Apr. J. C. deur au Khalif Moctadi, pour engager ce Chef de la ReliIn 193. gion Musulmanne à le reconnoître Sulthan, & à le proToutoufch clamer en cette qualité fur les tribunes des Mofquées de Aboulma Bagdad. Le Khalif répondit qu'il ne confentiroit à lui donner hafen. le titre de Sulthan, que lorfqu'il le verroit maître d'Ifpahan, Aboulfedha Elmacin. du Khorafan & de l'Orient en général, & que dans le cas Benelathir. où Malek fchah ne laifferoit pas d'enfans pour lui fuccéder. , Si cette réponse n'étoit pas fatisfaifante, il n'en fut pas de (a) Fils de Coraïsch, fils de Badran, de la Tribu des Ocailites. (b) Fils de Mouflim, fils de Coraïfch, fils de la tante de Toutoufch. Toutoufch affoibli par la défertion d'Ac-fancar, fut obligé de revenir promptement dans la Syrie, où les armées d'Egypte faifoient Apr. J. C. le ravage dans les environs de Sour. Cette ville, qui vraifemblablement étoit rentrée fous la domination de Toutousch, fut reprise. Aboulfedha Benelathir. Elmacin. nah. Toutoufch de retour dans fes Etats, raffembla (a) de L'an 1094. nouvelles armées pour réfifter aux troupes que le fulthan boleh Barkiaroc envoyoit de Perfe, fous la conduite de l'Emir AboulmaKerboga, & à celles qu'Ac-fancar avoit levées dans Alep. in. hafen. Toutes ces troupes vinrent camper fur le bord de la rivière Benfchoude Sebain, proche Tell-fulthan à fix parafangues d'Alep. name ComIl y eut un combat, pendant lequel une partie de l'armée wène. d'Ac-fancar déferta, & alla se joindre à celle de Toutousch. Par-là, les autres troupes d'Ac-fancar furent obligées de plier, & Ac-fancar qui vouloit les rallier fut fait prifonnier. Toutousch le fit mourir (b), de même que Cazan (c), & s'empara de leurs pays; c'eft-à-dire, d'Alep, de Harran & de Roha. Kerboga qui avoit auffi été fait prifonnier, fut renfermé à Hemeffe. Alors toute la Méfopotamie, le Diarbekr, Khelath, Hamadan rentrerent fous la domination de Toutousch & le Khalif Moftadher billah, confentit à faire la priere publique en fon nom dans la ville de Bagdad, qui étoit le centre du Musulmanisme. Auffi-tôt que Barkiaroc eût appris que fon oncle Toutousch s'étoit rendu maître de l'Adherbidgiane, il partit pour Arbel, d'où il marcha vers fon ennemi. Il n'avoit avec lui que mille foldats, qui furent bientôt mis en déroute par l'armée de Toutoufch, qui montoit à cinquante mille hommes. Barkiaroc fe fauva à Ispahan, laiffant fon oncle maître de l'Adherbidgiane. Ce dernier ravagea le pays, & marcha vers Rei. Barkiaroc qui avoit raffemblé de nouvelles troupes, le vint attaquer proche de cette ville, & Toutousch (d) fut tué dans le combat. Avant cette action Toutousch L'an 1095 avoit envoyé à Bagdad un de fes Emirs nommé Youfouf (e), (a) L'an 487 de l'Hegire. (b) Acfancar fut tué dans le mois Dgioumadi elaoual. (c) Anne Comnène, qui parle de cet événement, donne à cet Emir le nom de Puzan. Du refte elle paroît peu inftruite (d) Dans le mois Sepher de l'an 488. Apr. J. C. pour y faire la priere publique en fon nom. Youfouf s'amusa à ravager les environs, & dans le tems qu'il alloit entrer Toutoufch dans cette ville, il apprit la mort de fon Maître; alors il fe retira à Alep. L'an 1095. Redouan. Dekak. Toutoufch laiffoit deux enfans, Redouan & Dekak (a); ce dernier avoit fuivi