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Triomphes fuperieures au Bafte, je ferois obligé de le mettre, parce que, comme nous avons dit, le fuperieur force l'inferieur.

Remarquez cependant, qu'il faut que ce foit le premier qui joue le Matador fuperieur pour forcer l'infe

rieur.

Car, par exemple, fi je fuis dernier en carte & que j'aye le Bafte feul, fi le premier joue à-tout du Roi, & que le fecond mette Efpadille fur le Roi, je ne fuis pas obligé de mettre le Bafte, parce que Efpadille n'a point été joüé par le premier.

Quand je dis par le premier, je n'entends pas le premier en carte; mais celui qui joue après avoir fait la levée der

niere.

Un autre privilege des Matadors, est d'être payez d'un Jetton quand on les joue fimples, ou de deux quand on les joue doubles, comme nous l'expliquerons plus amplement..

Mais pour être payez, ils faut qu'ils. foient tous les trois dans la main de cet lui qui joue, autrement ils ne fe payen point.

Autrefois l'Hombre les payoit quand il faifoit la Bête, & que les trois Matadors étoient dans la main de l'un des

deux autres; mais cela n'eft plus en ufage.

Si l'Hombre gagne avec les trois Matadors, il fe les fait payer; s'il perd, il les paye aux autres. Ce Privilege fe communique à toutes les autres Triomphes qui font de fuite, & ces Triomphes ufurpent alors le nom de Matadors: Ainfi celui qui a les quatre premieres Triomphes, fe fait payer quatre Matadors; s'il a les cinq premieres, il en fait payer cinq; & ainfi des autres à proportion, jufqu'à neuf : mais il faut pour être payez, que les Triomphes foient de fuite.

De la maniere de difpofer le feu.

Il faut d'abord compter pour chacun des Joueurs vingt Jettons & neuf Fiches, & se souvenir que chaque Fiche vaut vingt Jettons & s'appelle Cent.

Il faut enfuite convenir de la valeur de chaque Fiche : fi elle vaudra cinq, dix, vingt, trente fols, ou plus ou moins; & c'eft ce qu'on appelle jouer aux cinq, aux dix, ou aux trente fols le Cent.

Après quoi il faut tirer les places; ce qui fe fait en mettant aux trois places où font comptez les Jettons, rois cartes de differentes couleurs, & en pre

nant trois des mêmes couleurs, que l'on fait tirer au fort aux trois Joueurs ; & chacun fe place à la couleur qu'il a tirée.

Il y avoit autrefois des ceremonies très incommodes, chacun fe déferant l'honneur de tirer le premier dans les trois cartes que l'on prefente; mais on les a fupprimées : & l'ufage eft que celui qui eft entré le dernier dans la Chambre, tire le premier.

On ne laiffe pas encore de faire quelquefois quelques complimens; mais cela ceffe dès le moment qu'on allegue la loi de tirer le premier quand on eft entré le dernier.

Chacun ayant tiré & s'étant mis à fa place, on regarde à qui fera ; & pour cela on tourne une carte au milieu de la Table, après quoi en diftribuant aux trois Joueurs des cartes tournées l'une après l'autre, celui qui a la plus haute de la couleur de celle qui eft au milieu de la Table, eft celui qui fait.

Il y a fi peu de defavantage à faire d'abord, que les Meffieurs fe font ordinairement honneur de fervir les Dames. Mais quand il y a deux Dames & un homme, l'ufage eft que les Dames fervent l'Homme.

De la maniere de donner les Cartes.

Nous avons dit que chacun des Joueurs doit avoir neuf Fiches & vingt Jettons avant de donner : on marque le Jeu, en mettant chacun trois Jettons devant foi, & deux à chaque fois que l'on paffe ; & l'on appelle cela jouer trois & deux. Autrefois on ne mettoit devant foi que deux Jettons chacun, & un chaque fois qu'on paffoit; mais cela ne fe pratique plus: cependant il y en a encore qui ne mettent qu'un Jetton à chaque Paffe, & cela s'appelle jouer

aux trois & un.

Chacun des Jettons qui marquent le Jeu, en vaut trois : & cette maniere abregée de marquer, eft afin que l'on voye plus facilement fi tous ont bien marqué.

Le Jeu étant marqué, celui qui doit faire, bat les Cartes, fait couper celui qui eft à fa gauche, & les donne trois à trois, jufqu'au nombre de neuf que chacun doit avoir.

Il n'eft pas permis de donner les Cartes autrement que trois à trois; & fi on les donnoit d'une autre maniere, par mégarde ou autrement, le coup eft nul, & celui qui a fait doit refaire.

Si les trois paffent, on en remet cha

cun deux devant foi; & cela autant de fois que l'on paffe.

Enfin, s'il fe trouve que le premier en Carte a beau jeu, il demande aux autres: Jouez-vous fans prendre? (nous fuppofons ici que les autres n'ont pas de jeu) ils répondent que non.

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Après quoi il fait son écart, & écarte trois, quatre, cinq ou fix Cartes felon le jeu qu'il a: il prend le Talon à la droite de celui qui fait, met à la place les Cartes qu'il écarte, nomme la couleur en laquelle il veut joüer, prend dans le Talon autant de Cartes qu'il en écarte, & remet le reste du Talon au milieu de la Table: d'où le Joueurqui eft après celui qui fait jouer, prend également du Talon tel nombre de Cartes qu'il juge à propos, après en avoir écarté de fon jeu autant; & enfuite s'il en refte au Talon, celui qui eft à la gauche de l'Hombre, prend toutes ou tel nombre qu'il veut des Cartes qui restent, en ayant comme les autres écarté auparavant pareil nombre qu'il en prend.

Il doit, s'il en laiffe après les avoir vûës s'il veut, & montrées aux deux autres Joueurs, ou fans les avoir vûës, les mettre avec fon écart fur le refte des Cartes qui doit être à la droite de celui

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