Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Que de Maris trompés tout rit dans l'Univers, Épigrammes, Chanfons, Rondeaux, Fables en vers, 65 Satire, Comédie: & fur cette matiere,

J'ai vu tout ce qu'ont fait la Fontaine & Moliere: J'ai lu tout ce qu'ont dit Villon & Saint Gelais, Ariofte, Marot, Bocace, Rabelais,

Et tous ces vieux Recueils de Satires naïves, 70 Des malices du Sexe immortelles archives.

Mais tout bien balancé, j'ai pourtant reconnu, Que de ces contes vains le Monde entretenu N'en a pas de l'Hymen moins vu fleurir l'ufage: Que fous ce joug moqué, tout à la fin s'engage : 75 Qu'à ce commun filet les Railleurs mêmes pris, Ont été très-fouvent de commodes Maris;

Et que pour être heureux fous ce joug falutaire,
Tout dépend, en un mot, du bon choix qu'on fait faire.
Enfin, il faut ici parler de bonne foi,

Je vieillis, & ne puis regarder fans effroi,
Ces Neveux affamés, dont l'importun visage
De mon bien à mes yeux fait déja le, partage.
Je crois déja les voir, au moment annoncé

Satire, n'approuvoit pas, que l'un
des deux Interlocuteurs de ce Dia-
logue tutoyât l'autre. Cette obje-
tion obligea notre Poëte de faire
dire à celui qui fe va marier, qu'il a
été autrefois fous la conduite de l'autre
ce qui autorife ce dernier à le trai-
ter plus familierement.

VERS 69. Et tous ces vieux Recueils de Satires naïves.) Les Contes de la Reine de Navarre: &c.

VERS 75. Qu'à ce commun fila les Railleurs mêmes pris.] LA FONTAINE, après avoir plaifanté en mille endroits de fes Poëfies, fur la galanterie, & l'infidélité des femmes, ne laiffa pas de fe marier.

VERS 97. Ces Hiftoires de morts, &c.) BLANDIN & DU ROSSET ont compofe les Hiftoires tragiques de notre temps, où font contenues les

Qu'à la fin, fans retour, leur cher Oncle eft paffé, 35 Sur quelques pleurs forcés, qu'ils auront foin qu'on voie,

Se faire confoler du fujet de leur joie.

Je me fais un plaifir, à ne vous rien celer,

De pouvoir, moi vivant, dans peu les défoler;

Et trompant un espoir pour eux fi plein de charmes, 90 Arracher de leurs yeux de véritables larmes.

Vous dirai-je encor plus? Soit foibleffe, ou raison,
Je fuis las de me voir le foir en ma maison
Seul avec des Valets, fouvent voleurs & traîtres,
Et toûjours, à coup fûr, ennemis de leurs Maîtres.
95 Je ne me couche point, qu'auffi-tôt dans mon lit
Un fouvenir fâcheux n'apporte à mon efprit
Ces Hiftoires de morts lamentables, tragiques,
Dont Paris tous les ans peut groffir fes Chroniques.
Dépouillons-nous ici d'une vaine fierté,

100 Nous naiffons, nous vivons pour la Société.
A nous-mêmes livrés dans une folitude,
Notre bonheur bientôt fait notre inquiétude;
Et fi, durant un jour, notre premier Ayeul,
Plus fiche d'une côte, avoit vécu tout feul,

morts funeftes & lamentables de plu fieurs perfonnes, &c.

VERS 103. Et fi, durant un jour, notre premier Ayeul,

Plus riche d'une côte, avoit vécu tout feul.] L'Auteur comparoit ces deux vers avec ceux-ci de la Satire VIII.

Kiv

Croit que Dieu tout exprès d'une côte nouvelle,

A tiré pour lui feul une femme fidelle.

& il donnoit la préférence à ceux de la Satire X.

105 Je doute, en fa demeure alors fi fortunée,
S'il n'eut point prié Dieu d'abréger la journée.
N'allons donc point ici réformer l'Univers,
Ni par de vains difcours & de frivoles vers,
Étalant au Public notre mifanthropie,

110 Cenfurer le lien le plus doux de la vie.

Laiffons-là, croyez-moi, le monde tel qu'il eft. L'Hyménée est un joug, & c'est ce qui m'en plaît. L'Homme en fes paffions toûjours errant fans guide, A befoin qu'on lui mette & le mords & la bride. 115 Son pouvoir malheureux ne fert qu'à le gêner, Et pour le rendre libre, il le faut enchaîner. C'eft ainfi que fouvent la main de Dieu l'affifte. Ha bon! voilà parler en docte Janséniste,

Alcippe, & fur ce point fi favamment touché, 120 Desmâres, dans Saint Roch, n'auroit pas mieux prêché. Mais c'eft trop t'infulter, quittons la raillerie, Parlons fans hyperbole & fans plaifanterie.