fon pere dans l'Adherbidgiane. Redouan étoit à Damas, où il fe préparoit à porter la guerre dans l'Eraque. Il fe rendit promptement à Alep, où commandoit un Emir Karifmien, nommé Aboulcaffem Haffan. Tous les Emirs de Toutoufch & Dekak lui-même vinrent fe rendre auprès de Redouan. Il y avoit encore dans cette ville Abou thaleb & Bahram, deux autres enfans de Toutousch. Redouan fit beaucoup de careffes à l'Emir qui étoit maître d'Alep, il obtint par fes follicitations qu'il feroit reconnu Sulthan, & que l'on feroit dans cette ville la priere publique en fon nom. Après s'être ainfi affûré d'Alep, Redouan (6), furnommé Phakhrelmoulk, marcha accompagné de Baghi-fian, Emir d'Antioche dans le Diarbekr. Il avoit deffein d'aller prendre Saroudge; mais Sokman, fils d'Ortok, s'en étoit déja emparé; alors il fe faisit de Roha, qu'il donna à Baghi-sian mari de fa mere. Redouan ne tarda pas à fe brouiller avec cet Emir, qui fe retira auffi-tôt dans fa Principauté d'Antioche, fuivi de l'Emir Aboulcaffem Haffan, & Redouan rentra dans Alep. Un nouvel ennemi plus redoutable parut alors, & enleva à Redouan la moitié de fes Etats. Un Mameluk, nommé Saoutghin, qui commandoit dans Damas, engagea fécretement Dekak, frere de Redouan, à venir prendre poffeffion de cette ville. Celui-ci partit auffi-tôt d'Alep, échappa heureusement aux troupes de fon frere qui le pourfuivoient, & fe rendit à Damas, dont il prit poffeffion. Il fut furnommé Schams el moulouk. Il confia tout le gouvernement de ce petit Etat au Mameluk, auquel il en avoit l'obligation; mais quelque tems après il le fit mourir, & donna fa place à un autre Mameluk, nommé Thoghteghin, qui avoit été autrefois attaché au service de Tous (a) Quelques Hiftoriens Arabes le nomment Docmak. Il étoit furnommé Abounafr fchams el moulouk. (b) Albert d'Aix le nomme Brodoan. toufch, & qui l'avoit accompagné dans le combat, où ce Prince avoit été tué. Alors le Turkoman Baghi-fian, Emir L'an 1095 Apr. J. C. d'Antioche, & Aboulcaffem Haffan fe déclarerent en faveur Redouan. de Dekak, & fe rendirent à Damas, où Aboulcaffem Haffan fut fait Grand-Vizir. Dekak Redouan étoit alors follicité par les Egyptiens de reconnoître Mostaali en qualité de Khalif, & de le nommer au lieu du Khalif des Abaffides dans la priere publique, & il y avoit confenti; le Khalif s'étoit engagé à lui fournir des fecours pour recouvrer Damas que fon frere venoit de quitter, pour aller faire des courfes avec fon armée fur les Côtes maritimes. Redouan partit accompagné de Baghi-fian, Emir d'Antioche, qui étoit venu fe joindre à lui, & forma le fiége de la ville. Mais les habitans fe défendirent courageufement, & une pierre lancée par une machine, ayant atteint un des Principaux de l'armée de Redouan, ce malheur rallentit le courage des troupes, Dekak eut le tems de venir au fecours, & Redouan décampa, irrité de ce que le Khalif d'Egypte ne lui avoit pas envoyé les troupes qu'il lui avoit promises; il ceffa de faire la priere publique en fon nom, & la rétablit au nom des Abbaffides. Il voulut enfuite fe dédommager fur Jérufalem qui appartenoit aux Ortokides; mais il ne fut pas plus heureux, & il fut obligé de s'en retourner (a) à Alep. Baghi-fian le quitta pour aller faire contre L'an 1096. lui un traité