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Apr. J. C.
L'an 1182.

din.

Azzeddin.

confidérables de & paye, que d'ailleurs il lui étoit difficile de conferver tout à la fois Alep & Mouffoul contre les Emaded- entreprises de Saladin, il réfolut avec fon premier Miniftre Caïmaz de s'en retourner dans cette derniere ville. Il laiffa fon fils Modhaffer eddin dans la citadelle d'Alep, & prit fa route par Racca. Il rencontra dans cette ville fon frere Emadeddin zenghi, Roi de Sandgiar, qui lui demanda Alep pour Sandgiar. Azzeddin ne voulut point confentir à un échange fi difproportionné; Emadeddin parla de livrer Sandgiar à Saladin; il étoit foutenu par les Emirs, & par Caïmaz lui-même qui menaça d'exécuter cet échange fans fa participation; Azzeddin fut obligé de fe conformer à leur volonté, & donna malgré lui Alep, dont Emadeddin prit poffeffion (a).

Benelathir.

Bohaeddin. Saladin qui avoit un grand nombre d'Emirs qui lui étoient Aboulfedha dévoués, & qui facrifioient la famille des Atabeks, ayant appris alors que les habitans de Mouffoul avoient deffein de fe réunir aux Francs pour lui faire la guerre, partit aussi-tôt d'Egypte, & fe rendit en Syrie. Il paroiffoit avoir envie d'aller attaquer Alep. Azzeddin fe prépara à marcher au secours de cette place, mais comme il s'apperçut que Saladin y avoit trop de parti ans, il abandonna ce projet, & fe retira à Mouffoul; Saladin s'approcha d'Alep (6), qu'il tint affiégée pendant trois jours. Il en décampa enfuite pour marcher vers l'Euphrate. Dans fa route il reçut les foumiffions de Modhaffer eddin, Emir de Harran, qui craignoit Azzeddin ; il prit Edeffe, Racca, Néfibin & Saroudge, mit un Gouverneur dans Khabour; il avoit trouvé le moyen de corrompre tous les Emirs de ces places qui appartenoient à Azzeddin. De-là il vint camper (c) devant Mouffoul. Il dressa toutes les machines, & se posta du côté de la porte de Kendah; fon frere Tadge el moulouk nouri se plaça du côté de la porte El-emadi, & le Roi de Khipha du côté de la porte du Pont; il livra plufieurs affauts; mais comme il vit que le fiége traînoit en longueur, il alla faire (d) celui de Sand

(a) Le 13 de Mouharram de l'an $78.

(b) Le 18 de Dgioumadi elaoual.

(c) Le 11 de Redgeb de l'an 578. (d) Le 16 de Schaban,

L'an 1183.

giar, & prit cette ville (a). Il permit au Gouverneur, mé Scherfeddin, de fe retirer à Mouffoul. Il donna ce Gou- Apr. J. C. vernement à fon frere Teki eddin omar, & s'en alla à Ne- Emadedfibin.

din.

Azzeddin.

nah.

Azzeddin & les habitans de Moffoul ne furent pas plûtôt Bohaeddin. délivrés du fiége, que pour se mettre en état d'arrêter les Aboulfedha progrès de Saladin, ils envoyerent demander du fecours au BenfchouRoi de Khelath. Celui-ci fe mit auffi-tôt en campagne, vint Aboulfacamper à Khorzum, & fe réunit à Azzeddin & au Roi de radge. Maredin, qui furent joints encore par un corps de troupes qui venoit d'Alep. Mais avant que de commencer les hoftilités, le Roi de Khelath envoya Baktimour vers Saladin pour lui faire des propofitions de paix. Ce Prince, loin de les écouter, s'avança vers l'endroit où étoit le Roi de Khelath qui décampa auffi-tôt & s'en retourna dans fon pays. Azzeddin se retira de fon côté, & toute cette armée fe trouva diffipée avant que d'avoir vû l'ennemi. Saladin marcha vers la ville d'Emed, & après s'en être rendu maître (b), il la donna à Noureddin Mohammed (c) Roi de Khipha; il s'avança ensuite vers Alep. Emadeddin en étoit forti pour aller faire le ravage dans les environs du château d'Ezaz, il s'étoit emparé de Kafarlatha, qui appartenoit à l'Emir Bekmafch & de Bafchar foumise à Duldurm el yarouki, deux Emirs qui étoient attachés à Saladin. Ce Prince revint auffi-tôt vers Alep, & prit dans fa route Karzin. Il s'étoit rendu maître de Tellkhaled (d), & enfuite d'Aïn-tab où commandoit l'Emir Nafireddin Mohammed. Enfin, il vint canmper (e) fous les murailles d'Alep: il fe pofta dans le Meidan verd, & donna un grand affaut. Emadeddin qui fe défioit de ses forces, de Tyr. propofa fecretement à Saladin de lui remettre Alep s'il vouloit Benelathir. lui rendre fon ancien pays. Les habitans ignoroient ce traité, nahi. & ils n'en furent inftruits qu'après qu'il eût été figné. Emaded- boulfedha din les abandonna entierement & leur laiffa la liberté de s'arranger avec Saladin. Ils députerent au nom de la milice & de la bourgeoifie Azzeddin Dgiardik & Zeïneddin qui

