Et tu vois bien ce bois fi beau, fi fpatieux, Ne paroîtroit qu'un fejour ennuyeux, Et puis lorfque vers la tendrefle On fe trouve auffi porté, Que les Oiseaux de mon efpece, pour un cœur, fans l'amour point de felicité. Or pouvois-je chez vous en gouter les doux char mes Vous qui par vôtre exemple, & par vos entretiens; Des tendres cœurs décriant les liens, Infpirez encor vos allarmes A la jeune Beauté mife par vous au jour, Un Amant lui vient-il d'un air foumis, & doux, Découvrir en tremblant fon amoureux martire? Le quitte fans rien dire, en hauffant les épaules, J'enrageois de bon cœur de voir ainfi chez vous Hé, qui t'empêchoit de le fuivre, (Me direz-vous ici) t'avois-je pas donné Un Amant avec qui vivre ? Oui, le tour eft, ma foi, d'un efprit raffiné. Etoit de dégoûter mes jeunes fentimens De l'Amour, & des Amans. Et puis, ne tient-il qu'à dire : Vîte, aimez cet Amant qui vous aime aujourd'hui, Et pour lui d'abord on foupire ? 'Aime-t-on, ou par l'ordre, ou par les yeux d'autrui? Dans ces reflexions j'avois l'ame plongée, De divers foucis rongée, Quand un Zephir, fans doute envoyé par l'Amour, Que j'implorois chaque jour, Ebranle une fenêtre, & l'eut bien-tôt ouverte. Le murmure des clairs ruiffeaux, Jeune, & dit-on, d'un air charmant. De toutes fortes de noms Viennent de tous les environs. On me regarde, on m'examine. Ils me trouvoient certains airs fins, touchants, Et qu'ils convenoient tous que l'on n'a point aux champs. Je pris, fur leur loüange, une nouvelle audace, Je déploiai mes aîles à leurs yeux, Et par un vol ingenieux, Dans les airs auffi-tôt je trace Ces chiffres amoureux, ces cercles fi charmans, Qu'en un bal, avec tant de grace, Et par là je déplus beaucoup à quelques belles. Voiant fon Amant prendre goût Aux agrémens de ma perfonne, Me dit d'un ton malin: Bel oiseau de Paris, Montrez-nous quelque effai de vôtre voix mignonne, Da nouvel Opera n'auriez-vous rien appris ? Comme l'on fait, celles de mon efpece Savent mieux aimer que chanter; Et la Jalouse crut trouvant cette fineffe, Que ma voix alloit tout gâter. Mais je rabbatis bien fon caquet, & sa gloire. Je m'apprêtai, je pris mon ton, Un air, qui me vint en memoire, Un air tendre & touchant, que d'un genie aifé Vôtre fille en charmes feconde A nouvellement compofé. Que vous dirai-je enfin je ravis tout le monde. Surprise, & confuse à la fois, L'alouette en perdit la voix, Apprenant par cette avanture Qu'en moi vos foins heureux corrigeoient la nature. C'eft ainfi que je fçus des hôtes de ce bois Charmer & l'oreille, & la vûë, Et je n'y vêcus pas long-tems, fans faire choix 'D'un Amant qu'attache à mes loix Une ardeur fincere, affiduë.... Mais je fuis contrainte à finir. Adieu je l'apperçois venir. Vous A IRIS, Le jour de fa fete. Ous m'avez fait, Iris, une deffenfe expreffe D'ofer faire en ce jour éclater ma tendresse Par un leger prefent de fleurs. O Ciel il faudra que je voie Le bouquet d'un Rival superbe & plein de joye, Sur vôtre fein étaler fes couleurs. De quel chagrin mortel mon cœur fera la proye? Je ne vous verrai point, Iris, de tout le jour. |