Vierges pour le garder; mais Denis d' Halicarnafse prétend tout le contraire; & dit que Romulus se contenta de consacrer un foyer dans chaque Curie ou quartier, & qu'il n'avoit garde d'en établir un public, par le ressentiment qu'il devoit avoir de l'affront qu'avoit reçu sa mére pendant qu'elle étoit Prêtresse de cette Déesse, & qu'une preuve convaincante que Romulus n'étoit point le fondateur du Temple de Vesta, étoit que ce Temple, qui auroit dû être au cœur de l'ancienne Ville qu'il avoit bâtie, se trouvoit hors de fon enceinte. Ovide attribue cet établissement à Numa. ... Cumflamma custos urbe recepta dea eft Regis opus placidi, quo non metuentius ullum Numinis ingenium terra Sabina tulit. Le Temple de Vesta étoit de forme ronde, comme on le voit par les Médailles, pour marquer la rondeur de la terre. Les hommes n'y pouvoient entrer que de jour; encore ne leur étoit. il pas permis de pénétrer dans son in térieur. Sacra vir intrabo, non adeunda viro. Il n'y avoit point de Statue de la Déeffe dans son Temple. Ignis inextinctus Templo celatur in illo: Effigiem nullam Vesta nec ignis babent. Pour ce qui est des Vestales, c'étoient de jeunes filles que l'on prenoit depuis fix ans jusqu'à dix pour être les Prê tresses de cette Déesse. Numa n'en institua d'abord que quatre : le vieux Tarquin en ajoûta deux autres. Elles étoient obligées par leur institution à garder leur virginité, au moins pendant tout le tems que duroit leur fervice: après cela elles se marioient fi elles vouloient ou fi elles pouvoient, car ce service étoit de trente ans. Quand il y avoit une place vacante dans le Collége des Vestales, & qu'il ne s'en préfentoit aucune volontairement pour la remplir, on prenoit vingt filles, faines de corps & d'esprit, de famille Patricienne ou Plébéïenne indifféremment, pourvû qu'elles fussent de condition libre, tant du côté maternel que paternel, & que leurs parens n'éxerçassent aucun emploi fordide; (car il falloit qu'elles euffent pére & mére, & qu'elles fussent encore sous leur puif sance) ensuite on en tiroit une au fort, & le souverain Pontife se saisissoit de celle-là, & la consacroit à Vesta, par une formule qu'on peut lire dans A. Gelle. Les seules filles de Flamine, d' Augure, de Septemvir, de Quindecimvir, étoient éxemptes d'entrer parmi les Veftales. Dès 30 ans dont je viens de parler, elles en passoient dix à apprendre leurs devoirs, dix à les pratiquer, & les dix derniers à en instruire les novices. Leurs fonctions confiftoient en trois choses ; à veiller, à garder, à sacrifier: veiller à la garde du Feu sacré, qu'on appelloit aussi éter nel, parcequ'il ne devoit jamais s'é teindre; s'il s'éteignoit, malheur à la Vestale par la faute de qui cet accident arrivoit; car les Romains regardoient cela comme un des plus finistres présages, & il n'y alloit pas moins que du fouet pour la Vestale négligente. Garder le gage secret de l'Empire : qu'étoit-ce que ce gage secret? Ilya trois opinions là-dessus; les uns disent que c'étoient les Dieux de Samothrace transférez à Troye par Dardanus, & en Italie par Enée ; les autres le vérita ble Palladium apporté de Troye par le même Enée ; & d'autres enfin deux petits tonneaux de même forme, dont ils prétendent que l'un étoit plein de quelque chose qu'on ne sçait pas, & l'autre vuide: mais à vrai dire on n'a fur cela que des conjectures. Sacrifier étoit leur occupation la plus ordinaire, & c'est dans cette action que les Ve stales sont communément répréfentées sur les Médailles. Les priviléges des Vestales étoient de pouvoir tester avant l'âge & du vivant de leurs péres, & de faire fans être autrement autorisées, tout ce qui étoit permis aux femmes qui avoient trois enfans, d'être précédées par un Lifteur, de délivrer les criminels qui avoient le bonheur de les trouver sur leur chemin quand on les conduisoit au supplice, d'être portées en litiére par les rues, d'avoir des places diftinguées aux speCtacles, de prendre la place d'honneur fur tous les Magistrats, même les Confuls, & d'avoir leur sépulture dans Rome. V. Juste-Lipse de Vesta & Vestalibus. 52. Le peuple doit toujours avoir befoin de l'aveu des Grands. ] Le Gouvernement de Rome étoit devenu pref. 1 que oligarchique, par la part qu'on avoit donnée aux Plébéïens dans les dignitez. Le moyen de rétablir les choses sur l'ancien pied eût été de confier aux Patriciens seuls les dignitez de la Religion: ils se seroient consolez après cela de la nécessité de partager les autres avec le bas peuple. 53. Interpréter les prédictions.] Depuis le tems des Tarquins jusqu'à l'an de Rome 388, il y eut des Duumvirs pour confulter les Livres des Sybilles dont ils avoient la garde, pour les interpréter, en faire leur rapport au Sé nat, & fatisfaire à ce que les Dieux demandoient par ces oracles. Depuis ce tems-là jusqu'à Silla, ils furent dix sous le nom de Decemvirs. Silla augmenta leur nombre de cinq dont la dignité subsista jusqu'au régne de Theodose le Grand. 54. Augures.] Romulus institua trois Augures; Serv. Tullius, selon quelques-uns, en ajoûta un quatriéme. Les seuls Patriciens furent admis à cette dignité jusqu'au tems que les Tribuns Q. Cn. Ogulnius obtinrent à toute force qu'il y en auroit desormais neuf, & que cinq feroient pris d'entre le peu |