le conclave Robert, carpe Clement dinal prêtre fous le titre des douze apôtres. On l'appelloit le cardinal de Geneve, parce qu'il étoit frere ou neveu d'Amedée, comte de Geneve, & il fut nommé Clement VII. Il n'étoit âgé que de trente-fix ans ; & comme il n'étoit ni François ni Italien, on crut qu'il ne feroit point fufpe&t aux deux partis. Il avoit été évêque de Terouanne, enfuite de Cambrai, & fait cardinal par Gregoire XI. II étoit habile, éloquent, actif, propre aux affaires & au travail. Ces qualitez contribuerent au choix que l'on fit de fa perfonne, mais encore davantage la nobleffe de fon extraction, qui le rendoit parent ou allié des meilleures maifons de l'Europe: ce qui le mettoit plus en état qu'aucun autre de fe foutenir contre fon 3 Theod. bim lib. Concurrent. Les cardinaux Italiens en furent fi 1. 6. 20, V. neuf cardi naux. Par cette élection Urbain VI. fe vit en tête un autre pape cinq mois après fon exaltation; & fe voiant abandonné de tous fes cardinaux, & même en partie de fes courtifans, il s'en retourna fort défolé à Rome vers la fin de l'année, dans l'églife de fainte Marie audelà du Tibre, parce que les François tenoient encore le château faint Ange. Là il commença à reconnoître l'imprudence de fa conduite; & pour la réparer, il fe rendit plus gracieux à fes courtifans, & leur confera plufieurs charges qui fe trouvoient vacantes. Catherine de Sienne qui avoit été la principale caufe du re- Urbain VI. tour de Gregoire XI. tenoit l'élection d'Ur- crée vinge bain pour légitime, & fe déclara hautement pour lui; elle écrivit au roi Charles V. mais fans fuccès, des lettres pleines de feu pour le retirer du parti de Clement & le faire entrer dans l'obédience d'Urbain, & emploia tout ce qu'elle avoit d'efprit & d'éloquence pour y attirer tout le monde. Elle écrivit aufli fix lettres à Urbain qui ont été imprimées, où après l'avoir exhorté à la constance, elle lui confeille de fe relâcher de fa trop grande feverité qui lui faifoit tant d'ennemis, & de faire au plûtôt un nouveau college de cardinaux capables de fervir l'églife en cette occafion, & d'en foutenir l'édifice par un mérite diftingué. Enfin à fa per fuafion, ce pape en créa vingt-neuf de diverfes nations, dans la vûë de fe faire des créatures dans la plupart des cours. Il y en eut vingt-fix qui accepterent, & trois qui refuferent. Les principaux furent Bonaventure de Padouë de l'ordre des Auguftins; Nicolas Mefquin de l'ordre des Freres prêcheurs ; Jean archevêque de Corfou; Renoul de Monteruc neveu du cardinal de Pampelune, & évêque de Cifteron; Philippe d'Alençon prince du fang roïal de France; Agapit Colonne qui refufa d'abord, & accepta enfuite en étant follicité par fa famille; Pile de Prate archevêque de Ravenne ; & Galiot de Tarlat de Pietra-Mala natif d'Arezzo, protonotaire apoftolique. Après l'élection de ces deux papes, la chrétienté fe divifa; Urbain VI. avoit prefque toute l'europe dans fon parti; il étoit reconnu en Allemagne, en Hongrie, en Angleterre, en Boheme, en Pologne, en Dannemark, en Suede, en Pruffe, en Norvege, en Hollande, en Tofcane, en Lombardie, dans le duché de Milan, & prefque dans toute l'Italie, à la réferve de quelques endroits de la Sicile & du roiaume de Naples. L'Efpagne même tenoit encore pour lui, & quoique Pierre de Lune qui y avoit été envoïé par Clement VII. fût demeuré dans ce pais, les Efpagnols ne le regardoient que comme Efpagnol, parce qu'il étoit Arragonois, & non pas comme légat de ce pape en forte que dans plufieurs conciles tenus en Espagne fur le fchifine, on avoit laiffé la queftion indécise en attendant un concile œcumenique, & ce ne fut qu'en 1387. que Clement VII. fut reconnu dans un concile tenu à Salamanque, où préfidoit Pierre de Lune fon légat, & il le fut encore plus tard dans la Navarre & dans l'Arragon. La France en 1379. La France avoit embraffé la neutralité dans un concile fe declare national tenu à Paris fous Charles V. mais ment VII. quatre mois après, ce prince fe déclara en fa V 1. pour Cle veur de Clement VII. & alors Urbain VI, fus |