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le veux abfolument ; & dans le troifiéme, je l'aime; ou, ce qui est la même chose, je voudrois bien avoir le faint Efprit habitant en moi c'est le premier degré de charité. Je le defire plus que toutes chofes; c'eft le fecond. Je le poffede, il habite en moi : c'est le troifiéme.

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2°. Que l'amour dans ces trois degrés eft de même nature, de même genre, & de même efpece: ou plûtôt que c'est le même amour confideré dans fon commencement, fon progrés & fa perfection, c'est-àdire le même mouvement confideré felon fes differens degrés, dont le premier fe termine au fecond, & le fecond au troifié

me.

L'amour en effet dans tous ces degrés n'a-t-il pas le même

objet, & le même motif, qui eft Dieu aimé pour lui-même ?

Lett. de M. M. l'Archevêque de Sens condeSens à M. viendra fans peine

de Troyes p.

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› que l'a189. 191. mour du fecond & du troifié192.193. me degré font de même nature & de même efpece. Il va même jufqu'à prétendre que non-feulement c'eft le même amour, mais qu'il a la même force & le même effet, qui cft de juftifier par lui-même. Or la chofe n'est pas moins évidente pour le premier & le fecond degré. Vouloir imparfaitement & vouloir abfolument la même chofe,c'està-dire l'amitié de Dieu; s'élancer vers la charité, vers la juftice d'un mouvement plus ou moins parfait, il eft vifible que ces mouvemens ne différent qu'en degrés de force, & qu'ils ont le même objet & le même motif, c'est-à-dire, Dieu qu'on

voudroit, ou qu'on veut abfolument aimer de tout fon cœur, pour lui-même, & d'un amour d'amitié. M. l'Archevêque de Sens eft même encore forcé de Ibid. p. 193

l'avoüer. I reconnoit une charité commencée qui n'eft pas encore un amour de préférence, & qui n'exclut pas le péché. Ce n'eft pas ici le lieu de nous arrêter plus long-tems fur cet endroit de fa Lettre, où fathéologie n'eft pas plus exa&te que dans le refte. Il nous fuffit d'obferver, que l'évidence ne lui permet pas de difconvenir des deux premiers dégrés que nous diftinguons dans la charité,

&
que dans ces deux dégrés c'eft
un amour de même nature, &
de même efpece; puifque c'est
l'amour de charité. Nous l'obli-
gerons bientôt à en reconnoître
un troifiéme, en lui montrant

que

le fecond n'est pas la charité juftifiante; & qu'il y a un amour qui nous fait préferer Dieu, fa juftice & la charité à toutes chofes, qui n'est encore que la charité commencée, & qui par conféquent ne juftifie pas par lui-même, comme il le prétend,

3°. Que le premier dégré de charité prépare & conduit au fecond, & le fecond au troifiéme. Du vouloir imparfait, on paffe naturellement au vouloir abfolu; & l'acquiefcement abfolu du cœur à recevoir le faint Efprit, lui en ouvre l'entrée; ce qui eft l'effet du Sacrement. 4°. Que le terme de Charité en general, ainfi que celui d'mour de Dieu fe prend en deux fens ou pour la charité commencée & actuelle, ou pour la charité parfaite & habituelle.

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5°. Que la charité commencée fe prend elle-même en trois manieres: ou generalement pour tout commencement de la fainte dilection, c'est-à-dire pour toute tendance du cœur à la charité, foit qu'elle ne produife encore qu'une velleité, ou un defir imparfait de la justice & de la charité, foit qu'elle produife un vouloir abfolu & parfait: ou pour la charité commencée au premier degré, c'eftà dire quand elle ne produit encore qu'une velleïté, & un vouloir imparfait d'aimer Dieu pardeffus toutes chofes, & de fe foumettre à fa juftice: ou pour la charité commencée au fecond degré, c'est-à-dire pour la volonté abfolue, & la réfolution formée de s'affujettir à la charité: ce qui eft l'amour actuel de préférence. Au premier fens,

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