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qu'il ne falloit admettre que les Registres mortuaires des endroits d'où il ne fortit Perfonne, & où il n'entrât aucun étranger; c'eft fur ce principe, que M. Deparcieux a rejetté les Registres mortuaires de Londres défectueux, à cause du grand nombre d'étrangers, & je ne Sai pourquoi le même Auteur admet ceux de Breslaw. Qui eft-ce qui ne diroit pas d'après cet expofé; 1°. Que j'ai dit qu'il faut croire fans replique tout ce qui vient des grands hommes ; & que j'ai eu affez de vanité pour vouloir me comprendre parmi les Auteurs recommandables, que je dis mériter un peu plus de ménagement, quoique felon ma Lettre on ne puiffe l'appliquer qu'à MM. Halley & Kerfeboom; 2°. Que c'est moi qui me fuis fervi des Regiftres mortuaires de Breslaw, pour établir l'ordre de mortalité du genre humain, & que ce même moyen eft entierement rejetté par M. Halley; quoique j'aye dit en plufieurs endroits de mon Livre & dans ma Lettre, que c'eft M. Halley lui-même qui s'en est servi pour compofer fon ordre de mortalité; je dis page 35. citée par M. Thomas, que les Regiftres mortuaires de Londres & de Dublin ne peuvent point fervir à établir l'ordre de la mortalité du genre humain, comme avoit crû pouvoir le faire M.Guillaume Pety, Anglois; parce qu'il faudroit, s'il étoit poffible, trouver un endroit d'où il ne fortit perfonne, & où il n'entrât aucun étranger, ainfi que le remarque M. Halley, de la Société Royale de Londres, qui, quelque tems après *compofa fa Table des Probabilités de la vie, en fe fervant des Regiftres mortuai res de Breslaw. Ces expreffions ne me femblent pas équivoques, je ne crois pas qu'on puiffe dire beaucoup plus clairement, que c'est M. Halley qui s'eft fervi des Regiftres de Breslaw, & non pas moi, comme le fait entendre M. Thomas. M. Halley ne dit donc pas qu'il faille abfolument rejetter les Regiftres de toutes les Villes, d'où il fort & où il entre du monde, puifqu'il en fait ufage lui-même. Si M. Thomas avoit confulté le Mémoire, que je cite page 36, il auroit vû que M. Halley a préféré les Regiftres de Breflaw à ceux de Londres, à caufe que fa fituation au milieu des terres, & fon commerce qui confifte principalement en toiles, y attirent peu d'étrangers, & que peu en fortent; d'ailleurs quelle Préférence donnai-je à ce qui a été fait d'après les Regiftres de Breflaw, je ne le préfére qu'à ce qui a été fait fur les Regiftres de Londres; je préfére bien plus ce qui a été fait par M. Kerfeboom, ce n'eft pas que je dedaigne ce qui a été fait par M. Halley. Ce Sçavant a trop contribué au progrès des Sciences, pour que ceux qui les cultivent n'en refpectent pas toujours la memoire. Je me ferai toujours honneur de dire que ce qu'il a fait fur la matiere dont il s'agit, m'a été d'un grand * Transactions Philofophiques 1693,

fecours; mais M. Kerfeboom eft venu après lui, & de toutes les re cherches qui font fondées fur des faits, je crois que les dernieres peuvent avoir la préférence, & encore quoique je la donne à l'or. dre de mortalité établi par M. Kerfeboom je dis page 65, que je n'oferois affurer qu'on y peut compter parfaitement pour les probabilités de vie de mort des Habitans de la France. Je ne veux pas foupçonner M. Thomas de mauvaise foi, je l'en crois incapable, fon Ecrit en a cependant toutes les apparences; car après m'avoir fait dire pofitivement dans fa replique, que M.Halley a dit qu'il ne falloit admettre que les Regiffres mortuaires des Villes d'où il ne fortoit perfonne & où il n'entroit aucun Etranger, quoique ce Sçavant en ait fait ufage lui-même, ainfi que je le rapporte dans mon Livre & dans ma Lettre, pourquoi au lieu de dire que j'ai préféré l'ordre de mortalité établi par M.Halley, d'après les Regiftres mortuaires de Breflaw, dit-il fimplement, que j'ai préféré les Registres mortuaires de Breflaw, & cela toutes les fois qu'il en parle; cette affectation à fupprimer par-tout les mots d'ordre établi par, &c. fait entendre que je me fuis fervi des Regiftres mortuaires de Breflaw que je n'ai jamais vû, & que je l'ai même fait contre le fentiment de M. Halley.

