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quel orgueil les (a) Stoiciens qui affec- CHAP. II.

(a) Eft aliquid quo fapiens antecedat Deum. Ille naturæ beneficio, non ・Suo fapiens eft..... Ecce res magna habere imbecillitatem hominis, fecuritatem Dei. Senec. Epift.

53.

Jupiter quo antecedit virum bonum? Diuus bonus eft. Sapiens nihilo Je minoris æftimat, quod virtutes ejus fpatio breviore clauduntur-...Deus non vincit fapientem felicitate, etiamfi vincit atase. Ep. 73.

pies.

(a) Le fage a un avantage au deflus de Dieu, Seneque eft plein de cess & cet avantage confifte en pensées imce que Dieu doit fa fageffe à fa nature, & non à fon choix, comme le fage..,.. Combien y a-t-il de grandeur à être auffi tranquille que Dieu au milieu des foiblefles humaines ?

Quel avantage a Jupiter au deflus de l'homme de bien il n'en a point d'autre que d'êttevertueux plus ong tems.. Mais le fage ne s'eftime pas moins que Jupiter queique fa vertu foit bor née par fa vie, & Dieux n'eft point plus heureux que le fage , quoiqu'il vive plus long-tems que lui.

Le fage voit avec la

Sapiens tam aquo animo omnia apud alios vi-même indifférence que det contemnitque quam Jupiter. Et hoc fe magis fufpicit, quod Jupiter uti illis non poteft, fapiens non ult. Ibid.

Sapiens, excepta mortalitate, fimilis Deo. Ibid. lib. de conftantia fapientis, c. 8.

,

Jupiter, & avec le mêre mépris les objets des paffions des hommes; mais le fage fent bien qu'en cela il eft fuperieur à Jupiter: car Jupiter mépri fe des biens dont il ne peut ufer, au lieu que le fage doit à fon détache. ment volontaire le mépris qu'il en fait.

Excepté que le fage eft mortel, il eft dans tout le refte égal à Dieu.

Je vous donne pour tout confeil d'avoir un

Jubeo te habere mentem bonam hoc eft propitios Deos omnes quos habet efprit fage & reglé: car placates & faventes, quif-c'eft avoir tous les Dieux

fe

CHAP. II. toient une vie plus pure que les autres comparoient à Dieu, comme étant auffi juftes que lui; ou fe préféroient même à lui, en ce qu'ils étoient devenus juftes par leur étude & par leur travail, au lieu que Dieu devoit fa juftice à fa nature & à la néceffité. Perfonne, disait (b) Cice

Voyez les Paroles de Ci

ceron, & les vers d'Horace dans la favante cenfure de Douai contre Lelus.

quis fibi fe propitiavit. I propices, que d'être fatisEp. 110..

(b) Virtutem nemo unquam acceptam Deo retulitz nimirum rectè. Propter virtutem enim jure laudamur, & de virtute rectè gloriamur: quod non contingeret, fi id donum à Deo, non à nobis haberemus. Cicero lib, de na-tura Deor. P. 253. edit. 165. Lutetiæ,

Num quis, quod bonus vir effet, gratias Diis egit unquam ? At quòd dives, quòd honoratus, quòd. incolumis: Jovemque optimum maximum ob eas res appellant . non quòd nos juftos, temperantes, fa pientes efficiat, fed quòd falvos, incolumes, opulentos, copiofos. Ibid.

Jadicium boc omniam

fait de foi, & de croite qu'on a fujet de l'être.

(b) Aucun homme: n'a jamais rapporté à: Dieu sa vertu comme l'ayant reçûë de lui: & en cela tous les hommes ont eu raifon : car c'eft avec juftice. qu'on nous loue. de notre vertu, & c'eft auffi avec juftice que nous nous glorifions d'être vertueux; & ces de x chofes nous feroient interdites fi notre veriu étoit un don de Dieu, & non l'effet de notre volonté.

,

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Y a t-il eu quelqu'un dans aucun tems qui ait rendu graces aux Dieux de ce qu'il étoit homme de bien? au lieu que c'eft l'ufage de les remercier des richeffes de l'honneur & de la fanté. Car c'eft pour ces fortes de biens qu'on donne à Jupiter les noms de trèsbun & de très-grand: c'eft parce qu'il nous donne la vie, la fanté, les richeffes, l'abondance, & non parce qu'il nous rend ju les, tempéraas & fages. C'eft le fentiment uni

ton, au nom de tous les Sages du Paganifme, ne s'eft avifé de demander aux Dieux la juftice & la vertu. Et le blafphême que nous lifons dans (c) Horace étoit la

mortalium eft, fortunam à Deo petendam, à fe ipLe fumendam fapientiam. Ibid.

Quamvis menti delubra, virtuti, fidei confecremus; tamen hac in nobis ipfis fita videmus.

lbil.

