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- din.

'Herbelet.

dans le Kerman (a), & se disposa à rentrer en Perse; tous Apr. J. C. L'an 1225. fes Emirs fe rendirent en foule auprès de lui & lui prêterent Dgelaled- ferment. Les peuples le reçurent avec des exclamations extraordinaires, & les Poëtes célébrerent fon retour par des Vers. Il reconquit Ifpahan & toute l'Eraque Perfique, chaffa fon frere Gaiatheddin Tizfchah du Royaume de Fars, qu'il rendit à Saad. De-là, Dgelaleddin vint s'emparer du Kouziftan qui appartenoit au Khalif Nafer, il prit l'Adherbidgiane, Kendgia, le pays d'Arran; c'eft alors qu'il fit tranfporter fon pere de l'Ifle où il avoit été enterré, dans le château d'Ardhan. Dans la fuite, lorfque les Tartares fe faifirent de cette place, ils l'exhumerent & brûlerent fes os. Ils faifoient un pareil traitement à tous les Rois dont ils trouvoient les tombeaux; celui de Mahmoud, fils de Sebekteghin éprouva cette deftinée. Dgelaleddin prit enfuite la route de Bagdad & vint jufqu'à Yacouba. L'allarme fe répandit dans Bagdad, & on fe prépara à foutenir un fiége. Mais Dgelaleddin fe contenta de mettre au pillage les environs, & fit enfuite marcher fes troupes du côté d'Arbel. Moudhaffer eddin Koukberi, qui étoit Roi de cette ville se soumit. De-là le Sulthan paffa dans l'Adherbidgiane qui avoit Tauris pour capitale, il s'en empara, & en chaffa le Roi Moudhaffer eddin Uzbek, qui se retira à Kendgia fur les frontieres du pays des Georgiens.

L'an 1226.

Dgelaleddin avoit alors une armée nombreuse; après qu'il Herbelor fe fût rendu maître de l'Adherbidgiane, il alla attaquer les Géorgiens (b). Le Roi du pays fe prépara à une vigoureuse défenfe, & vint au-devant de lui avec une armée fupérieure en nombre. Le Sulthan, après l'avoir examinée par lui-même de deffus une hauteur, reconnut qu'il y avoit avant l'avant-garde des Géorgiens une troupe de Khozars. Ces peuples qui s'étoient révoltés fous le régne précédent, avoient eu recours à Dgelaleddin, qui avoit obtenu de fon perele pardon de leur faute. Il profita de cette circonftance, & leur envoya du pain & du fel, pour leur rappeller dans la mémoire les fervices qu'il leur avoit rendus. Les Khozars qui eurent honte de faire la guerre à leur bienfaicteur, aban (a) L'an 622 de l'Hegire. (6) L'an 623 de l'Hegire

din.

donnerent auffi-tôt le parti des Géorgiens, & fe retirerent Apr. J. C. chez eux. Après cette défertion le Sulthan fit offrir une tréve L'an 1226. d'un jour à fes ennemis, afin de leur laiffer le tems de faire Dgelaledleurs réflexions fur la retraite des Khozars, & les porter à un accommodement. C'eft pendant cet intervalle que les plus braves des deux armées fe firent des défis. On prétend que le Sulthan voulut prendre part à cette efpece de gloire. Il fe déguifa en fimple cavalier, & fe préfenta au combat. Un Géorgien vint à lui, auffi-tôt le Sulthan le jetta par terre d'un coup de lance, & terraffa de la même façon les trois fils de ce Géorgien. Un homme d'une taille gigantefque lui offrit enfuite le combat, & lui porta fans relâche de violens coups, que ce Prince para avec beaucoup d'adresse; mais comme il s'apperçut que fon cheval, qui étoit trèsvif, alloit tomber avec lui, il mit pied à terre, & foutint l'affaut de fon ennemi. Il prit fi bien fon tems, qu'il lui porta un coup de lance dans le front, & le renverfa mort. Les deux armées jetterent de grands cris d'admiration. Auffitôt le Sulthan, profitant de leur étonnement, chargea fes ennemis, & remporta une victoire qui le rendit maître du pays. Pendant que le Sulthan étoit occupé de la guerre Nifawi des Géorgiens, il apprit que Barak hadgeb s'étoit emparé du Kerman. Cet homme étoit un Khitan, qui avoit été envoyé en ambassade par les Mogols à Mohammed. Les belles qualités que ce Sulthan avoit remarquées en lui, furent cause qu'il le retint à fon fervice. Barak hadgeb s'attacha ensuite à Dgelaleddin fon fils, dans le tems qu'il n'étoit que Roi de Ghazna. Enfin il fe révolta entiérement, & fonda dans lė Kerman une Dynaftie connue fous le nom de Caracatayens. Enfuite Dgelaleddin contraignit le Cadhy de Tauris à rompre le mariage d'Uzbek avec la fille du Sulthan Thogrul, dernier Roi des Seljoucides, & il époufa cette Princeffe. Il continua à poursuivre Uzbek, envoya contre lui une armée Kendgia, & l'obligea de fe retirer ailleurs. Après avoir fait une ligue offenfive & défenfive avec Moadhem ifa, Roi de Damas, & Kouk beri, Roi d'Arbel, il alla enlever Tephlis aux (4) Géorgiens.

