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Meffieurs ont compofees, foit feparement, foit en fociété. Ils réuniront par-là deux Illuftres Amis, dont la fociété, le défintereffement & la bonne-foi devroient fervir de modéle à tous les Auteurs que la gloire & Putilité litteraire obligeront de travailler enfemble.

Les aveus que M. Palaprat a donnés au Jujet des piéces de la compofition de M. de Brueys, ont été extraits & imprimés avant chaque piéce dans le Théatre de cet Auteur; cela ne m'a pas paru affez confidérable pour m'engager de fupprimer les dif cours de M. Palaprat, qui fe trouveront ici à leur place.

PREFACE

De M. Palaprat pour l'édition qu'il a donnée en 1712.

P

ERSONNE, que je fçache, ne s'eft encore avifé d'écrire la moindre chose fur les Préfaces. On ne fçauroit cependant les regarder comme des ouvrages indifférents étant faits pour être mis à la tête des autres, pour les annoncer, les préparer, pour en relever le prix en les faifant connoître, & pour leur fervir enfin (fi j'ofe parler ain→ fi) d'introduction, d'entrée, & de porte.

L'occafion de dire mon fentiment fur les Préfaces ne pouvoit, ce me femble, être jamais plus naturelle que dans une Préface même. C'est ce qui m'a porté à nommer ainfi ce Difcours: fans quoi j'avoue que je n'aurois jamais eu la témérité de donner ce nom fpécieux à quelques pages de mauvaife Profe que je me fuis crû obligé, par les raifons qu'on verra dans la fuite, de mettre à la tête de la nouvelle édition de ces vieilles Comédies.

Ce n'étoit aucunement mon intention

* Le Lecteur fe fouviendra que cette Préface a rapport aux Piéces contenues dans le Théatre de M. de Brueys qui étoient alors confondues avec celles qui font contenues en ce Volume.

qu'elles euffent, étant furannées, un ornement qu'elles n'avoient jamais eu dans leur nouvelle faifon; & plûtôt que de fonger à les affortir avec un ouvrage auffi férieux qu'une Préface, j'avois eu la pensée de faire une maniere de petite Comédie fur ces Comédies. J'en avois communiqué le deffein à quelques-uns de mes amis, qui l'avoient fort approuvé: cela m'auroit donné lieu de débiter fur ces Piéces tout ce qu'il y a de bien & de mal à en dire, & je l'aurois fait d'une maniere moins ennuyeufe & plus animée, que ne l'eft fouvent la monotonie d'un Auteur qui parle feul dans ces fortes de Difcours, par la petite action qu'y auroit jettée la varieté du dialogue. J'y aurois introduit fept ou huit caractéres ridicules de prétendus beaux efprits du tems, de l'un & de l'autre fexe : j'y aurois mis un personnage fenfé pour le contraste, & pour lui faire dire des chofes justes & raisonnables. Il eft vrai que c'étoit beaucoup pour ce tems-ci qu'une perfonne fenfée fur fix ou fept d'impertinentes, & que ç'auroit été peut-être l'endroit par où ma petite Comédie auroit été accufée de pécher le plus contre la vraisemblance. J'ai été empêché d'exécuter ce deffein, il pourra revenir en quelqu'autre occafion.

Pour dire donc en peu de mots mainte

nant ce qu'il y a long-tems que j'avois envie de dire fur les Préfaces, ( & ce peu de mots pourra en quelque façon fervir de Préface à celle-ci) je ne fçaurois diffimuler que je trouve qu'on les traite quelquefois trop familierement, que bien des gens en abufent, & leur manquent tous les jours de refpect; & que de même qu'on fait de tems en tems, dans les Etats bien policés, des reglemens fur le luxe, on en devroit faire un pareil dans la République des Lettres fur l'ufage des Préfaces, pourvû qu'il fût plus durable & mieux obfervé. Je voudrois donc qu'il ne fût pas permis à toute forte de livres d'être parés du fuperbe ornement d'une Préface, & que la qualité, la condition, & le rang de ceux qui pourroient en avoir fuffent marqués: au lieu qu'on peut reprocher aux Auteurs d'être en ce point moins retenus fur la parade qu'ils font de leur orgueil, que ne l'ont été jufqu'ici certains hommes furperbes, nés beaucoup moins opulens qu'ils ne le font devenus un peu trop-tôt, au gré du chagrin & du critique Public, toujours de mauvaise humeur contre leur magnificence; certains hommes fiers & haïs, tant & fi fouvent accufés en plein Théatre de ne garder aucunes mesures fur l'imprudent étalage de leur vanité. Cependant voyez l'injustice de ce

Public: il ne dit mot aux Auteurs qui mettent impunément à l'entrée de leurs livres toute forte de pauvretés, aufquelles ils donnent le nom majeftueux de Préface; & il ne ceffe de crier contre ces pauvres gros Milords de foudaine crûë, quoi qu'ils ayent été encore affez modeftes pour ne point mettre à la porte de leurs Palais un Suiffe du grand air, avec un plumet, un large baudrier, une flamberge à garde antique, & une moustache retrouffée. Ils ont la modération de fe contenter d'un fimple Portier: perfonne ne l'oferoit trouver mauvais, on fçait trop qu'il leur eft néceffaire pour faire le prelude, &, pour ainfi dire, la préface de leurs brufqueries; c'est le domeftique de confiance, chargé de leur procuration générale pour repouffer tous créanciers & demandeurs avec la douceur & l'honnêteté que le métier de ceux dont ils ont procuration le comporte, & enfin avec une extrême politeffe, qu'ils ne poffédent guéres moins bien que leurs maîtres, parce que fouvent ils l'ont apprise en

même école.

Mais pour revenir à mon fentiment fur les Préfaces, qui fera toûjours conforme à celui des fages écrivains quand je parlerai férieusement, j'eftime que ce ne font point des ouvrages indifférents. Les bonnes font

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