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(c) Quid fentire putas, quid credis amice precari? Sit mihi quod nunc eft, etiam minùs; ut mihi

vivam

verfel de tous les hom
mes qu'il faut deman-
der à Dieu tout ce qui ne
dépend pas de notre li
berté, & qu'on attribuë
à la fortune mais que
c'eft de notre propre
fond que la fagefle doit
venir.

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:

Quoique nous confa-
crions des temples à l'in-
à la vertu
telligence
à la fidélité, nous avons
néanmoins que ces biens
font à nous, & dans no-
tre pouvoir.

(c) Que croyez-vous,
cher ami, que je penfe,
& que je demande à Dieu?
Je lui demande qu'il me
conferve le bien que j'ai,
en lui permettant même
d'en diminuer que je
vive pour moi, dans ce
qui me refte de vie : que
pro-j'aie des livres & une
provifion qui fuffife pour
une année; afin que je ne
fois pas exposé un feul
moment à l'inquiétude.
Mais en ce dernier article
ma priere va trop loin;
car c'eft affez que je de-
mande à Jupiter la vie &
les richelles qu'il peut
ôter ou donner; & à l'é-
gard de la tranquillité
d'efprit, je fçaurai bien
me la donner à moi-mê-

Quod fupereft avi
fi
quid fupereffe volunt
Di:
Sit bona librorum
vifa frugis in annum
Copia: ne fuitem dubia
Spe pendulus hora.
Sed fatis eft orare Jovem,
qui donat & aufert.
Det vitam, det opes:
aquum mi animum ipfe
parabo.
Hort. 1. 1. epiftolarum,
epift. 18. ad Lollium.

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mc.

CHAP 111.

penfée de tous les hommes : que les biens CHAP. III. qui ne dépendent pas de notre liberté, font au pouvoir des Dieux; mais que l'homme n'avoit befoin que de foi-même pour de venir fage & tranquille.

6. Il n'y a donc rien dans les malédictions prononcées & acceptées par le peuple d'Ifraël, qui ne convienne aux Ĝentils. Il s'agit de la loi naturelle, qui eft commune à toutes les nations. Il s'agit du châtiment que méritent ceux qui la violent, & qui eft inévitable pour le Gentil, auffi-bien que pour le Juif. Il s'agit d'une alliance où le Gentil feroit entré avec le même orgueil, la même confiance en fes forces, la même ignorance de sa corruption & de fa foibleffe, que le Juif. Il s'agit des malédictions que le Gentil auroit prononcées avec la même fécurité que le Juif; & qu'il a méritées par cette difpofition, qui ajoutoit à fes crimes un orgueil qui le rendoit encore plus digne d'être févérement puni. Enfin il s'agit d'une loi pleine d'anathêmes contre ceux qui la violent, quoiqu'elle foit indifpenfable; & qui la violent, étant perfuadez qu'ils trouvent en eux-mêmes tout ce qui eft néceffaire pour l'obferver, fans avoir besoin du fecours de Dieu, & fans avoir befoin de lui être réconciliés par un Médiateurqui lui foit égal. Tout cela eft commun aux Gentils & aux Juifs ; & par conféquent toutes les malédictions portées par cette loi leur font communes, Ainfi la difficulté proposée n'a plus de lieu..

§. V. L'orgueil des Juifs & des Gentils confiftoit en ce que les uns comme les autres avoient la présomption de croire que par leurs propres forces, fans la grace du Médiateur, ils pouvoient faire le bien. J ESUS CHRIST les a rachetés de cette malédiction, en fe faifant lui-même malédiction.

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CHAP. III.

1. CEs vérités qui font déja claires, deviendront encore plus évidentes, en entrant plus avant dans la doctrine de faint Paul, qui eft également fublime & profonde. Ceux, dit ce grand Apôtre, qui" Gal. 3.9.145 s'appuient fur la foi; c'eft-à-dire, qui n'attendent leur juftice que de Dieu, & qui ne l'efperent qu'à caufe de la foi qu'ils ont en J. C., font bénis avec le fidele A- " braham; car tous ceux qui s'appuient fur les œuvres de la Loi, font dans la malé ce diction, puifqu'il eft écrit: Malédiction « Jur tous ceux qui n'obfervent pas tout ce qui eft preferit dans le Livre de la Loi. Et il eft « clair que nul n'eft juftifié devant Dieu Сс par la loi puifque felon l'Ecriture, le juste vivra par la foi. Or la loi ne marque aucun rapport à la foi : mais elle dit fimple- ce ment: Celui qui obfervera ces préceptes, y trouvera la vie. Mais J. C nous a ra- Paul: Lex anchetés de la malédiction de la loi, s'étant « tem non cx firendu lui-même malédiction pour nous, de: fed qui fe felon cerit ea qu'il eft écrit: Maudit eft celui qui vet in illis.. eft pendu au bois afin la bénédiction que donnée à Abraham fût communiquée aux «< Gentils en J. C. & que nous reçuffions par la foi le faint Efprit qui avoit été pro

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* C'eft ainfi

qu'il faut tra

duire ces paroles de faint

Gal. 3.9.

vi

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