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on n'y trouve plus que quelques miférables, vivant de racines fauvages, fans culture & fans arts.

Ponthiamas.

C'est au milieu de ces Nations que vint s'établir le généreux Kiang-tzé, apportant dans une contrée naturellement fertile, des richeffes, & fur-tout la fcience & la fageffe de fa Patrie.

Tout Chinois eft élevé dans la plus haute vénération pour l'agriculture, & fi l'on veut voir cet art, pere de tous les autres, dans fon triomphe, c'est à la Chine qu'il faut l'admirer.

La plus grande ambition parmi ce Peuple fi nombreux & fi policé, c'est d'acquérir des propriétés foncieres. Le fage Kiang-tzé diftribua celles de la Baye de Cancar à fes nouveaux Colons, il fit lui-même à fes frais les avances de leur établiffement & de leur culture.

Parmi tous les arts de notre Europe, Eph.1767. Tom. VIII.

K

qu'il avoit connus dans fes voyages aux Isles Philippines & à Batavia, ce grand homme n'avoit eftimé que celui de nos fortifications, dont il avoit befoin pour fe défendre contre des voifins dangereux. Il bâtit des Forts & les garnit d'artilierie, pour protéger les défrichements de fes nouveaux Citoyens.

La législation de Ponthiamas fut fimple comme celle de la nature, propriété, liberté.

Kiang-tzé ne voulu prendre aucun titre, aucune marque de diftinction, il fe contenta d'être le Pere des nouveaux Colons, & de leur montrer l'exemple du travail; il fe réferva des domaines & les fit cultiver à fon profit par fes propres animaux & des Domeftiques à fes gages.

Les fuccès furent prodigieux dans une terre excellente & toute neuve; le bruit s'en répandit à la Chine, & dans toutes les Illes de cette vaste contrée

de l'Afie où les Chinois fe font établis pour cultiver, jusqu'à Batavia.

Le Fondateur de Ponthiamas vit accourir de toute parts de nouveaux Agriculteurs. On abbatit les forêts, on déblaya le lit des rivieres, on fit des canaux, & bientôt la troupe de Kiang-zé devint un Peuple.

Son Port étoit ouvert à tous les Négociants, & la terre toute prête pour quiconque vouloit l'adopter. Travailler à fon bien-être, fut le principe univerfel. La Loi de la nature & l'exemple du Pere furent fi puiffants, qu'on n'y pensa pas même à ufurper la propriété d'autrui, à géner en rien fa liberté ou à troubler fon bonheur.

Kiang-tzé vit avant fa mort, le Pon thiamas couvert d'Habitants riches & vertueux. Les Peuples voisins le refpectoient comme un grand Prince, & lui donnoient le titre de Roi: fes Concitoyens l'appelloient fimplement leur

Pere. Il eft mort au milieu d'eux, dans un âge très avancé, plein de gloire, comblé de plaifirs & de bénédictions.

Son fils marche fur les traces d'un fi digne Pere, avec la même fimplicité, la même ardeur du travail : Monarque dans l'efprit de toutes les Nations qui l'environnent; plus qu'Empereur dans le cœur de ces honnêtes Habitants, qui doivent leur existence & leur félicité à la grandeur d'ame de fon Pere, & à la la fienne; Citoyen, Propriétaire & Commerçant, comme un autre, à fes propres yeux.

Les terres de Ponthiamas font aujour d'hui, , par leur fertilité, le grenier de toute cette contrée; une ressource dans les mauvaises récoltes, pour les Chinois, les Malais, & tous leurs voifins.

Nous doutons que nos Lecteurs ayent vu dans toute l'Hiftoire de nos Nations femi-barbares d'Europe, beaucoup de

noms qu'ils prononcent déformais avec plus de refpect & d'attendiffement que celui de Kiang-tzé.

Nous nous félicitons d'être les premiers à rendre un hommage public à sa vertu fublime, & à fa bienfaifance héroique.

FIN.

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