(a) Le 2 de Ramadhan de l'an 578. (b) Le de Mouharram de l'an 579. () Fils de Cara arflan l'Ortokide. Tom. II. Part. II,

(d) Le zz de Mouharram. (e) Le 16 du même mois.

Gg

Guillaume

Benfchou

firent un accord particulier, & prêterent ferment de fideApr. J. C. lité. Emadeddin L'an 1183. de Saladin les villes de Sandgiar, de reçut Azzeddin. Néfibin, de Khabour, de Racca & de Saroudge, toutes places qui ne pouvoient être regardées que comme des villages en comparaifon d'Alep. Cette conduite d'Emadeddin fut défapprouvée universellement, & Azzeddin se repentit de lui avoir abandonné cette ville qui fut perdue pour toujours pour la famille des Atabeks. Saladin entra dans Alep (a) & en prit poffeffion. De-là il envoya un corps de troupes vers Harem, où commandoit Surkhak. C'étoit un Franc qui avoit obtenu de Saleh ce Gouvernement, il ne voulut pas fe rendre, & Saladin fut obligé de s'y tranfporter (b); alors la garnifon s'étant faifie du Gouverneur, elle remit la place.

Le Royaume de Mouffoul étoit ce qui reftoit alors aux Atabeks, car on ne doit compter pour rien le Dgeziret ben omar, & quelques autres cantons dont les Princes étoient en quelque façon vaffaux d'Azzeddin. La conduite de ce Prince étoit capable d'attirer Saladin dans fon Royaume.Tout le gouvernement de l'Etat rouloit fur Caïmaz. La trop grande autorité de ce Miniftre le rendoit coupable aux yeux du Prince. Lui feul cependant étoit en état de conferver ce Royaume, il fçavoit remédier à tous les évenemens. Il ressembloit, Benelathir. difent les Orientaux, à un habile Médecin qui connoît parfaitement le tempérament & la maladie d'un homme, & qui le traite en conféquence. Dans des tems fi difficiles où l'on avoit continuellement à craindre de la part de Saladin, Azzeddin fit arrêter (c) ce Miniftre qui étoit maître d'Arbel, de Scheherzour, de Dacouca & du Dgeziret ben omar. Auffi-tôt les révoltes éclatterent. Zeïneddin yousouf (d) se fortifia dans Arbel; Moezzeddin Sandgiar fchah (e) dans le Dgeziret ben omar. Caïmaz avoit été leur tuteur. D'un autre côté le Khalif Nafereddin fe rendit maître de Dacouca & il ne refta à Azzeddin que la feule ville de Scheherzour & le repentir d'avoir mis dans les fers un Miniftre qui étoit L'an 1184. le foutien de fon Etat. Dix mois après (f) il reconnut fa

(a) Dans le mois Sepher.

(b) Le 29 de Sepher de l'an 579.
(c) Dans le mois Dgioumadi elaoual.

(d) Fils de Zeïneddin aly. (e) Fils de Seifeddin ghazi. (f) L'an 580 de l'Hegire

Apr. J. C.

