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qu'après elles, ces vertus peuvent en être féparées, & fubfifter fans lui, quoiqu'elles ne puiffent être fans fon motif, c'eft-à-dire fans une fincere tendance à Dieu pour lui-même, & à la charité. Voici le paffage. C'est * une autre erreur de foutenir, (comme faifoit M. de Cambrai, que l'amour d'efperance n'eft

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pas entiere,, ment intereffé, parce qu'il eft mêlé d'un commencement d'amour de Dieu pour lui,, même, c'est-à-dire d'un com

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* Alter error amorem fpei non effe penitùs mercenarium ( interessé): cò quòd fit mixtus initio amoris Dei propter fe: boc eft initio amoris charitatis: five, ut in Inftructione Paftorali ponitur : Actus spei includit amorem Dei ut boni fupremi, quod eft charitatis; cum amor Dei ut boni Jupremi non poffit non esse amor præferentiæ: alioqui non effet amor boni ut fupremi. Hinc autem fi ut fpes theologica fine quo lam faltem initio charitatis effe non pofit: quod eft falfiffimum.

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mencement de charité, ou, comme il eft porté dans fon " Inftruction Paftorale: l'acte ,, d'efperance renferme un A,, mour de Dieu comme fouverain bien, & par conféquent la charité, puifque l'Amour de Dieu comme fouverain bien ne peut être autre chofe qu'un amour de préference. Autrement il ne feroit pas l'amour du bien comme foulverain. Or de là il s'enfuit ,, que l'efperance theologale ne ,, peut être fans la charité du moins commencée : ce qui eft très-faux. "

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On voit clairement que M. de Meaux prend ici la charité commencée au troifiéme fens, pour l'amour de préférence, en tant qu'elle eft furajoutée à la foi & à l'efperance, c'est-à-dire pour l'acte formé de la charité

Lett, de M.

de Sens, p. 181.

Lett, de M.

de Sens, p.193.

commencée proprement dite. Cependant M. l'Archevêque de Sens allegue ce paffage avec un air de triomphe pour prouver que les vertus de la foi & de l'efperance peuvent fubfifter fans le motif de la charité; & qu'il eft très-faux, que tout acte de ces vertus jéparé du motif de la charité foit déreglé. Comme fi dire que l'efperance peut fubfifter fans l'amour de préference du fouverain bien, c'étoit dire qu'elle peut fubfifter fans le motif de la charité : & comme fi au contraire ce motif ne fe trouvoit pas neceffairement dans l'amour qui nous fait defirer Dieu & fa justice, fans nous le faire encore préferer à l'amour des créatures.

Nous avons vû que ce Prélat reconnoît des commencemens de charité qui n'excluent pas en

core le peché. Il reconnoît donc une charité commencée qui n'eft pas encore amour de préférence, puifque fi elle préferoit Dieu à l'amour de la créature, elle exclueroit le peché; qui n'eft autre chofe que la préference de l'amour de la creature à Dieu. Or quelque nom qu'il donne à ces commencemens de charité, il ne peut pas dire qu'ils foient fans le mo tif de la charité, puifque fans ce motif ils ne feroient pas des commencemens de charité. Il faut donc neceffairement qu'il reconnoiffe que le motif de la charité fe trouve où n'eft pas encore l'amour de préference du fouverain bien; & par conféquent que c'eft mal raisonner de conclure de ce que l'efperance, chrétienne peut fubfifter fans cet amour de préference,

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qu'elle peut fubfifter féparée du motif de la charîté. Or il a vû que ce que M. de Meaux prétend uniquement dans ce paffage que nous venons de citer c'eft que l'efperance chrétienne peut être féparée de cet amour de préference qui eft la charité commencée proprement dite, & que nous avons appellé l'acte formé de la charité commencée, ou la charité actuelle forla diftinguer du pour > premier degré de la charité que M.de Meaux appelle une espece de commencement de la fainte dilection, parce qu'elle ne nous fait encore defirer Dieu & tendre à la charité qu'imparfaitement, & fans nous la faire encore préferer à l'amour des creatures. Il n'eft donc pas poffible qu'il n'ait fenti qu'il raifonnoit mal en concluant du paffage de

mée

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