IMIT. Vers 116. Et pour le rendre libre, il le faut enchainer.] Horace L. I. Epit. II. v. 62.

paret,

à Rome, en 1653. avec quelques Docteurs de Sorbone, au fujet des fameufes difputes fur le Livre de Janfénius; & il prononça devant Animum rege, qui nifi le Pape un Difcours Latin fur cette matiere. Voyez le Journal de S. AMOUR, Part. VI. ch. 15. & 22. Après la Paix de l'Eglife Gallicane, faite en 1668. le P. Desmares prêcha un Carême dans l'Église Paroiffiale de S. Roch à Paris avec fuccès, mais il étoit effacé par le P. BOURDALO U E, qui prêchoit en même temps dans une autre Églife. Le P. Desmâres quitta la Prédication à caufe d'un Polype qui lui vint dans le nez, & qui

Imperat, hunc franis, hunc tu com

pesce catena.

Sur ces deux vers Mr. Despre aux
difoit, qu'Horace étoit Janfénifte.

VERS 120. Desmares, dans Saint
Roch.] Le Pere TOUSSAINT DES
MARES, Prêtre de l'Oratoire, fa-
meux Prédicateur. Il fut député

15

125

Tu viens de mettre ici l'Hymen en fon beau jour.
Entends donc: & permets que je prêche à mon tour.

L'Épouse que tu prends, fans tache en fa conduite,
Aux vertus, m'a-t-on dit, dans Port-Royal inftruite,
Aux loix de fon devoir regle tous fes defirs.
Mais qui peut t'affûrer, qu'invincible aux plaifirs
Chez toi, dans une vie ouverte à la licence,
130 Elle confervera fa premiere innocence?
Par toi-même bientôt conduite à l'Opéra,
De quel air penses-tu que ta Sainte verra
D'un fpectacle enchanteur la pompe harmonieufe,
Ces danfes, ces Héros à voix luxurieufe;

135 Entendra ces difcours fur l'Amour feul roulans,

Ces doucereux Renauds, ces infenfés Rolands;
Saura d'eux qu'à l'Amour, comme au feul Dieu fuprême,
On doit immoler tout, jufqu'à la Vertu même?
Qu'on ne fauroit trop tôt fe laiffer enflammer:
140 Qu'on n'a reçû du Ciel un cœur que pour aimer;

l'empêchoit de prononcer avec
grace. Il a été Cure de Liancour, &
n'a jamais voulu quitter ce Bénéfice
pour un meilleur qu'on lui offroit.
VERS 126.
Dans Port-
Royal inftruite.) Port - Royal, Mo-
naftere de Religieufes, avec le titre
d'Abbaye, où la plupart des Filles
de Condition étoient élevées ; mais
ces Réligieufes ayant été accufées
de Janfénisme, on leur défendit de
recevoir des Penfionnaires & des
Novices.

VERS 137. Saura d'eux qu'à Amour, &c. Maximes fort ordinaires dans les Opéra de Quinaut.

K v

Notre Auteur citoit encore cette
belle maxime de l'Opéra d'Atis :

Il faut fouvent, pour devenir heu

reux,

Qu'il en coûte un peu d'innocence.

Il rapportoit plufieurs autres traits de la Morale des Opéra, contre laquelle il fe récrioit tou jours vivement.

IMIT. Vers 138. On doit immo-
ler tout, jufqu'à la Vertu même.] Ra-
cine, Phedre, Acte III, Scene 3.

Il faut immoler tout, & même la
Vertu.

1

Et tous ces Lieux communs de Morale lubrique,
Que Lulli réchauffa des fons de sa Mufique?
Mais de quels mouvemens, dans fon cœur excités,,
Sentira-t-elle alors tous fes fens agités?

145 Je ne te réponds pas, qu'au retour moins timide,
Digne Écoliere enfin d'Angélique & d'Armide,
Elle n'aille à l'inftant, pleine de ces doux fons,
Avec quelque Médor pratiquer ces leçons.

Suppofons toutefois, qu'encor fidelle & pure, 150 Sa vertu de ce choc revienne fans bleffure. Bientôt dans ce grand Monde, où tu vas l'entraîner, Au milieu des écueils qui vont l'environner, Crois-tu, que toûjours ferme aux bords du précipice, Elle pourra marcher fans que le pied lui gliffe? 155 Que toûjours infenfible aux difcours enchanteurs

[ocr errors][merged small][merged small]
[ocr errors]

cette jolie diftinction des divers genres d'Amis. Il ne faut pas conclure de là, dit-elle, que tous "ceux que j'appelle mes Amis, foient "de mes tendres Amis: car j'en ai de toutes les façons dont on en peut avoir. En effet, j'ai de ces »demi-Amis, s'il eft permis de par»ler ainfi, qu'on appelle d'agréables "connoiffances, J'en ai qui font un peu plus avancés, que je nomme mes nouveaux Amis: J'en ai d'au»tres que je nomme fimplement »mes Amis J'en ai auffi que je "puis appeller des Amis d'habitu"de: J'en ai quelques-uns que je »nomme de folides Amis, & quel»ques autres que j'appelle mes Amis »particuliers. Mais pour ceux que je mets au rang de mes tendres Amis, ils font en fort pe"tit nombre, & ils font fi avant

« AnteriorContinuar »