Qui eft-ce qui ne diroit pas encore d'après l'expofé de M. Thomas. rapporté ci-deffus, que j'ai établi quelque ordre de mortalité en me fervant des Regiftres mortuaires de la Paroiffe de faint Sul pice, & même par fon acharnement à en combattre l'exactitude; (car il en parle à quatre ou cinq reprifes différentes dans fa replique), on croiroit que c'eft là un des principaux moyens, dont je me fuis fervi; quoique j'aie dit page 97. que mon Livre étoit déja fous la preffe, & même bien avancé, lorfque M. le Curé de faint Sulpice fit imprimer l'état des Baptêmes, Mariages, & Morts de fa Paroiffe; je l'ai feulement rapporté dans mon Ouvrage, parce qu'il venoit affez bien à mon fujet, & j'y fais obferver ce qui paroît s'accorder avec quelques remarques faites précédemment dans mon Livre; fans infinuer qu'on puiffe jamais s'en fervir pour établir un ordre de mor talité, comme le dit M. Thomas. Ainfi que les âges foient exactement marqués dans les Regiftres de la Paroiffe de faint Sulpice, ou qu'ils ne le foient pas, il m'importe fort peu, puifque je n'en ai fait, ni n'en ferai jamais aucun ufage, pour établir des ordres de mortalité ; tou tes les répétitions que M. Thomas fait pour faire douter de leur exactitude font donc en pure perte: quand il parle de la quantité prodigieufe d'Etrangers qui meurent dans cette Paroiffe, il ne fait que rapporter en termes différens ce que j'ai dit page 101. Eft-ce parce que je rapporte cet état dans mon Livre, qu'il dit que je le préfére à tout autre? La préférence n'eft pas bien grande, je n'en

ai pas eu d'autres, ie ne fçache pas même qu'aucun autre Curé de Paris en ait fait faire, fi ce n'eft ceux qu'on imprime tous les ans, par ordre de la Police, où il n'y a eu jufqu'en 1745. aucune diftinction de fexe ni d'âge.

M. Thomas dit, qu'on ne doit regarder les recherches de M. Halley, Simpfon, Kerfeboom & les miennes que comme des fources conjecturales, pour parvenir à établir des ordres de mortalité, mais qu'on doit les rejetter pour Probabilités : Quelle diftinction veut-il mettre entre Conjectures & Probabilités, eft-ce que Conjecture n'eft pas un raifonnement fondé fur des Probabilités? D'ailleurs qui eft ce qui a jamais prétendu lui donner des Probabilités pour des vérités géométriques, je le donne affez à entendre dans l'avertiffement. N'ai-je pas dit page 49. qu'on pourra dans la suite vérifier ce que j'ai fait par le moyen des mêmes Tontines, dont je me fuis fervi, & par celles qu'on à créées depuis: c'eft bien dire que je ne crois pas aucun des ordres de mortalité que je rapporte parfaitement exacts; on peut même affairer qu'il n'y en aura pas fitôt, mais il en a quelques-uns, je le dis dans mon Livre, que je crois fort approchants du vrai, & c'est tout ce qu'on peut demander fur une pareille matiere.

Je n'ai pas dit non plus en aucun endroit, que les ordres de mortalité que j'ai établis, ni aucun des autres que je rapporte, puffent fervir pour tout le genre humain ; au contraire, je dis page 60 & 70. que les Habitans de différens endroits ont leurs vies moyennes différentes, ainfi que les gens de différens états, je dis feulement page 86. qu'on peut regarder l'ordre établi par M.Kerfeboom, comme le plus approchant du vrai, pour le monde en général, c'està-dire, pour les personnes prises indiftinctement ; qu'on peut fe fervir de l'ordre établi d'après les Tontines pour les Rentiers, & de l'ordre établi d'après les Bénédictins pour les Religieux. Je ne conçois pas même comment M. Thomas peut me faire parler autrement, puif que c'est une des chofes fur lefquelles j'ai le plus infifté.

Après avoir bien dénigré les Regiftres mortuaires des Paroiffes, M. Thomas dit, qu'il ne lui paroît pas plus clair de pouvoir par leur moyen établir un ordre de mortalité approchant du vrai, que de compter le nombre des Etoiles dans une nuit nebuleufe, y ayant, dit-il, plufieurs perfonnes qui ne fçavent pas bien leur âge, principalement du Sexe, qui le dissimulent toujours ; je conviens avec lur qu'il n'y a pas en cela une parfaite exactitude, mais il n'y a pas non plus d'auffi grandes différences qu'il voudroit l'infinuer, ou s'if s'en trouve quelques unes elles font en petit nombre ; & étant vraifemblablement autant en plus qu'en moins, elles ne peuvent pro

duire que de fort petites erreurs, fi ces Regiftres font d'une Ville d'où il fort & où il entre peu de perfonnes, telle que M. Halley a crû la prendre ; & s'il réfulte quelque erreur fenfible de la part de ceux qui diffimulent leur âge, comme ce n'eft pas en général pour fe donner plus d'années qu'on n'a ; il en fera des ordres de mortalité établis d'après ce moyen, comme de celui établi d'après les Rentiers, que les vies moyennes qu'on en a déduit péchent plutôt par défaut que par excès; & ce fera encore un furcroît de preuve, fur ce qu'on a avancé, que les femmes vivent en général plus que les hommes; ce qui paroîtra à ceux qui voudront l'examiner fans prévention, plus clair que de compter le nombre des Etoiles dans une nuit nébuleuse.