faute, rétablit Caïmaz dans fes biens & fes dignités, & punit ceux qui lui avoient confeillé la perte de ce grand L'an 1184. homme. Mais la révolte n'étoit point appaifée; Kezil & Azzeddin. Caïmaz furent obligés d'aller affiéger. Arbel, ils firent le ravage dans fes environs. Zeïneddin youfouf les battit & Bohaeddin. envoya demander des fecours à Saladin. Ce Prince qui ne cherchoit que l'occafion de dépouiller les Atabeks, partit auffi - tôt de Damas où il étoit, & marcha vers Harran. En passant par Bira, Modhaffer eddin (a) vint le trouver (b), L'an 1185. mais lorfque Saladin fut arrivé à Harran, il le fit arrêter fous prétexte qu'il lui avoit défobéi, & lui enleva Harran & Roha. Cependant peu de tems après (c) il le remit en liberté, & lui rendit tout ce qu'il lui avoit ôté, à l'exception de la citadelle de Roha qu'il promit de lui remettre dans un autre tems. Il alla enfuite à Ras-el aïn (d). Là il rencontra un Ambaffadeur de Kilidge arflan Sulthan d'Iconium, qui lui annonça que tous les Princes de l'Orient étoient réfolus de le venir attaquer s'il continuoit de faire la guerre aux peuples de Mouffoul & de Maredin. Ces menaces n'intimi Aboulfedhe derent point Saladin qui continua fa route & s'approcha de Bohaeddin, Mouffoul. Il en forma le fiége. Azzeddin envoya vers lui fa mere & la fille de Noureddin avec plufieurs autres femmes & les principaux Emirs du Royaume pour l'engager à ceffer les hoftilités. Tout le monde étoit perfuadé que ces dames & principalement la fille de Noureddin fon bienfaicteur & l'auteur de fa fortune, lui euffent demandé toute la Syrie, il n'auroit pu la leur refufer. Mais ces fentimens de reconnoiffance ne s'accordoient point avec fon ambition; il ne leur fit que des politeffes & les renvoya fans rien céder. On exigeoit peut-être trop de lui, au moins eft-ce trop exiger d'un Conquérant ambitieux, que de vouloir lui enlever une partie de fes conquêtes. Tout le peuple fut indigné de fa conduite pleine d'ingratitude pour une famille à laquelle il étoit redevable du trône d'Egypte, & les habitans de Mouffoul s'offrirent à marcher contre lui.

(a) Fils de Zeineddin.

(6) Le 12 de Mouharram de l'an 581.
(c) Au commencement de Rabi el-

aoual.

(d) Le 2 de Rabi elaoual.

fi

G gij

Ils oferent fouvent paffer le Tigre pour venir l'attaquer jufApr. J. C. L'an 1185. ques dans fes retranchemens. Saladin ne pouvant prendre Azzeddin, de force cette ville, effaya de détourner le cours du Tigre,

& de le faire paffer du côté de Ninive; mais ce travail demandoit un tems confidérable & fatiguoit trop ses troupes. Il apprit dans cet intervalle que le Roi de Khelath venoit de mourir (a), & que Baktimour lui avoit fuccédé. Il profita de cette occafion pour lever le fiége de Mouffoul & aller prendre Khelath. II affiégea d'abord Miafarekin dont il fe rendit maître (b); mais ne fe flattant pas d'êtte auffi heureux devant Khelath, il revint affiéger Mouffoul; il y fut joint par Moezzeddin fandgiar schah. Comme les chaleurs étoient alors très-grandes, Saladin fut attaqué d'une maladie fort dangereufe qui l'obligea de fe retirer à Harran. Le bruit fe répandit même dans toute la Syrie qu'il étoit mort. Azzeddin qui n'avoit pu obtenir ni de Bagdad ni de Perse aucun fecours, crut que la maladie de Saladin le porteroit à la paix. Bohaeddin auteur de la vie de Saladin, fut chargé avec quelques autres Officiers d'aller trouver ce Prince. Ils L'an 1186. arriverent (c) auprès de lui dans le tems que l'on défefpéroit de fa vie. Auffi-tôt qu'il put donner audience, les Ambaffadeurs d'Azzeddin conclurent la paix avec lui, ils eurent la prudence de la faire jurer également à fon frere; par-là Saladin leur rendit la Méfopotamie. Azzeddin de fon côté lui céda la ville & le territoire de Scheherzour, la principauté de Carabag & tout le pays qui eft au-delà du Zab; il confentit de faire dans Mouffoul la priere publique au nom de ce Conquérant, & de mettre fon nom fur les monnoyes. Saladin obferva religieufement cette paix jufqu'à fa mort.

L'an 1191.

Depuis ce tems le Roi de Mouffoul lui fournit des fecours Benelathir, dans les guerres qu'il fit contre les Francs. Mais les Princes Atabeks ne firent rien par eux-mêmes, & refterent en paix les uns avec les autres fous la protection de Saladin. Les Hiftoriens (d) ne parlent que d'une guerre qui s'éleva entre

(a) Dans le mois Rabi elakher.
(6) Dans le mois Dgioumadi elaoual
de l'an $81.

(c) Au commencement de Dzoulbed gé de l'an 581.

(d) Ceux que j'ai confultés.

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