(4) L'an 613 de l'Hegire.

Nn y

Apr. J. C.

din,

Cela n'empêcha cependant pas que ce Sulthan n'entreL'an 1126. prît dans la même année le fiége de la ville de Khelath; Dgelaled- il refta long-tems devant cette place, où commandoit Houfameddin aly, Lieutenant d'Afchraf. Les neiges qui tomberent alors en abondance, obligerent le Sulthan de décamper. Peu de jours après il reparut devant cette place, & fe difpofa à l'attaquer une feconde fois : mais après plufieurs affauts inutiles il leva le fiége à caufe de la rigueur du froid. Le Gouverneur de Khelath fe mit à fon tour en campagne à la tête des troupes d'Afchraf, & alla prendre fur Dgelaleddin les villes de Khoi, de Salmas & de Nakhdgiouan. Le Sulthan, occupé alors à repouffer les Mogols qui étoient L'an 1127, rentrés (a) dans fon pays, ne put arrêter le Gouverneur de Khelath. Dgelaleddin livra plufieurs combats à ces Mogols qui remporterent fouvent la victoire. La guerre ne dura cependant pas long-tems avec eux, & dans la même année il revint aux environs de Khelath, où il fit de grands ravages & des actions indignes d'un grand Prince. Il devenoit de plus en plus formidable. Tizfchah fon frere, qui le redoutoit, fe retira chez les Ifmaéliens. Sur la fin de L'an 1129. l'année (b) il vint affiéger Khelath pour la troifieme fois ; Aboulfedha Azzeddin ybek y commandoit alors pour Afchraf. Dgelaboulfa- leddin battit cette ville du côté du lac avec vingt machiradg. bolma- nes, & y paffa tout l'hyver. Le fiége fut long & rude. Les habitans furent réduits à de grandes extrémités. Ils mangerent jufqu'aux chiens; la livre de pain, mefure de Damas, y valut jufqu'à une piece d'or d'Egypte; la ville fut emportée l'épée à la main (c).

Lafen.

Dgelaleddin qui jufqu'alors avoit réfifté à tous les efforts des armées innombrables des Mogols, vint échouer vis-àvis des petits Rois de la Syrie & de l'Egypte. Il n'eft plus ce grand Dgelaleddin, cette barriere que Genghizkhan n'avoit pu furmonter, c'eft un Prince auffi lâche & auffi efféminé, que s'il n'eût jamais forti de fon férail, qui fuit devant une poignée de foldats, & qui va enfin se faire massacrer par des voleurs. Après la prise de Khelath, Alaeddin kaikobad, (c) L'an 627 de l'Hegire.

(a) L'an 625 de l'Hegire.
(6) L'an 626 de l'Hegire.

Sulthan de l'Afie mineure, & Afchraf reunirent leurs troupes Apr. J. C. à Siouas, dans le deffein de chaffer Dgelaleddin de fa nou- L'an 1229. velle conquête; le Sulthan fortit de Khelath avec quarante din. Dgelaledmille hommes. Les deux armées en vinrent aux mains, Afchraf & Alaeddin eurent la fupériorité, mais les Kharizmiens n'avoient pas pris la fuite. De part & d'autre on resta toute la nuit dans fes rangs, & l'on recommença le lendemain le combat; alors le Sulthan de Kharizme fut défait entiérement, & obligé de prendre la fuite après avoir perdu un nombre prodigieux de fes gens. Le refte fut fait prifonnier, & quelques-uns fe fauverent dans les montagnes de Trébifonde; quinze cens de ces derniers tomberent dans des précipices, & y perdirent la vie. Le Sulthan de Kharizme marcha nuit & jour vers Khortobret, où il arriva feul, de-là il prit le chemin de la Perfe, & s'arrêta à Khoi.

