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mérite d'être confervée, quoiqu'il ne me paroiffe pas avéré. Il dit qu'on découvrit alors dans une caverne du territoire Apr. J. C. Thoghtede Jérufalem les corps d'Abraham, d'Ifaac, d'Ifmaël & ghin. de Jacob; qu'on y trouva des Lampes d'or & d'argent; mais qu'on ferma les portes de cette caverne.

Yes

La puiffance des Ortokides devenue plus confidérable L'an 1122. depuis que ces Princes avoient fait l'acquifition d'Alep, Foulques de les avoit mis en état de continuer avec plus de fuccès la guerre [Guillaume contre les Francs; le Roi de Jérufalem étoit alors occupé de Tyr. avec les autres Princes Chrétiens, à les chaffer du territoire d'Antioche. Thoghteghin profita de ces circonstances pour faire alliance avec les Arabes, & venir ravager avec eux les environs de Tibériade. Le Roi Baudouin II. accourut au fecours de cette Province, & alla affiéger Gérafa, ville de la Décapole, peu éloignée du Jourdain, & voisine de la montagne de Galaad. Thoghteghin l'avoit fait fortifier l'année précédente. Ce Prince fut battu, fa fortereffe prife, & le Roi de Jérufalem après avoir accordé la liberté à quarante Turcs qui y étoient, la fit rafer.

hafen.

Les grands fecours que les Francs reçurent alors de L'an 1123. l'Europe les mirent en état d'entreprendre une expédition Aboulmaimportante dans la Syrie. Ils fe propoferent d'affiéger la Guillaume ville de Tyr, afin d'ôter aux Turcs & aux Egyptiens, les de Tyr. facilités de faire des courses dans le Royaume de Jérusalem. Tyr que les Orientaux appellent Sour, ville célebre par fon antiquité, fon commerce, le grand nombre de fes habitans & la fertilité de fon territoire, étoit la capitale de la Phénicie proprement dite; elle eft fituée fur le bord de la mer, dans une prefque ifle, environnée d'une mer orageufe qui la rend d'un accès difficile. Elle avoit fous fa dépendance les villes de Porphyria ou Haifa, de Ptolemaïs ou Akka, de de Pancas ou Céfarée de Philippe, de Sarepta, de Seïd ou Sidon, de Biblos, de Botrium, de Tripoli, d'Artéfie, d'Archas, d'Arados, d'Antarados & d'Héraclée (a). Mais tout ce territoire depuis quelque tems avoit été envahi par les Francs, par les Seljoucides de Syrie, & par quel

(a) On la nomme ici Mareclea

Apr. J. C. ques autres Princes voifins. Il appartenoit auparavant tout entier aux Egyptiens qui étoient encore maîtres de Tyr, à Thoghte- l'exception d'un tiers de cette ville qui avoit été cédé à ghin.

L'an 1123.

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Thoghteghin, tant pour empêcher qu'il ne s'emparât du refte, que pour l'engager à fournir des fecours contre les Francs qui l'avoient déja affiégée. Ils fe présenterent (a) devant cette place, & l'environnerent de toutes parts. Cette ville avoit du côté de la mer un double mur flanqué de groffes tours; ce mur étoit triple du côté de la terre, & les tours étoient fi voifines les unes des autres qu'elles fe touchoient. L'entrée du port qui étoit au nord, étoit défendue par deux groffes tours. Outre fes habitans que le commerce dans toute la mer Méditerranée avoit confidérablement enrichis , ceux de Céfarée, de Ptolemaïs , de Seïd, de Biblos, de Tripoli & de toutes les villes voifines, fituées fur le bord de la mer s'y étoient retirés dans l'efpérance d'y être en sûreté, à l'abri de fes fortifications. Les Francs fe faifirent de l'entrée du port & s'établirent dans un espace voifin, après y avoir mis leurs vaiffeaux à fec. Ils éleverent leurs machines, & fous les ordres du Patriarche Gormond qui commandoit en l'absence du Roi retenu prifonnier par les Ortokides, ils commencerent à battre les murailles. Les Tyriens oppoferent d'autres machines à celles des Francs, firent des forties & détruifirent les travaux. On fe battit long-tems avec un égal fuccès. L'arrivée de Ponce Comte de Tripoli, qui avoit été appellé par les Barons du Royaume, donna une nouvelle ardeur aux Francs abbattus, & jetta le défefpoir dans la ville. Le courage des habitans fe rallentit malgré les efforts de fept cens hommes des troupes de Damas, qui exhortoient, par leurs difcours & par leur exemple, les citoyens à fe défendre.

