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fini? Dieu, dites-vous encore, le porte à cette crainte; & le pécheur ne pourroit y réfifter fans commettre une grande faute. Mais Dieu ne le porte-t-il donc pas à l'aimer ? N'y excite-t-il pas fon cœur? Ou ne fera-t-il permis au pénitent d'être fourd qu'à la voix de la charité qui l'appelle? Dites plûtôt que par votre Théologie difpenfant les hommes de l'obligation d'aimer, vous aviliffez leur cœur au-lieu de les élever aux gencreux fentimens que l'amour infpire. Celfez-donc, aveugles conducteurs d'aveugles, de vous précipiter ainfi dans les plus groffieres abfurdités; & reconnoiffez enfin

que

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le Pénitent doit aimer fon Dieu, ou qu'il doit en demander la grace; & par-là commencer au moins à former dans fon cœur ces premiers fentimens d'a

mour, dont le Concile a fi clairement établi la neceffité.

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Mais cet amour dit-on encore, eft trop pénible. On rouen verité d'avoir à répondre à de pareilles objections. Qu'on écoute au moins ce que tout le monde répondra pour nous, qu'il n'y a rien de plus doux qu'un acte, qui par lui-même adoucit le joug tel qu'il foit, & par lequel tout fardeau devient agréable. Ajoûtons que la Pénitence étant un Baptême laborieux, & c'eft pourquoi l'Eglife dans les premiers fiécles l'accompagnoit de fi longs & de fi pénibles travaux, les fruits de la fainte dilection y font d'autant plus néceffaires, qu'ils peuvent feuls en addoucir l'amertume & les rigueurs.

Avançons : & pour ne rien XXXIV. laiffer échapper à nos recher- On com

pare cet a

mencé avec

mour com- ches, appliquons-nous maintenant à confiderer avec plus de foin la nature & les caracteres de

cette con

trition que

Je Concile cet amour commencé ; & voyons dit étre parfaite en charité.

ce qui le distingue de cette contrition, que le Concile appelle une contrition parfaite en charité. Car la différence doit être confidérable, puifque l'amour commencé ne fait que préparer à la juftification; au-lieu que la contrition parfaite en charité la donne dans toute fa plénitude. Difons donc que celui-là fans doute a déja quelques commencemens d'amour, qui defire, qui demande, & qui s'efforce d'aimer. Ce n'eft que par quel que commencement de foi qu'on la demande, qu'on la defire, & qu'on fait effort pour l'obtenir. Il en eft de même de la charité; mais celui qui la defire, qui la veut, & qui la demande, l'a-t-il déja dans fon

cœur ? Le fage entendra ces chofes. Il·la, dirai-je, à fa manie re par fes defirs, par fes demandes, & par fes efforts qui ne fçauroient être fans quelques commencemens d'amour: mais il ne l'a pas encore comme il faut l'avoir pour obtenir actuellement la juftification pleine & parfaite.. Car celui-là ne poffede pas encore pleinement, qui defire qui demande, & qui s'efforce d'obtenir. Quel eft donc l'état de cet homme ? Celui-là même que nous avons tracé d'après le Concile. Il demande ce qu'il ne peut pas encore, c'est-à-dire, d'aimer il fait ce qu'il peut, puifqu'il le fouhaite, & qu'il le défire; & s'il ne jouit pas encore pleinement de l'amour de la juftice, il fait au moins ce qu'il doit pour s'y préparer.

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Mais cet homme accomplit-il

le fuprême commandement de l'amour Je répons qu'il l'accomplit, & qu'il ne l'accomplit pas, fous différens rapports & en différens fens. Il l'accomplit fans doute à fa maniere; puifqu'employant toutes les forces qu'il a, il aime déja de toutes fes forces; & toutefois il n'aime pas encore pleinement, parce qu'il n'a pas la force neceffaire pour arriver là. En un mot cet homme comprend la neceffité du précepte; & c'eft pour cela qu'il fait fes efforts pour l'accomplir. Il l'accomplit donc à fa maniere, & dans ce fens, qu'il commence à faire ce qu'il peut, & fe difpofe de tout fon cœur à recevoir la justice. Mais en est - il ainfi de celui qui n'eft frappé que de la crainte des peines, & qui ne penfe à rien de tout cela? Et comment fe difpoferoit-il comme il

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