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Afchraf après cette victoire envoya un Ambassadeur au Sulthan de Kharizme, pour le prier de bien traiter les prifonniers qu'il avoit chez lui. Le Sulthan dit à l'Envoyé : Les prifonniers qui font entre les mains d'Aschraf, ne font que des efclaves, & ceux que j'ai faits fur lui, font des Rois & des Princes de fa famille; au refte, s'il souhaite la paix, j'y confens». Afchraf lui fit cette réponse: » Tous » mes pays ont été expofés à la fureur de vos foldats ; vous les avez ravagés, vous y avez commis toutes fortes de crimes, tout eft encore teint du fang que vous y avez répandu; avant que de faire la paix, il faut rendre les villes que vous avez prifes ; à l'égard des Rois que vous » avez faits prifonniers, mon frere Modgireddin yacoub eft le feul; je le regarde aujourd'hui comme mort; un grand nombre d'autres tiennent fa place; je loue Dieu de ce qu'il m'a donné une famille qui monte à plus de deux mille » braves cavaliers. Pour vous, qui n'avez point d'enfans, » vous ne laifferez après vous que des gens qui vous dé» tefteront ». On peut croire que de femblables reproches ne produifirent pas la paix; le Sulthan irrité fit tuer en fa préfence Ibegh, Gouverneur de Khelath, qui avoit été pris dans le dernier fiége.

20

Dgelaleddin, par fa mauvaise conduite, fe rendoit alors Aboulfedha

Apr. J. C. L'an 1229.

din.

Aboulfaradge. Aboulfedha

tares,

odieux à fes amis même, & il fut abandonné de tous fes voifins. Il fe comportoit alors d'une maniere à mécontenter Dgelaled- toutes les troupes. Il venoit de perdre un de fes favoris qu'il aimoit; il en eut un chagrin inexprimable, & pouffa la folie jufqu'à ordonner à tous les habitans de Tauris de prendre le deuil. Il ne voulut pas qu'on l'enterrât, & resta pendant plufieurs jours auprès de ce corps mort à fe lamenter & à fe donner des coups. Lorfqu'on lui portoit à manger, il en faifoit préfenter à cet efclave, & perfonne n'ofoit lui faire des remontrances. Plufieurs de fes Officiers quitterent son service, & le nombre de fes troupes diminua confidérablement. Dgiourmagoun novian, à la tête d'une armée de Mogols, paffa alors le Gihon, & entra dans les pays du Sulthan de Kharizme. Ce Prince orgueilleux fe trouva dans la néceffité d'implorer le fecours de ceux qu'il venoit de maltraiter. Il envoya des Ambaffadeurs au Khalif, à Afchraf, & à Alaeddin, Roi d'Iconium; il leur marquoit à tous que les Tardont on connoiffoit la férocité, s'avançoient avec une puiffante armée, qu'il avoit befoin de fecours; autrement qu'il feroit accablé qu'alors ils auroient eux-mêmes à combattre ces ennemis formidables, & qu'ils fuccomberoient à leur tour. On n'écouta point fes demandes, & on eut lieu de s'en re pentir. Telles font les fuites d'une jalousie, dont l'ennemi fçut profiter au défavantage de tous ces Princes. Dgelaleddin ne fut pas plus prudent; malgré le danger qui le me naçoit, il s'arrêta dans le Diarbekr, où il ne fongea quà fe réjouir, comme s'il eût été dans une paix profonde. Pendant que les plaisirs régnoient autour de lui, Baimas novian le vint attaquer tout-à-coup. La présence des Mogols ne put le retirer de fon affoupiffement. Il fe contenta d'ordonner à l'Emir Orkhan de raffembler fes troupes, d'amufer les Mogols jufqu'au matin, & de prendre une autre route que lui. Orkhan, suivi de quatre mille hommes, fe retira heureusement à Ispahan, dont il s'empara. Dgelaleddin, accompagné de trois efclaves, fe fauva vers Emed, où il ne put entrer; il alla enfuite dans un village proche Miafarekin; mais ayant été joint par les Tartares, il gagna les montagnes du Diabrekr habitées par des Kurdes, dont le mé

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