Plus les moïens auroient parû efficaces felon nous, plus ils auroient caché la main qui les eût emploïés. Il faloit pour notre bien que les obftacles fuffent choifis, & convertis enfuite en moïens. Il falloit que la Croix & l'ignominie, capables par elles-mêmes de révolter tout le monde, euffent la vertu de le foumettre, & de le rendre fidéle. Il falloit que les Apôtres n'euffent rien de ce que le monde admire, ou craint, ou efpere, & que ce fût précifement parce qu'ils n'avoient rien de tel, qu'ils en devinffent les maîtres. Il falloit que tous les obftacles concouruffent du côté du monde, pour s'opposer à l'Evangile, autorité, ménaces, tourmens, fageffe humaine fauffes vertus, moleffe, délices, athéïfme, dégoût de la vérité, horreur de la Croix, mépris des Prédicateurs & de leur doctrine: & que tous ces obftacles cédaffent à la vertu fecrette de l'Evangile, & à la foibleffe apparente de ceux qui l'annonçoient. Il falloit que la Religion étant divine, & ne pouvant avoir que Dieu feul pour auteur, elle n'eût auffi que lui pour protecteur & pour témoin. Lui feul étoit digne de lui rendre témoi IV. gnage, & de la faire refpecter. Il n'ap- CHAPITRE partenoit qu'à lui de la prouver, & de la marquer de fon fceau. Et jamais il ne l'a fait d'une maniere plus augufte & plus digne de lui, qu'en réfufant tout ce qui eût pû obfcurcir fa prefence & fa majefté, & en n'employant que des hommes foibles, & perfuadés qu'ils l'étoient, pour un ouvrage infiniment au-deffus de toute la fagefle & de toute la force des hommes, & auquel ils ne pouvoient utilement concourir que par l'aveu de leur néant, & par la notorieté de leur impuiffance. ARTICLE VII. Force invincible de la démonftration fondée fur le plan & le deffein de Jesus-Chrift fur les moyens qu'il a choifis, fur fes prédictions contraires en tout à la vraifemblance, & fur les évenemens qui les ont pleinement juftifiées. Quel moïen après cela de refuser de le voir, lorfqu'il a pris tant de précautions pour empêcher qu'on ne vît autre chofe que lui? Niera-t-on la converfion du monde ? L'attribuërat-on à d'autres Miniftres qu'aux Apôtres ? Feindra-t-on dans les Apôtres PARTIE IV. des qualités éminentes felon le fiecle? Et croira-t-on par-là rendre moins certain ce que des hommes bien inftruits & contemporains, & pleins d'ailleurs, ⚫ comme on le fuppofe, d'un rare merite felon nos idées, ont attefté, & même fcellé de leur fang? Refufera-t-on de reconnoître le fiécle d'Augufte & de Tibere dans la peinture qu'on en a faite, ou fe perfuadera-t-on qu'il y avoit alors dans la plupart des efprits d'heureufes difpofitions parmi les Grecs & parmi les Romains, pour adorer comme un Dieu un Juif crucifié à Jerufalem par fes Citoïens, & condamné par tous les Tribunaux ? Combien eft-il plus jufte de rendre gloire à Dieu & à Jesus-Christ son Fils unique,dans des évenemens qui portent fi vifiblement le caractere de leur puiffance? Et combien doit-on s'eftimer heureux de ce qu'il leur a plû nous rendre la foi fi facile & fi raifonnable, qu'il faut faire violence aux fentimens naturels de fon efprit & de fon cœur, pour réfifter aux preuves qui la démontrent ? car on ne fçauroit défavouer que tout paroiffoit impoffible dans le deffein & dans le plan de J. C. pour convertir toute la terre; que les moïens qu'il avoit rien choifis, y étoient des obstacles; que n'étoit moins vraisemblable que fes prédictions, que le fuccès a néanmoins exa&tement répondu à fes prophéties:& que ces quatre chofes prouvent invinciblement qu'il eft Dieu, parce qu'elles prouvent qu'il a tout prévû & qu'il a tout fait. CHAPITRE IV. CHAPITRE V. La doctrine de Jefus - Chrift inftruit feule tous les hommes de toutes les verités néceffaires au falut. La morale de Jesus-Chrift apprend feule à l'homme les moïens de faire fervir fa bassesse presente au rétablissement de fa grandeur paffée. CHAPITRE VII. Les mysteres de Jesus-Christ font tellement au-deffus de la raifon, qu'avant leur accompliffement perfonne n'auroit pû s'en former l'idée, mais après le fuc 88 Principes de la Foi Chrétienne. cès tous paroiffent ordonnés par une profonde fageffe. CHAPITRE VIII. Caractéres de la vraie Eglife, telle qu'elle a été fondée par Jefus· Chrift: fa difference d'avec la Synagoge: on eft averti de quitter l'une, & il est défendu de quitter l'autre : il faut demeurer uni à la fucceffion à laquelle on eft obligé de revenir, pour remonter jufqu'aux Apôtres, & jufqu'à Jesus-Christ. CHAPITRE IX. Les doutes, ou même l'incrédulité, ne viennent que de ce qu'on n'envifage pas le plan de la Religion tout entier, & de ce qu'on ne fait attention qu'à une circonftance, qui paroît une difficulté, & qui cauferoit de l'admiration fi on la voyoit à fa place, CHAPITRE X: Récapitulation, exhortation, ac tion de grace. |