L'un tendre, fidelle, & gouteux, Se révoltant d'un air prophane Et contre l'objet de ses vœux, Laiffez-les donc là, s'il vous plaît ; il importe peu que vous les ayez invoquez, ils n'en viendront pas plûtôt à votre fecours; arrangez du mieux que vous pourrez les matieres que vous alliez raffembler pour d'autres; ne vous embarraffez ni de l'ordre des temps, ni de celui des évenemens. Je vous confeillerois au contraire. d'avoir pour objet principal les dernieres: années de celui pour qui vous écrivéz, puifque les premieres font trop éloignées pour pouvoir en rapprocher les avantures jufques au temps où vous êtes. Faites quel ques remarques, mais courtes & legeres, fur la refolution qu'il a prife de ne point mourir, & fur le pouvoir qu'il paroît avoir de l'executer. Son trépas par lui feul tant de fois retardé, D'un œil jaloux n'a jamais regardé; Eft l'unique fecret qu'il ait jamais gardé. Ne vous allez pas embaraffer l'efprit à chercher des ornemens ou des tours d'éloquence, pour tracer fon caractere, cela fentiroit le Panegyrique; & ce fera affez le louer, que de le peindre au naturel. Gardez-vous bien de vouloir rendre fes recits ou les bons mots ; le fujet eft trop grand pour vous. Tâchez feulement, en parlant de fes avantures, de donner des couleurs à fes défauts, & du relief à fes vertus. C'eft ainfi qu'autrefois par des routes faciles, Pour vous peignez d'abord en gros Cent beautés à fes vœux dociles; Il donne des leçons utiles Et toujours actif à propos, Sans leurs empreffemens ferviles, Qu'il efface tous leurs travaux. Que vos pinceaux enfin, en nouveaux traits fertiles 'Aux Amans heureux ou tranquilles, Et fur tout, grand Preneur de Villes. Vers les Campagnes de l'Alface, Par quelle adreffe ou quelle audace, Et d'Arlington, & d'Holiface, Et d'une Nymphe encor à feduifante face, (a) Il avoit promis à Monfeigneur le Dauphin, qui commandoit l'Armée d'Alface, qu'il le verroit arriver fur un Cheval blanc, avant la fin de la campagne. (b) Il perfuada au Duc de Bouquingant de paffer en France avec lui, pour rompre la Triple Alliance, malgré les efforts que les Miniftres d'Angleterre ci-deffus nom Contez ces Faits tout uniment. Gens comme vous n'auroient pas bonne grace A s'élever infolemment ; Et ce n'eft pas toujours au fommet du Parnaffe Que par un tour aifé chaque reeit s'explique Et que pour chaque Vers la rime faite exprès, Et du ftile trop Poëtique, Evite l'un & l'autre excès. N'adorez point les goûts de la vogue publique, Mais ne les condamnez jamais : 11 eft un lieu près du Marais, Où depuis quelque temps le genre Marotique Nous l'affurâmes que nous tâcherions de profiter de ce dernier avis; mais que més, & la Comteffe de Shrenfbery, firent, pour l'en empêcher ledit Bouquingant étoit alors Favory de Charles II. celui de ne pas tomber dans la verfification rampante, nous paroiffoit plus difficile à fuivre. Encore une fois, dit-il, faites de votre mieux, on aura quelque indulgence: pour des gens qui écrivent pour le Comte de Grammont en tout cas, vous n'êtes gueres connus que de lui, & felon les apparences, ce que vous allez faire ne donnera pas au Public une grande envie de vous connoître. Finiffons cette vifite, pourfuivit-il, & faites connoître à mon Héros, par les fouhaits que je vais faire, que je m'intereffe toujours pour lui; Que de fes jours nombreux l'immüable Destin Qu'il renonce à jamais au tumulte des armes ; Toujours fur de fauffes allarmes, Et que ce foit toujours en vain. La Cour pour lui verfe des larmes.' Par fes foins redoublez, que le Roi convaincu, Puiffe apprendre de lui l'heureux art de revivre, |