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UOIQUE P'Art de Naviguer ait été l'objet des réfléxions des Mathématiciens les plus ha biles, il n'y a cependant encore que le Pilotage, qu'on ait foumis à des Loix; il refte même à trouver la folution du Problême principal, qui en eft comme le fondement & la base. La découverte des Longitudes, à laquelle toutes les Nations s'intéreffent depuis fi long-tems, auroit été la plus effentielle & la plus utile: mais on a été arrêté dans cette récherche par des obftacles, qui paroiffent prefque infurmontables. Les Marins, pour fup

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pléer à cette connoiffance, ont recours à un moïen: c'eft de mefurer le chemin du Vaiffeau. On fait, que pour avoir le point du Ciel fous lequel un Navire fe trouve, il faut connoître la Longitude & la Latitude du lieu où l'on eft, ou la différence de l'une & de l'autre, de celui d'où l'on eft parti. Par l'obfervation des Aftres, on a cette derniere avec affez de juftesfe. Pour avoir égard à la premiere, on mesure la rapidité du fillage du Vaifseau, ce qui donne la différence des Méridiens.

Au défaut des opérations astronomiques, ce moïen eft fans doute le meilleur. Cependant le Problême, dont on veut éviter les embarras , triomphe toujours du côté des difficultés, qui humilient autant le Marin, qu'elles lui font préjudiciables, Le Tangage naturel du Navire (j'ap pelle ainfi celui, qui provient de l'effort du vent fur les Voiles) auquel

les Mathématiciens-Pilotes, n'ont-pas encore fait attention; celui, que caufent les vagues d'une Mer orageu fe, & furtout les Courans & les Marées rendent cette voie fi défectueufe, qu'elle forme un nouveau Problême à réfoudre, qu'on peut regarder com me auffi difficile que celui auquel on le fubftitue.

Tel est l'Art actuel du Pilotage ; Art,comme on voit,encore bien imparfait quoiqu'infiniment au-deflus des autres Arts, qui concernent la Marine. On connoît ce qu'il faut faire, pour prescrire exactement la route d'un Vaiffeau.Le tout ne fe réduit plus qu'à un Problême compliqué fi l'on veut, mais donné,qu'il s'agit de réfoudre.C'est une grande avance de connoître le point principal d'une queftion. L'Art de Conftruire, celui de Mater, de Manœuvrer, n'ont pas le même avan→ tage & j'ofe dire, qu'il eft des cas où l'on a ignoré entierement le fond des

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Problêmes, qu'on prétend avoir réfolus. Il faut l'avouer en même tems: le fond de ceux-ci eft d'un genre bien different de ceux qu'offre le Pilotage. Le Mathématicien le plus habile peut être arrêté par les folutions les plus fimples; parce que les folutions les plus fimples font ici des folutions très-difficiles.

Les Savans connoiffent la Dif pute, qu'a occafionné l'établissement des principes de la Théorie de la Manœuvre : je parle de cette Manoeuvre, qui a pour objet principal une parfaitc oppofition entre l'impulfion du vent fur les Voiles & celle de l'eau fur le Navire. On eft redevable en partie à ce combat littéraire de la perfection de la Manoeuvre. Il femble même aujourd'hui, que les Marins, les plus communs, peuvent perfectionner cet Art en le réduifant en pratique.

Outre cette Manoeuvre, il en eft une autre toute oppofée à la premiere qui eft fondée fur un certain contra

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fte entre la fituation des Voiles & du Gouvernail,& qu'on peut regarder ce pendant comme la feconde partie de laManoeuvre générale. On n'a eû égard dans l'autre qu'au fillage du Navire, c'eft-à-dire à la fituation des Voiles, pour faire mouvoir le Navire. Dans celle-ci, on ne confidére leurs fituations, que pour le faire virer. Cette feconde Manœuvre, que perfonne n'a encore examinée, dépend d'une harmonie entre les Voiles & le Gouver nail; en forte que par leur accord, un habile Pilote, fait faire au Vaiffeau le plus lourd les mouvemens les plus prompts & les plus preftes ; ainsi qu'un habile Ecuïer dirige & fait obéir fous fa main, le Courfier le plus fougueux. On comprend bien, que s'agissant ici d'un déplacement d'eau de la part de la

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* Comme je me propofe de publier dans peu cette feconde Manœuvre.que j'applique à l'Art de fe battre fur Mer, & aux Evolutions Navales,je me difpenfe de parler ici de la Tactique des Efcadres & des Armées Navales. C'est une Matiére, que j'examine à fond dans cet Ouvrage, & fur laquelle j'efpere de répandre un nouveau jour.

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