Pendant que les Francs pouffoient le fiége avec la derniere vigueur, les troupes d'Afcalon voyant que le Royaume de Jérusalem étoit entierement dégarni de foldats, s'avancerent vers les montagnes où eft fituée Jérufalem, & tuerent quelques-uns des habitans qui étoient difperfés dans les

(a) Le 15 des Kalendes de Mars.

environs de cette ville; mais tous les Francs s'étant raffemApr. J. C. blés défendre leurs murailles, on n'ofa de part & d'au- L'an 1123. pour tre hazarder une action. Après s'être regardés pendant trois Thoghteheures, ceux d'Afcalon s'en retournerent; les Francs de ghin Jérufalem les pourfuvirent & enleverent quelques foldats. Pendant que Jérufalem avoit été ainfi expofée, les Tyriens craignant de fuccomber fous les efforts des Francs, informerent de leur situation le Khalif d'Egypte & Thoghteghin Roi de Damas. Ce dernier fe mit auffi-tôt à la tête d'une nombreuse armée, & vint camper à Paneas, d'où il écrivit lettres fur lettres au Khalif d'Egypte pour lui demander des troupes & des provifions. Le bruit fe répandit alors parmi les Francs, qu'il étoit forti des ports d'Egypte une flotte confidérable. Les Francs dans la crainte que toutes ces forces ne vinffent les attaquer en même tems, réfolurent d'aller combattre Thoghteghin. Ils fe partagerent en trois corps. Le Comte de Tripoli & Guillaume de Buris Connétable du Royaume, furent chargés d'aller à l'ennemi. Le Doge de Venise qui étoit venu avec des vaiffeaux dans la Terre Sainte, fut destiné à marcher contre la flotte des Egyptiens, & le refte des troupes avec une partie des Vénitiens, refterent dans le camp pour continuer le fiége; mais le Khalif n'ayant point envoyé de fecours, Thoghteghin n'eut pas plutot appris la marche des Francs, qu'il fe retira dans fes Etats. Les Francs retournerent au fiége & redoublerent les attaques. Il fe fit de part & d'autre des actions de valeur incroyables. Quelques-uns des habitans animés par la gloire de délivrer leur patrie, fortirent fecretement de la ville & mirent le feu aux machines qui battoient leurs murailles. Un jeune Franc plus hardi que tous les autres, affrontant les fleches & les baliftes des ennemis, ofa monter fur une de ces machines qui étoit tout enflam mée pour éteindre le feu. Malgré cette vigoureuse réfiftance, les Tyriens furent contraints de fonger à fe rendre. Le Roi de Damas vint fe préfenter une feconde fois dans les environs de Paneas, d'où il envoya aux Chefs des Francs des Ambassadeurs pour traiter de la paix & de la reddition

L'an 1123.

de la place. On convint de part & d'autre de laiffer fortir Apr. J. C. les Mufulmans avec leurs femmes, leurs enfans & leurs Thoghte- effets. Les Francs entrerent dans la ville (a), & en prirent poffeffion. Les deux tiers furent abandonnés au Roi de Jérufalem, & le refte aux Vénitiens.

ghin.

de Tyr.

Guillaume Pendant que (b) les Francs avoient été occupés à faire le Novi fiége de Tyr, Thoghteghin avoit employé une partie de fes Benelathir. forces contre les Mufulmans, & au lieu d'aller attaquer Benfchou- les Francs, il s'étoit occupé à ravager Hemeffe, qui ap

nah.

L'an 1124.

partenoit alors à Khirkhan fils de Caradgia. Il s'empara auffi de Hama foumise à Mahmoud fils du même Emir. Mahmoud avoit été bleffé à la main en allant attaquer Apamée, & il étoit mort de fa bleffure à Hama; fes fujets qui le haiffoient fe donnerent au Roi de Damas.