Quant au fecours que j'ai pû tirer des Maifons Religieufes, fi M. Thomas avoit lû les pages 75 & 76, il ne diroit pas, que tels véridiques que puiffent être les Nécrologes des Maifons Religieufes, n'étant obfervés que dans quelques Maifons, dans une feule Ville, & ainfi dans un petit coin de la terre; peut-il être une loi pour en déduire des ordres de mortalité de tout le genre humain ; puifque j'y dis que j'ai eu les Regiftres de tous les Religieux morts dans les Congré gations de faint Maur, & de fainte Geneviève, & dans les Provinces Eccléfiaftiques entieres des autres Ordres de Religieux que je cite. Ce qui m'a fourni des nombres de Religieux affez confidérables, comme on peut le voir par les Tables 8. 9. 10. & 11. & répandus dans prefqu'un quart du Royaume. D'ailleurs je me fuis affez expliqué aux pages citées ci-deffus, & par ce que je viens de rapporter de la page 86, pour qu'on ne puiffe pas dire que j'ai voulu établir un ordre de mortalité d'après les Religieux pour fervir de régle, non feulement à tout le genre humain, comme le dit M. Thomas, mais pas même aux gens du monde de ce pays-ci. Voici ce que je dis page 75, après avoir annoncé la recherché que j'ai faite fur les Maifons Religieufes. Qu'on ne s'imagine pas fur cet exposé, que je veuille encore prouver l'ordre de mortalité que j'ai établi pour les Rentiers, par celui des Religieux & Religieufes. Je veux feulement faire comparer entr'eux les ordres de mortalité de plufieurs nombres de Religieux différens.. Car qu'un nombre de

Religieux ou Religieufes vivent plus ou moins qu'un pareil nombre de Rentiers ou de perfonnes du monde, cela ne change rien à la conféquence qu'on en tires puifqu'il ne s'agit point ici de comparer la mortalité des Religieux à celle des Rentiers ou des gens du monde. Quand je n'aurois eû que les Nécrologes des RR. PP. Bénédictins, & des Chanoines de fainte Geneviève, j'oferois affurer par le bon ordre avec lequel ils font tenus, & le nombre confidérable des morts qu'ils

m'ont donné à chaque âge, que les vies moyennes, que j'en ai déduit, font très approchantes du vrai pour les Religieux, ce qui doit être encore affez prouvé par la conformité qu'il s'y rencontre par-tout.

J'ai dit dans mon Livre page 49, que je n'ai pas employé la Ton tine de 1709, à caufe de la longueur du tems qu'il y a eu entré l'Edit de création & la clôture, & je dis par ma Lettre du mois de Mai, que c'eft cette même longueur de tems qui a occafionné le déplacement & les difproportions que M. Thomas trouve dans les claffes de fon Rentier: voici fa replique. Et l'objection, dit-il, que la longueur de la confection de quelques Tontines peut occafionner ces disproportions, me paroît tomber d'elle-même, fi l'on fait attention que ceux qui font prépofés pour l'opération des Tontines n'admettent dans les claffes, quelque longues qu'elles foient à remplir, que perfonnes fuivant l'âge qu'elles avoient lors de la création, à moins qu'ils ne foient authorifes par quelque Arrêt du Confeil que l'on devroit produire.

des

Ne croiroit-t-on pas que cela eft vrai par la fécurité avec la quelle il ofe l'avancer, j'aurai l'honneur de lui apprendre qu'on a toujours mis les Rentiers dans la claffe où ils ont pû être lors de la conftitution, & non pas dans la claffe où ils auroient pû être lors de l'Edit de création, je connois plufieurs Rentiers qui font dans ce cas; il fuffira, je penfe, de lui en citer un ; je le prendrai exprès dans la Tontine qui fait fon champ de bataille. Anne Laurence Dupuy, née à Befançon le neuviéme Août 1692, acheta une action de la troifiéme Tontine au mois de Novembre 1712, troisannées & demi après l'Edit de création, elle a été employée dans la cinquième claffe, parce qu'elle avoit alors 20 ans complets, au lieu que fi elle eût acheté fon action en 1709, ou 1710, ou 1711, & même au commencement de 1712, elle n'auroit pû être employée que dans la quatriéme claffe. Le Contrat eft dans l'étude de M. de la Manche, Notaire, à la pointe faint Eustâche. D'ailleurs fi M. Thomas avoit voulu prendre garde au Rentier qu'il cite, qui de fon propre aveu eft légitimement placé dans fes deux claffes, fçavoir, dans la fixiéme en 1689, & dans la onzième en 1709, (l'Edit de création de cette troifiéme Tontine eft du mois de Mai, & celui de la premiere du mois de Novembre, ) il auroit vû que puifque ce Rentier n'avoit pas 30 ans complets en Novembre 1689, à plus forte raifon n'avoit-t-il pas 50 ans complets au mois de Mai 1709. Si ce que M. Thomas avance étoit vrai, fon Rentier auroit dû être dans la dixiéme claffe de la Tontine de 1709, & non dans la onziéme comme il l'eft; ou bien fi ce Rentier avoit eû 50 ans jufte,

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