avec Dekak. Ces deux Princes vinrent auffi-tôt attaquer Redouan qu'ils rencontrerent proche Kennaserin ; mais Dekak ayant été battu fe vit forcé de permettre que l'on fît la priere publique au nom de fon frere dans Damas. Dans ce tems le bruit fe répandit dans tout l'Orient que les Francs () s'avançoient dans le deffein de fe rendre maî- Zonare. tres de Jérufalem. Cette ville venoit d'être enlevée l'année Jacques de précédente aux Ortokides par les Egyptiens; Sokman fils Guillaume d'Ortoc s'étoit retiré à Roha, & fon frere Ilghazi à Bagdad. Les Chrétiens après avoir pris Nicée & traversé l'Afie mi- Chartres. neure, entrerent dans le territoire d'Antioche. Godefroy de Bouillon, Boëmond, Raimond, Robert Comte de Flandres, (a) L'an 489 de l'Hegire. (b) L'an 490 de l'Hegire. L'an 1097 Vitry. Foulques de de Tyr. Albertus Aquenfis. L'an 1097. Raimond corum. hafen. vinrent à Maraích, ou Marésie, que les Turcs évacuerent Apr. J. C. auffi-tôt. Robert Comte de Flandres alla se préfenter enRedouan. fuite devant Artéfie, (a) ville très-fortifiée, & munie de Dekak. toutes fortes de provifions. A l'approche des Francs, les Baldericus habitans qui étoient Arméniens, tuerent la plus grande partic d'Agiles. des Turcs de la garnifon, & ouvrirent leurs portes. AuffiGefla Fran- tôt que la nouvelle de la prise d'Artéfie eût été portée à AnSanut. tioche, les Turcs qui étoient dans cette ville fe mirent sous Aboulma- les armes, dans le deffein d'aller la reprendre; ils tinrent Aboulfedha cette place affiégée pendant une journée, mais ayant été Elmacin. repouflés dans une embuscade qu'ils avoient dreffée contre les Chrétiens, ils s'en retournerent à Antioche, que tous les Princes Croisés réunis, se disposoient à affiéger. Robert Comte de Normandie fut envoyé à la tête de quelques troupes pour ouvrir les paffages & s'emparer d'un pont qui étoit sur l'Oronte. Il y avoit fur le bord de la riviere fept cens hommes de cavalerie que Baghi-sian (6) Emir d'Antioche avoit envoyés pour foutenir les troupes qui étoient dans les tours du pont; le Comte de Normandie fut obligé de leur livrer un combat. Il n'avoit pas encore forcé ce paffage que toute l'armée Chrétienne arriva; les Turcs prirent la fuite, & les Croifés pafferent en foule, les uns fur le pont, les autres par les gués qu'ils rencontrerent, & toute cette grande armée vint camper à cinq ou fix milles d'Antioche. Baghi-fian sc voyant attaqué de tous côtés par les Chrétiens, envoya demander promptement du fecours au Khalif de Bagdad & au Sulthan de Perfe; il remplit la ville de toutes les provisions néceffaires, ruina les environs, & fe mit en état de foutenir un fiége. Il y avoit dans la Place fix ou fept mille hommes de cavalerie & quinze ou vingt mille d'infanterie. Tous les Princes voifins, Redoan Roi d'Alep qui avoit de nombreuses armées, Dekak fon frere Roi de Damas & d'une grande partie de la Syrie, (c) Pulaït, un des plus puiffans Turcs qui habitoit proche l'Euphrate, un Emir appellé Amaza, (a) Guillaume de Tyr dit que cette ville étoit encore appellée Calquis, & que, de même que Maréfie, elle étoit Luffragante d'Antioche. (b) Guillaume de Tyr le nomme Ac xian; Albert d'Aix, Darfian; Foulques de Chartres, Gracian. (c) Ce nom & celui des autres Emirs font corrompus. |