La prise de la ville de Tyr ramena de nouveau (c) Bourski à la tête de toutes les forces de l'Orient dans le pays des Francs. Le Sulthan lui avoit (d) donné les villes de Mouffoul, de Sandgiar, de Vaseth, & la Méfopotamie. Il paffa l'Euphrate & entra dans le territoire d'Antioche; il mit à feu & à fang tout ce pays qui étoit dégarni de troupes. Il n'y avoit pas alors de Prince dans ce pays, & c'étoit le Roi de Jérufalem Baudouin II. qui le gouvernoit. Les habitans lui firent fçavoir l'arrivée de cet ennemi; mais avant que le Roi fut arrivé, Bourski & Thoghteghin avoient déja obligé la fortereffe de Kafertab à fe rendre ; de-là ils allerent affiéger Sardan, qu'ils ne purent prendre d'emblée. Ezaz ville peu fortifiée fut enfuite inveftie; mais dans le tems qu'ils dreffoient leurs machines, le Roi de Jérufalem fuivi des Comtes de Tripoli & d'Edeffe arriverent avec leurs troupes, qui fe mirent auffi-tôt en bataille, elles montoient environ à onze cens cavaliers & deux mille hommes de pied. L'armée de Bourski étoit de quinze mille hommes. Malgré leur petit nombre, les Francs remporterent la victoire & ne perdirent que vingt-quatre hommes; il y en

(a) Le 13 des Kalendes de Juillet de
l'an 1124 de J. C. de l'Heg. 518.
(6) L'an 517 de l'Hegire.

(c) L'an 518 de l'Hegire.
(d) L'an 515, & Valeth, l'an 516.

eut

eut deux mille de tués du côté des Turcs. Bourski repassa Apr. J. C. l'Euphrate & s'en retourna à Mouffoul, laiffant fon fils Az- Thoghtezeddin Mafoud dans Alep dont il s'étoit emparé en fe ghin. mettant en marche pour cette expédition.

L'an 1126.

Aboulfedha

Baudouin II. de retour à Jérufalem, fe prépara à entrer dans le Royaume de Damas. La trêve qu'il avoit faite avec Thoghteghin étoit expirée; mais fon expédition ne fut qu'une fimple courfe qui procura aux Francs beaucoup de butin. Les nouvelles qu'ils reçurent alors d'un armement que les Egyptiens faifoient, les obligerent de fe retirer pour veiller à la confervation de leurs propres Etats. Enfuite Baudouin revint dans le pays de Thoghteghin. Jamais l'armée des Francs n'étoit entrée fi avant dans fon Royaume. Après avoir Guillaume fait affembler toutes les troupes (a) à Tibériade, Baudouin de Tyr. traverfa la Décapole & entra fur les terres de Thoghteghin. BenfchouIl traversa une vallée appellée la vallée de Roob, & de-là nah. vint dans la plaine de Medan, qui eft arrofée par le fleuve Dan. Il paffa enfuite par un endroit appellé Salomé, & de là il fe rendit dans les prairies de Saphar (b), dans le voifinage de Damas. Thoghteghin ramaffa à la hâte les Turkomans & toutes fes troupes, & marcha contre les Francs qu'il ne tarda pas de rencontrer (c). Les deux armées fe rangerent en bataille & commencerent le combat. La victoire fut long-tems difputée; Baudouin s'enfonça au milieu des Turcs, & Thoghteghin avec fa cavalerie prit la fuite. Pendant que les Francs s'attachent à le fuivre, l'infanterie Turkomane entre dans leur camp & le pille. Les Francs étonnés à leur retour, font obligés de fe retirer en défordre. Ils ne laifferent pas de s'emparer d'une petite fortereffe qui étoit dans le voisinage. Guillaume de Tyr dit que les Francs remporterent une victoire complette. Aboulfedha rapporte au contraire que l'infanterie Turkomane les obligea de fuir. Les monumens nous manquent pour concilier cette différence entre ces deux Hiftoriens. Il paroît

(a) Au mois de Janvier 1126.

(b) Guillaume de Tyr appelle cet endroit Mergi faphar; les Hiftoriens Arabes, Mouroudge faphar. Baudouin y arTom. II. Part. II,

riva l'an 520 de l'Hegire.

(c) Vers la fin du mois Dzoulhedgé, fuivant Aboulfedha.

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